Quelles sont (vraiment) les différences entre les catholiques et les évangéliques ?
© Jean-Matthieu Gautier pour La Vie © Jean-Matthieu Gautier pour La Vie
Parcours Alpha, Taizé, concerts de louange… dépassant les frontières confessionnelles, les catholiques et les évangéliques apprennent à se connaître. Pourtant, les différences culturelles ont la vie dure.
Théologiquement, tout les sépare. A commencer par l’eucharistie. Sacrement des sacrements pour les catholiques, elle n’est qu’un moment où l’on se souvient du sacrifice du Christ chez les évangéliques. D’ailleurs, ces protestants radicaux ne croient pas à la transsubstantiation. Les catholiques prient Marie et ils pensent qu'elle est sans péché. Aucun évangélique ne souscrirait à une telle idée, puisqu’ils considèrent que seul Dieu n’a jamais péché. Pour les catholiques, l'Eglise n’est pas seulement « peuple de Dieu », mais aussi une institution dirigée par le « successeur de Pierre », le pape. Les évangéliques aiment se référer plutôt à l'Eglise invisible, mais ils cultivent quand même un sens aigu de l(eur) église locale en pratiquant la scissiparité. Et ainsi de suite. Que de différences, donc.
Mais ce qui est vrai en théologie n’est pas toujours une réalité vécue. Et tout n'est pas théologie. Les catholiques et les évangéliques sont aujourd’hui de plus en plus capables de dépasser ces obstacles et de se concentrer sur la foi en Christ qui les unit. D'ailleurs, dans maints groupes de prières, des catholiques et des évangéliques se réunissent et prient abondamment les uns pour les autres, ignorant royalement qu'ils sont censés être séparés. Un œcuménisme de fait.
Problème : les différences historiques, culturelles, esthétiques ont aussi la vie dure. Si elles n'ont rien à voir avec la théologie, elles existent bel et bien. Parfois déstabilisantes, elles peuvent aussi donner lieu à plaisanterie et inciter à une dédramatisation des enjeux. En fonction de nos observations sur le terrain en France, voici une liste (provisoire) de dix "vraies" différences. Les éventuelles erreurs d'appréciation sont les nôtres.
1. La sono
Les évangéliques savent gérer une sono, contrairement aux catholiques. Cette observation peut paraître dérisoire ou exagérée, mais elle est étrangement vraie. Récemment, nous avons assisté à une prière de guérison de style charismatique à l'église Saint-Nicolas-des-Champs à Paris. Les moments de louange étaient animés par de bons chanteurs et des musiciens, tous visiblement inspirés par un style évangélique contemporain. Plus de mille personnes étaient présentes. Il n'y avait qu'un problème : la sono ne marchait pas. On entendait bien le prêtre, mais pas la musique. Un phénomène classique dans une église catholique et hautement révélateur d'une différence importante : contrairement aux catholiques, les protestants en général et les évangéliques en particulier accordent traditionnellement une place primordiale à la musique. Les évangéliques développent des ministères musicaux et utilisent la musique contemporaine, souvent électrifiée. Ils sont donc dépendants d'une sono correcte et intègrent systématiquement un technicien du son dans leur équipe de louange. Les catholiques restent globalement fidèles à l'orgue, qui n'a pas besoin d'une sono, et semblent penser que les autres instruments acoustiques soit ne requièrent pas d'ampli soit exigent une sono que le budget ne permet pas. Mais - Dieu soit loué ! - il y a un contre-modèle en voie de gestation dans l'Eglise catholique. Venu des Chanteurs en Eglise et des groupes de louange de style évangélique comme Glorious, il connaît un succès grandissant. Et ces catholiques-là ne rigolent pas avec la sono.
2. Images et beau décor
Les catholiques bénéficient le plus souvent de jolies églises et entretiennent leurs statues et leurs tableaux qui peuvent soutenir la foi. Alors que les évangéliques doivent se contenter de locaux moches, où il n'y a pas d'images – iconoclasme historique oblige. Les plus grandes communautés évangéliques en France se retrouvent respectivement dans une usine désaffectée (Charisma au Blanc-Mesnil dans le 93) et un ancien supermarché (Porte ouverte à Mulhouse). Se réunir ainsi dans des locaux peu développés sur le plan esthétique correspond souvent à un manque criant de moyens financiers. Mais quand on regarde à l'intérieur, on se rend compte d'une grande austérité. Parfois, il n'y a même pas de croix, seulement des images d'un coucher de soleil et un verset biblique. L'iconoclasme fait encore des ravages et apporte un contraste saisissant avec l'iconophilie catholique.
