COLLOQUE
Réconcilier sciences et spiritualité pour réenchanter le monde
Audrey Fella - publié le 28/01/2016
Le 9 janvier, le colloque international « Science et Connaissance, de la matière à l’Esprit » organisé par l’Université interdisciplinaire de Paris a réuni scientifiques, philosophes, théologiens et responsables religieux pour établir des ponts entre la science et la spiritualité.
Après une introduction de Jean-François Lambert et Jean Staune – respectivement président et secrétaire général de l’Université interdisciplinaire de Paris – qui ont rappelé les enjeux d’une approche du réel non réduite à une vision matérialiste et l’importance des liens entre les savoirs, des scientifiques ont exposé les grandes découvertes des XXe et XXIe siècles, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, concernant le fonctionnement de l’univers, la nature de la vie et de la conscience, et leurs implications métaphysiques.
Emmanuel Ransford, chercheur en physique quantique, a présenté sa théorie des particules élémentaires qui auraient une dimension à la fois matérielle et immatérielle, dévoilant un autre aspect de la matière (holomatière) et expliquant la nature de notre conscience. Mario Beauregard, spécialiste en neurobiologie, a soutenu la thèse que l’esprit et la conscience ne sont pas simplement le résultat de processus électrochimiques situés dans le cerveau. S’appuyant sur l’influence des pensées, des sentiments et des émotions, sur la pratique de la méditation et les expériences de mort imminente (EMI) sur le cerveau, il a développé une approche plus large de la conscience, base d’un nouveau paradigme « post-matérialiste » vital pour l’évolution de la civilisation humaine. Michael Danton, biochimiste, a exposé son approche non réductionniste (1) et non fonctionnaliste (2) du vivant, contraire à la théorie évolutionniste de Darwin, montrant par là que la nature est mue par un ordre universel (qui n’a pas bougé depuis des millions d’années) et particulier selon les espèces, et que l’homme n’est pas une « machine vivante », mais bien une « conscience ».
L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan a poursuivi avec une étude de la genèse des galaxies, prônant une cosmologie moderne encline à « réenchanter le monde ». Rappelant que 96 % de l’univers sont encore inconnus de l’homme, il a insisté sur la beauté, l’harmonie et l’unité de celui-ci, réfutant la possibilité du hasard de l’existence de notre galaxie et de la vie sur Terre. « L’homme est poussière d’étoiles. Il est interdépendant du cosmos, de la Terre et de toutes les autres espèces vivantes. L’univers a été réglé de façon extrêmement précise pour l’apparition de la vie et de la conscience », a-t-il déclaré.
L’incomplétude, une chance
Philippe Clayton, philosophe et théologien, a enchaîné sur la possibilité d’une synthèse entre les sciences et la religion au XXIe siècle, rappelant que l’homme n’est pas limité à ce qu’il voit avec ses yeux, et que l’esprit précède, suit la vie, qu’il émerge dans la matière et y opère depuis toujours. Le théologien Thierry Magnin a renchéri sur la possibilité des quêtes scientifiques et religieuses de se rejoindre. Il a développé l’idée que l’incomplétude partagée du physicien et du théologien est une chance pour chacun d’eux afin d’« accueillir la réalité comme quelque chose qui résiste à leurs représentations », les enjoignant à « accepter leur incomplétude dans leur compréhension » de cette réalité, à « construire du sens sur fond de non-sens apparent », à « s’ouvrir à l’altérité fondamentale » et ainsi « entrer dans le sens du mystère ».
Pour conclure, le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie soufie Alawiyya, Kenny Matampash, représentant de la culture massaï du Kenya, Swami Veetamohananda, directeur du centre védantique Ramakrishna de Gretz, et Eric Julien, fondateur de l’association Tchendukua-Ici et Ailleurs, qui soutient les Indiens kogis, se sont rassemblés autour d’une table ronde pour rappeler les valeurs et les principes fondamentaux sur lesquels « construire » et « vivre ensemble ». Ils ont insisté ensemble sur la nécessité de rétablir le lien entre l’homme et la nature, le dialogue entre les sciences, les religions et les traditions, pour inciter la société en crise à s’ouvrir à de nouvelles perspectives.
