Elève juive, élève arabe, main dans la main : vision ordinaire... dans une école pas comme les autres.
Deux amis éducateurs et anciens étudiants de l’Université Hébraïque, Gordon Lee, Juif Américain, et Amin Khalif, Palestinien, se retrouvent en 1997 à Jérusalem. Ils souhaitent construire un dialogue entre culture juive et arabe. Séparés dès la maternelle, comment Juifs et arabes peuvent-ils dialoguer? Ils créent l’école Hand in Hand (main dans la main) à Jérusalem, administrée conjointement par un principal juif et un principal arabe. Les cours seront dispensés de concert par un enseignant juif et un confrère arabe, en hébreu et arabe. L’aventure démarre avec une classe de maternelle de 20 élèves accueillie dans un établissement "traditionnel". Le Kindergarten a évolué en campus à Jérusalem Sud entre le quartier juif de Pat et le quartier arabe de Beit Zafafa. Il accueille les enfants de la maternelle à la fin de l’école secondaire. La classe de 12e vient d’obtenir les meilleures notes des écoles de Jérusalem en éducation civique aux examens d’inscription à l’Université. Les trois autres écoles ouvertes en Israël n’offrent pas encore le cursus complet.
Ira Kerem, quel est le but, l’esprit des écoles Hand in Hand?
Le réseau Hand in Hand est une approche audacieuse pour casser le système éducatif ségrégationniste en Israël où Juifs et arabes suivent des programmes différents dans des écoles différentes et dans des langues différentes. Ici le programme est dispensé à la fois en arabe et en hébreu aux élèves arabes et juifs par des co-enseignants juifs et arabes. Savoir parler la langue de l’autre dès la maternelle est un premier pas pour casser les stéréotypes négatifs de chacun avant son entrée à l’école. Les élèves apprennent les concepts et pratiques des religions, traditions, histoires et cultures aussi bien juives qu’arabes. Les jours fériés des chrétiens, Juifs et musulmans sont étudiés et célébrés ensemble.
Les enfants deviennent-ils biculturels, ou créent-ils une culture mixte?
Ils sont multiculturels et apprennent à la fois la culture juive et arabe. Ils apprennent beaucoup sur les différentes religions - judaïsme, islam et le christianisme aussi bien d’Orient que d’Occident. Ils ne créent pas une nouvelle culture mais apprennent les uns des autres avec un grand respect. Un des thèmes majeurs de l’école secondaire de Jérusalem est "Apprendre aujourd’hui à changer demain". Nous les entrainons à devenir des acteurs du changement social. Nous ne voulons pas que leur éducation s’arrête aux portes de l’école, mais qu’elle ait un impact sur la société. Nous cherchons à leur apprendre à être conscients, à posséder un esprit critique, à être capable d’analyser et d’agir sur des problèmes liés à la paix et à la société civile. La paix viendra quand les gens se verront comme des personnes et non des stéréotypes.
Parlent-ils des "mauvaises nouvelles"?
Ils parlent de l’actualité qui correspond souvent aux "mauvaises nouvelles". Ils ne sont pas toujours d’accord, mais nous leur apprenons à écouter l’autre, à essayer de comprendre des points de vue différents et à les respecter. Au début de la guerre de Gaza, chaque classe a passé deux ou trois heures pendant lesquelles les élèves exprimaient leurs sentiments. Au final, ils ont collecté des couvertures, des vêtements... Ils les ont donné à Gaza et Sderot, une ville juive qui subissait des tirs de missiles en provenance de Gaza depuis des années. Il y a réellement le sentiment à Hand in Hand, que la violence ne devrait pas être un moyen de résoudre les conflits. La violence envers les civils n’est certainement pas un chemin vers la paix. Les enfants ne laissent pas les conflits interférer dans leurs amitiés. Ils comprennent que les gouvernements n’agissent pas toujours en leur nom et sont assez matures pour ne pas personnaliser le conflit.
Les parents juifs et arabes se rapprochent-ils?
Oui. Ceci est une grande victoire. Chaque classe a son comité de parents qui décident ensemble des programmes spéciaux et des sorties à organiser. Ils se rencontrent grâce aux enfants : visites chez les copains, anniversaires... Les parents apprennent à se connaître et deviennent souvent amis. Ils sortent ensemble et parfois partent même ensemble en vacances.
Une éducation commune est-elle une condition indispensable selon vous pour changer les états d'esprits?
