L'OCDE tente de quantifier le bonheur
Mis à jour le 2.10.14
Pour la première fois, l'organisation cherche à établir un indicateur historique du «bien-être» mondial, de 1820 à nos jours.
«D'une manière générale, le bien-être s'est amélioré depuis le début du XXe siècle dans une grande partie du monde», note l'OCDE.(Photo d'illustration) (Photo: Flickr/ Raul A.)Tout le monde le sait: le «bien-être» global de l'humanité est allé en s'accroissant depuis le XIXe siècle, mais l'OCDE à son tour, après l'économiste Thomas Piketty, s'inquiète de «l'énorme augmentation» des inégalités de revenus dues à la mondialisation.
Pour la première fois, l'organisation internationale basée à Paris a cherché à quantifier rétrospectivement le bonheur des hommes et des femmes, en établissant un indicateur historique du «bien-être» mondial, de 1820 à nos jours.
25 pays comparés
Dans 25 pays, les chercheurs ont comparé richesse, salaires, espérance de vie, niveau d'études, santé, taille, qualité de l'environnement, sécurité personnelle, inégalités hommes-femmes et institutions politiques, sur une période durant laquelle la planète est passée de un à sept milliards d'habitants.
Cette vaste recherche baptisée «Comment vivait-on?» permet de répondre aux critiques des économistes alternatifs ou issus du tiers monde, qui remettent depuis longtemps en cause le diktat de l'indicateur du PIB par habitant pour mesurer le progrès, certains ayant forgé d'autres indices -type BNB pour Bonheur national brut, ou indice de développement humain- prenant en compte des facteurs non marchands.
L'être humain a grandi avec le PIB
«D'une manière générale, le bien-être s'est amélioré depuis le début du XXe siècle dans une grande partie du monde», note l'OCDE dans son rapport de 269 pages présenté jeudi à la presse.
Au fur et à mesure que le PIB par habitant a progressé, l'être humain a grandi, mesurant en moyenne 1,70 m contre 1,63 m au début du XIXe siècle. Son espérance de vie s'est améliorée: près de 70 ans en 2000, contre moins de 30 ans en moyenne en 1880, ainsi que son niveau d'études.
En 1820, moins de 20% de la population mondiale savait lire et écrire et le taux d'alphabétisation avait grimpé à près de 80% en 2000, avec de grosses disparités régionales: 64% en Afrique et 75% en Asie du Sud-Est et Moyen-Orient.
Spectaculaire «changement de la condition féminine»...
Les salaires des travailleurs manuels, corrigés de l'inflation, ont été multipliés par huit environ à l'échelon international depuis 1820, affirme par ailleurs l'OCDE.
Pour Mario Pezzini, directeur du centre de développement de l'OCDE, l'évolution la plus frappante quantifiée par l'étude porte sur le «changement de la condition féminine» pendant la période étudiée.
...Compte tenu du manque de données sur l'Afrique
Les ratios se sont améliorés, espérance de vie, mortalité, droit de vote, pour les femmes qui partaient de zéro dans certains domaines ou pays, comme la représentation dans les parlements ou l'héritage. Mais les inégalités avec les hommes demeurent, notamment salariales, ainsi que des inquiétudes sur le ratio hommes-femmes en Asie de l'est (Chine, Japon), où l'on ne recense plus que 85 filles pour 100 garçons entre 0 et 5 ans.
Sur le chapitre des femmes, l'OCDE reconnaît qu'elle doit améliorer sa collecte de données, notamment en ce qui concerne les violences faites aux femmes, et dans la région de l'Afrique sub-saharienne.
Les inégalités explosent, au même niveau qu'en 1820
Les deux points noirs portent sur l'accroissement des inégalités de revenus, en particulier en Europe occidentale, et des dommages environnementaux à la fin du XXe siècle, note Guido Alfani, de l'université Bocconi qui a participé à l'étude.
La courbe des inégalités est en forme de U depuis le début du XIXe siècle, elles ont d'abord baissé avant de remonter. «En 2000, on se retrouve au même niveau qu'en 1820, c'est frappant» ditGuido Alfani.
«L'énorme augmentation des inégalités globales de revenus est l'aspect le plus significatif -et le plus inquiétant- du développement de l'économie mondiale au cours des 200 dernières années» résume l'OCDE.
Inégalités en hausse au sein des pays
Après une baisse entre la fin du XIXe siècle et 1970, les inégalités se sont creusées fortement. Après 1980, le rapport montre que la mondialisation «a contribué à accentuer les inégalités de revenu dans les pays», mais qu'elle a «participé à la réduction des écarts de revenu entre les pays», relativise-t-il.
«Nous avons les mêmes inquiétudes que Thomas Piketty au sujet des inégalités» a déclaré devant la presse Jan Luiten van Zanden, universitaire néerlandais des universités d'Utretcht, Stellenbosch et Groningen, qui a coordonné l'étude.
Le livre «Capital au XXIe siècle» de l'universitaire français Thomas Piketty, qui démontrait l'hiver dernier l'accroissement des inégalités dû à une concentration du capital et aux inégalités des revenus du travail, a fait un tabac aux Etats-Unis où il a été salué par des Prix Nobel d'économie, et suscité l'ironie des milieux financiers et de la City londonienne, tout en étant reconnu comme un travail décisif.