Autant d’exposés et de témoignages de tous horizons qui souhaitaient montrer que l’interdisciplinarité est une clé pour aller vers de nouveaux paradigmes, proposant une nouvelle vision réenchantée du monde et de l’homme, et réconciliant la science et la spiritualité.
http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/reconcilier-sciences-et-spiritualite-pour-reenchanter-le-monde-28-01-2016-5250_110.php
Réconcilier sciences et spiritualité pour réenchanter le monde
Audrey Fella - publié le 28/01/2016
Le 9 janvier, le colloque international « Science et Connaissance, de la matière à l’Esprit » organisé par l’Université interdisciplinaire de Paris a réuni scientifiques, philosophes, théologiens et responsables religieux pour établir des ponts entre la science et la spiritualité.
Après une introduction de Jean-François Lambert et Jean Staune – respectivement président et secrétaire général de l’Université interdisciplinaire de Paris – qui ont rappelé les enjeux d’une approche du réel non réduite à une vision matérialiste et l’importance des liens entre les savoirs, des scientifiques ont exposé les grandes découvertes des XXe et XXIe siècles, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, concernant le fonctionnement de l’univers, la nature de la vie et de la conscience, et leurs implications métaphysiques.
Emmanuel Ransford, chercheur en physique quantique, a présenté sa théorie des particules élémentaires qui auraient une dimension à la fois matérielle et immatérielle, dévoilant un autre aspect de la matière (holomatière) et expliquant la nature de notre conscience. Mario Beauregard, spécialiste en neurobiologie, a soutenu la thèse que l’esprit et la conscience ne sont pas simplement le résultat de processus électrochimiques situés dans le cerveau. S’appuyant sur l’influence des pensées, des sentiments et des émotions, sur la pratique de la méditation et les expériences de mort imminente (EMI) sur le cerveau, il a développé une approche plus large de la conscience, base d’un nouveau paradigme « post-matérialiste » vital pour l’évolution de la civilisation humaine. Michael Danton, biochimiste, a exposé son approche non réductionniste (1) et non fonctionnaliste (2) du vivant, contraire à la théorie évolutionniste de Darwin, montrant par là que la nature est mue par un ordre universel (qui n’a pas bougé depuis des millions d’années) et particulier selon les espèces, et que l’homme n’est pas une « machine vivante », mais bien une « conscience ».
L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan a poursuivi avec une étude de la genèse des galaxies, prônant une cosmologie moderne encline à « réenchanter le monde ». Rappelant que 96 % de l’univers sont encore inconnus de l’homme, il a insisté sur la beauté, l’harmonie et l’unité de celui-ci, réfutant la possibilité du hasard de l’existence de notre galaxie et de la vie sur Terre. « L’homme est poussière d’étoiles. Il est interdépendant du cosmos, de la Terre et de toutes les autres espèces vivantes. L’univers a été réglé de façon extrêmement précise pour l’apparition de la vie et de la conscience », a-t-il déclaré.
L’incomplétude, une chance
Philippe Clayton, philosophe et théologien, a enchaîné sur la possibilité d’une synthèse entre les sciences et la religion au XXIe siècle, rappelant que l’homme n’est pas limité à ce qu’il voit avec ses yeux, et que l’esprit précède, suit la vie, qu’il émerge dans la matière et y opère depuis toujours. Le théologien Thierry Magnin a renchéri sur la possibilité des quêtes scientifiques et religieuses de se rejoindre. Il a développé l’idée que l’incomplétude partagée du physicien et du théologien est une chance pour chacun d’eux afin d’« accueillir la réalité comme quelque chose qui résiste à leurs représentations », les enjoignant à « accepter leur incomplétude dans leur compréhension » de cette réalité, à « construire du sens sur fond de non-sens apparent », à « s’ouvrir à l’altérité fondamentale » et ainsi « entrer dans le sens du mystère ».
Pour conclure, le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie soufie Alawiyya, Kenny Matampash, représentant de la culture massaï du Kenya, Swami Veetamohananda, directeur du centre védantique Ramakrishna de Gretz, et Eric Julien, fondateur de l’association Tchendukua-Ici et Ailleurs, qui soutient les Indiens kogis, se sont rassemblés autour d’une table ronde pour rappeler les valeurs et les principes fondamentaux sur lesquels « construire » et « vivre ensemble ». Ils ont insisté ensemble sur la nécessité de rétablir le lien entre l’homme et la nature, le dialogue entre les sciences, les religions et les traditions, pour inciter la société en crise à s’ouvrir à de nouvelles perspectives.
Autant d’exposés et de témoignages de tous horizons qui souhaitaient montrer que l’interdisciplinarité est une clé pour aller vers de nouveaux paradigmes, proposant une nouvelle vision réenchantée du monde et de l’homme, et réconciliant la science et la spiritualité.
http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/reconcilier-sciences-et-spiritualite-pour-reenchanter-le-monde-28-01-2016-5250_110.php