La paix viendra quand les gens se verront comme des personnes et non des stéréotypes. Un des meilleurs moyens de casser les stéréotypes négatifs que nous avons les uns des autres, est d’amener les gens à devenir amis avec "l’autre" et voir l’humanité que nous avons tous en commun. Une éducation commune progressive aide indéniablement, mais Israël n’est pas encore prêt. Le plus que nous pouvons faire est d’offrir cette éducation intégrée à autant de parents que possible. Comme les enfants, les adultes peuvent apprendre à construire la paix ensemble. Les écoles sont des messagers d’espoir et une voie pour changer la société.
http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/enfants-juifs-musulmans-et-chretiens-a-l-ecole-de-la-paix-14-03-2011-1307_110.php
Deux amis éducateurs et anciens étudiants de l’Université Hébraïque, Gordon Lee, Juif Américain, et Amin Khalif, Palestinien, se retrouvent en 1997 à Jérusalem. Ils souhaitent construire un dialogue entre culture juive et arabe. Séparés dès la maternelle, comment Juifs et arabes peuvent-ils dialoguer? Ils créent l’école Hand in Hand (main dans la main) à Jérusalem, administrée conjointement par un principal juif et un principal arabe. Les cours seront dispensés de concert par un enseignant juif et un confrère arabe, en hébreu et arabe. L’aventure démarre avec une classe de maternelle de 20 élèves accueillie dans un établissement "traditionnel". Le Kindergarten a évolué en campus à Jérusalem Sud entre le quartier juif de Pat et le quartier arabe de Beit Zafafa. Il accueille les enfants de la maternelle à la fin de l’école secondaire. La classe de 12e vient d’obtenir les meilleures notes des écoles de Jérusalem en éducation civique aux examens d’inscription à l’Université. Les trois autres écoles ouvertes en Israël n’offrent pas encore le cursus complet.
Ira Kerem, quel est le but, l’esprit des écoles Hand in Hand?
Le réseau Hand in Hand est une approche audacieuse pour casser le système éducatif ségrégationniste en Israël où Juifs et arabes suivent des programmes différents dans des écoles différentes et dans des langues différentes. Ici le programme est dispensé à la fois en arabe et en hébreu aux élèves arabes et juifs par des co-enseignants juifs et arabes. Savoir parler la langue de l’autre dès la maternelle est un premier pas pour casser les stéréotypes négatifs de chacun avant son entrée à l’école. Les élèves apprennent les concepts et pratiques des religions, traditions, histoires et cultures aussi bien juives qu’arabes. Les jours fériés des chrétiens, Juifs et musulmans sont étudiés et célébrés ensemble.
Les enfants deviennent-ils biculturels, ou créent-ils une culture mixte?
Ils sont multiculturels et apprennent à la fois la culture juive et arabe. Ils apprennent beaucoup sur les différentes religions - judaïsme, islam et le christianisme aussi bien d’Orient que d’Occident. Ils ne créent pas une nouvelle culture mais apprennent les uns des autres avec un grand respect. Un des thèmes majeurs de l’école secondaire de Jérusalem est "Apprendre aujourd’hui à changer demain". Nous les entrainons à devenir des acteurs du changement social. Nous ne voulons pas que leur éducation s’arrête aux portes de l’école, mais qu’elle ait un impact sur la société. Nous cherchons à leur apprendre à être conscients, à posséder un esprit critique, à être capable d’analyser et d’agir sur des problèmes liés à la paix et à la société civile. La paix viendra quand les gens se verront comme des personnes et non des stéréotypes.
Parlent-ils des "mauvaises nouvelles"?
Ils parlent de l’actualité qui correspond souvent aux "mauvaises nouvelles". Ils ne sont pas toujours d’accord, mais nous leur apprenons à écouter l’autre, à essayer de comprendre des points de vue différents et à les respecter. Au début de la guerre de Gaza, chaque classe a passé deux ou trois heures pendant lesquelles les élèves exprimaient leurs sentiments. Au final, ils ont collecté des couvertures, des vêtements... Ils les ont donné à Gaza et Sderot, une ville juive qui subissait des tirs de missiles en provenance de Gaza depuis des années. Il y a réellement le sentiment à Hand in Hand, que la violence ne devrait pas être un moyen de résoudre les conflits. La violence envers les civils n’est certainement pas un chemin vers la paix. Les enfants ne laissent pas les conflits interférer dans leurs amitiés. Ils comprennent que les gouvernements n’agissent pas toujours en leur nom et sont assez matures pour ne pas personnaliser le conflit.
Les parents juifs et arabes se rapprochent-ils?
Oui. Ceci est une grande victoire. Chaque classe a son comité de parents qui décident ensemble des programmes spéciaux et des sorties à organiser. Ils se rencontrent grâce aux enfants : visites chez les copains, anniversaires... Les parents apprennent à se connaître et deviennent souvent amis. Ils sortent ensemble et parfois partent même ensemble en vacances.
Une éducation commune est-elle une condition indispensable selon vous pour changer les états d'esprits?
La paix viendra quand les gens se verront comme des personnes et non des stéréotypes. Un des meilleurs moyens de casser les stéréotypes négatifs que nous avons les uns des autres, est d’amener les gens à devenir amis avec "l’autre" et voir l’humanité que nous avons tous en commun. Une éducation commune progressive aide indéniablement, mais Israël n’est pas encore prêt. Le plus que nous pouvons faire est d’offrir cette éducation intégrée à autant de parents que possible. Comme les enfants, les adultes peuvent apprendre à construire la paix ensemble. Les écoles sont des messagers d’espoir et une voie pour changer la société.
http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/enfants-juifs-musulmans-et-chretiens-a-l-ecole-de-la-paix-14-03-2011-1307_110.php