3. Bougies
Symbole du Christ majeur pour les catholiques, la bougie n'est guère utilisée par les évangéliques français sauf à Noël. Pourquoi ? Officiellement, par méfiance vis-à-vis de l'idolâtrie, mais plus probablement par anti-catholicisme historique. La tendance nette des évangéliques issus de pays majoritairement protestants et des Etats-Unis est à la réintroduction des bougies. Ils voient bien que les gens aiment ça. Et à condition de ne pas trop approcher les doigts, ça ne fait pas de mal.
4. Les chants
Différence évidente, qui ne nécessite guère une longue explication. Les catholiques seraient attachés à leurs vieux chants, dit-on, et certains protestants évangéliques le seraient aussi, car ils tiennent par exemple à des cantiques écrits par Luther. Ce qui suscite régulièrement des psychodrames hallucinants au sein de leurs communautés. Ce qui est important à comprendre ici est que les évangéliques ont une vision ultra pragmatique de la liturgie et des choix des chants. La plupart des Eglises renouvellent sans cesse leur répertoire. Leurs équipes de louange s'inspirent des derniers tubes pop-louange de Hillsong ou de Michael W. Smith et sont à l'affût des derniers ajouts dans les carnets de Jeunesse en Mission, en perpétuelle réactualisation. Le correspondant catholique à ce modèle est encore minoritaire et se trouve dans des communautés nouvelles et dans des paroisses alternatives comme l'église Confluence-Sainte Blandine à Lyon (où l'on trouve aussi Glorious).
5. La Bible
Au culte, les vrais évangéliques viennent avec leur bibles usées et annotées. Plus elles sont usées, plus leur propriétaire est cultivé. Ils s'en servent surtout pendant la prédication (voir plus bas) mais aussi pendant les moments de prières, n'hésitant pas à réciter à haute voix un verset qui leur parle particulièrement. Les traductions les plus appréciées sont celles dites de Louis Segond. Ainsi « la Segond 21 », publiée par la Société biblique de Genève et qui se vend à 1,5 EUR au supermarché. Ces Bibles sont toutes « protestantes », c'est-à-dire elles contiennent 66 livres et non pas 73 comme les bibles « catholiques » (incluant les livres de Tobit, Judith, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique (ou Siracide), Baruch et des ajouts importants des livres d’Esther et de Daniel).
A la messe catholique, la question ne se pose guère, puisque les fidèles ne viennent pas avec leurs bibles. D'ailleurs, on ne leur donne pas de références précises lors des lectures ou lors de l'homélie.
6. La prédication
Chez les évangéliques, les prédications sont le moment de loin le plus important lors d'un culte. Elles durent entre 15 et 40 minutes, parfois plus. L'assemblée les suit attentivement, bible et stylo à la main. Elles sont idéalement comprises comme un message que le Seigneur a mis sur le cœur du prédicateur, mais aussi comme une sorte de leçon de théologie. Elles peuvent donner lieu à des discussions franches et à des désaccords spectaculaires. En principe, n'importe qui peut prêcher (et n'importe qui prêche parfois...), mais le plus souvent il s'agit du pasteur de la communauté ou de quelqu'un qui a reçu une longue formation théologique.
Les évangéliques n'ont pas de missel ou de calendrier liturgique, mais choisissent des thèmes qui leur viennent à l'esprit. Chez les catholiques, une bonne homélie est censée durer sept minutes et c'est un ministre ordonné qui s'en charge. D'ailleurs, cela ne se discute pas.