Mis à jour le 2.10.14
Pour la première fois, l'organisation cherche à établir un indicateur historique du «bien-être» mondial, de 1820 à nos jours.
«D'une manière générale, le bien-être s'est amélioré depuis le début du XXe siècle dans une grande partie du monde», note l'OCDE.(Photo d'illustration) (Photo: Flickr/ Raul A.)
Pour la première fois, l'organisation internationale basée à Paris a cherché à quantifier rétrospectivement le bonheur des hommes et des femmes, en établissant un indicateur historique du «bien-être» mondial, de 1820 à nos jours.
25 pays comparés
Dans 25 pays, les chercheurs ont comparé richesse, salaires, espérance de vie, niveau d'études, santé, taille, qualité de l'environnement, sécurité personnelle, inégalités hommes-femmes et institutions politiques, sur une période durant laquelle la planète est passée de un à sept milliards d'habitants.
Cette vaste recherche baptisée «Comment vivait-on?» permet de répondre aux critiques des économistes alternatifs ou issus du tiers monde, qui remettent depuis longtemps en cause le diktat de l'indicateur du PIB par habitant pour mesurer le progrès, certains ayant forgé d'autres indices -type BNB pour Bonheur national brut, ou indice de développement humain- prenant en compte des facteurs non marchands.
L'être humain a grandi avec le PIB
«D'une manière générale, le bien-être s'est amélioré depuis le début du XXe siècle dans une grande partie du monde», note l'OCDE dans son rapport de 269 pages présenté jeudi à la presse.
Au fur et à mesure que le PIB par habitant a progressé, l'être humain a grandi, mesurant en moyenne 1,70 m contre 1,63 m au début du XIXe siècle. Son espérance de vie s'est améliorée: près de 70 ans en 2000, contre moins de 30 ans en moyenne en 1880, ainsi que son niveau d'études.
En 1820, moins de 20% de la population mondiale savait lire et écrire et le taux d'alphabétisation avait grimpé à près de 80% en 2000, avec de grosses disparités régionales: 64% en Afrique et 75% en Asie du Sud-Est et Moyen-Orient.
Spectaculaire «changement de la condition féminine»...
Les salaires des travailleurs manuels, corrigés de l'inflation, ont été multipliés par huit environ à l'échelon international depuis 1820, affirme par ailleurs l'OCDE.
Pour Mario Pezzini, directeur du centre de développement de l'OCDE, l'évolution la plus frappante quantifiée par l'étude porte sur le «changement de la condition féminine» pendant la période étudiée.
...Compte tenu du manque de données sur l'Afrique
Les ratios se sont améliorés, espérance de vie, mortalité, droit de vote, pour les femmes qui partaient de zéro dans certains domaines ou pays, comme la représentation dans les parlements ou l'héritage. Mais les inégalités avec les hommes demeurent, notamment salariales, ainsi que des inquiétudes sur le ratio hommes-femmes en Asie de l'est (Chine, Japon), où l'on ne recense plus que 85 filles pour 100 garçons entre 0 et 5 ans.
Sur le chapitre des femmes, l'OCDE reconnaît qu'elle doit améliorer sa collecte de données, notamment en ce qui concerne les violences faites aux femmes, et dans la région de l'Afrique sub-saharienne.
Les inégalités explosent, au même niveau qu'en 1820
Les deux points noirs portent sur l'accroissement des inégalités de revenus, en particulier en Europe occidentale, et des dommages environnementaux à la fin du XXe siècle, note Guido Alfani, de l'université Bocconi qui a participé à l'étude.
La courbe des inégalités est en forme de U depuis le début du XIXe siècle, elles ont d'abord baissé avant de remonter. «En 2000, on se retrouve au même niveau qu'en 1820, c'est frappant» ditGuido Alfani.
«L'énorme augmentation des inégalités globales de revenus est l'aspect le plus significatif -et le plus inquiétant- du développement de l'économie mondiale au cours des 200 dernières années» résume l'OCDE.
Inégalités en hausse au sein des pays
Après une baisse entre la fin du XIXe siècle et 1970, les inégalités se sont creusées fortement. Après 1980, le rapport montre que la mondialisation «a contribué à accentuer les inégalités de revenu dans les pays», mais qu'elle a «participé à la réduction des écarts de revenu entre les pays», relativise-t-il.
«Nous avons les mêmes inquiétudes que Thomas Piketty au sujet des inégalités» a déclaré devant la presse Jan Luiten van Zanden, universitaire néerlandais des universités d'Utretcht, Stellenbosch et Groningen, qui a coordonné l'étude.
Le livre «Capital au XXIe siècle» de l'universitaire français Thomas Piketty, qui démontrait l'hiver dernier l'accroissement des inégalités dû à une concentration du capital et aux inégalités des revenus du travail, a fait un tabac aux Etats-Unis où il a été salué par des Prix Nobel d'économie, et suscité l'ironie des milieux financiers et de la City londonienne, tout en étant reconnu comme un travail décisif.