7. Les intentions de prière
Chez les catholiques, elles sont quasiment toujours écrites et sont souvent le fruit d'un compromis laborieux entre plusieurs personnes de l'équipe d'animation. On y trouve ces quatre thèmes : les nécessités de l’Église, les affaires publiques (et la paix dans le monde), ceux qui souffrent (chômeurs et malades surtout) et la communauté locale. Voici un exemple d'une intention de prière recommandée par l'Eglise catholique et qui correspond au quatrième thème (communauté locale) : « Seigneur, notre Église semble parfois bien éloignée des préoccupations des hommes d’aujourd’hui. Elle donne parfois une image terne du message de Jésus. Nous te prions pour que chaque chrétien, spécialement les jeunes qui viennent découvrir Jésus au catéchisme ou dans différents groupes, découvrent l’appel du Seigneur et y répondent joyeusement. »
Chez les évangéliques, il n'y a pas de règles. Tout simplement. En général, ils prient, sans notes, pour l'Eglise dans le monde, les pauvres et surtout pour des personnes. Ils personnalisent. En général, ils prient aussi pour tel ou tel malade présent dans l'assemblée. Un exemple : « Seigneur, nous te demandons de guérir notre sœur Hyacinthe atteinte d'un cancer au poumon. » Il arrive même, dit-on, qu'on assiste à des guérisons « en direct » à ces moments-là...
8. L'improvisation
On l'a compris, les évangéliques improvisent. En prêchant, en priant à haute voix et en jouant de la musique. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, les évangéliques n'ont pas adopté ce fonctionnement par pragmatisme ou pour « faire plus naturel », mais par souci d'authenticité. Ils croient que l'Esprit leur parle d'autant plus qu'ils sont disposés à l'accueillir. C'est aussi pourquoi dans beaucoup d'assemblées, on choisit délibérément de ne pas réciter des prières collectives, comme le Notre Père. Pour la petite histoire, les évangéliques qui vous semblent incollables sur la Bible sont généralement incapables de réciter le credo, car ils ne l'ont jamais appris. Les catholiques, quant à eux, n'improvisent pratiquement pas pendant la messe. D'ailleurs, il n'y a pas d'espace pour le faire.
Ces cultures différentes produisent typiquement deux types de chrétiens différents : l'un est à l'aise dans des groupes de prière et prie à haute voix ; l'autre préfère intérioriser quand il n'a pas tout simplement peur de s'exprimer.
9. L'argent
Chez les catholiques, on fait « la quête ». Les évangéliques insistent sur « l'offrande ». Qu'est-ce qui change ? Rien sur le plan théologique. Ils sont tous convaincus qu'ils doivent tout au Seigneur et qu'ils ne gagneront pas plus facilement le ciel parce qu'ils donnent un peu plus. Mais sur le plan pratique, tout change. A la messe, on ne s'étend pas trop sur les besoins concrets de l'église au moment de « la quête ». La peur congénitale des catholiques de parler argent aidant, le résultat est inévitable : les gens donnent trop … peu. Chez les évangéliques, les gens sortent franchement des gros billets ou des chèques. C'est quand même une « offrande ».
10. Façon de dire amen
Les évangéliques disent naturellement « amêêên », en prolongeant la dernière syllabe, souvent avec émotion. Les catholiques n'utilisent pas trop ce mot, sauf dans le cadre d'un rituel, par exemple à la messe. Répondant à la prière d'un prêtre, ils prononcent distinctement un amen ni trop fort ni trop modeste. Comme s'ils ne voulaient pas déranger.
© Jean-Matthieu Gautier pour La Vie © Jean-Matthieu Gautier pour La Vie
Parcours Alpha, Taizé, concerts de louange… dépassant les frontières confessionnelles, les catholiques et les évangéliques apprennent à se connaître. Pourtant, les différences culturelles ont la vie dure.
Théologiquement, tout les sépare. A commencer par l’eucharistie. Sacrement des sacrements pour les catholiques, elle n’est qu’un moment où l’on se souvient du sacrifice du Christ chez les évangéliques. D’ailleurs, ces protestants radicaux ne croient pas à la transsubstantiation. Les catholiques prient Marie et ils pensent qu'elle est sans péché. Aucun évangélique ne souscrirait à une telle idée, puisqu’ils considèrent que seul Dieu n’a jamais péché. Pour les catholiques, l'Eglise n’est pas seulement « peuple de Dieu », mais aussi une institution dirigée par le « successeur de Pierre », le pape. Les évangéliques aiment se référer plutôt à l'Eglise invisible, mais ils cultivent quand même un sens aigu de l(eur) église locale en pratiquant la scissiparité. Et ainsi de suite. Que de différences, donc.
Mais ce qui est vrai en théologie n’est pas toujours une réalité vécue. Et tout n'est pas théologie. Les catholiques et les évangéliques sont aujourd’hui de plus en plus capables de dépasser ces obstacles et de se concentrer sur la foi en Christ qui les unit. D'ailleurs, dans maints groupes de prières, des catholiques et des évangéliques se réunissent et prient abondamment les uns pour les autres, ignorant royalement qu'ils sont censés être séparés. Un œcuménisme de fait.
Problème : les différences historiques, culturelles, esthétiques ont aussi la vie dure. Si elles n'ont rien à voir avec la théologie, elles existent bel et bien. Parfois déstabilisantes, elles peuvent aussi donner lieu à plaisanterie et inciter à une dédramatisation des enjeux. En fonction de nos observations sur le terrain en France, voici une liste (provisoire) de dix "vraies" différences. Les éventuelles erreurs d'appréciation sont les nôtres.
1. La sono
Les évangéliques savent gérer une sono, contrairement aux catholiques. Cette observation peut paraître dérisoire ou exagérée, mais elle est étrangement vraie. Récemment, nous avons assisté à une prière de guérison de style charismatique à l'église Saint-Nicolas-des-Champs à Paris. Les moments de louange étaient animés par de bons chanteurs et des musiciens, tous visiblement inspirés par un style évangélique contemporain. Plus de mille personnes étaient présentes. Il n'y avait qu'un problème : la sono ne marchait pas. On entendait bien le prêtre, mais pas la musique. Un phénomène classique dans une église catholique et hautement révélateur d'une différence importante : contrairement aux catholiques, les protestants en général et les évangéliques en particulier accordent traditionnellement une place primordiale à la musique. Les évangéliques développent des ministères musicaux et utilisent la musique contemporaine, souvent électrifiée. Ils sont donc dépendants d'une sono correcte et intègrent systématiquement un technicien du son dans leur équipe de louange. Les catholiques restent globalement fidèles à l'orgue, qui n'a pas besoin d'une sono, et semblent penser que les autres instruments acoustiques soit ne requièrent pas d'ampli soit exigent une sono que le budget ne permet pas. Mais - Dieu soit loué ! - il y a un contre-modèle en voie de gestation dans l'Eglise catholique. Venu des Chanteurs en Eglise et des groupes de louange de style évangélique comme Glorious, il connaît un succès grandissant. Et ces catholiques-là ne rigolent pas avec la sono.
2. Images et beau décor
Les catholiques bénéficient le plus souvent de jolies églises et entretiennent leurs statues et leurs tableaux qui peuvent soutenir la foi. Alors que les évangéliques doivent se contenter de locaux moches, où il n'y a pas d'images – iconoclasme historique oblige. Les plus grandes communautés évangéliques en France se retrouvent respectivement dans une usine désaffectée (Charisma au Blanc-Mesnil dans le 93) et un ancien supermarché (Porte ouverte à Mulhouse). Se réunir ainsi dans des locaux peu développés sur le plan esthétique correspond souvent à un manque criant de moyens financiers. Mais quand on regarde à l'intérieur, on se rend compte d'une grande austérité. Parfois, il n'y a même pas de croix, seulement des images d'un coucher de soleil et un verset biblique. L'iconoclasme fait encore des ravages et apporte un contraste saisissant avec l'iconophilie catholique.
3. Bougies
Symbole du Christ majeur pour les catholiques, la bougie n'est guère utilisée par les évangéliques français sauf à Noël. Pourquoi ? Officiellement, par méfiance vis-à-vis de l'idolâtrie, mais plus probablement par anti-catholicisme historique. La tendance nette des évangéliques issus de pays majoritairement protestants et des Etats-Unis est à la réintroduction des bougies. Ils voient bien que les gens aiment ça. Et à condition de ne pas trop approcher les doigts, ça ne fait pas de mal.
4. Les chants
Différence évidente, qui ne nécessite guère une longue explication. Les catholiques seraient attachés à leurs vieux chants, dit-on, et certains protestants évangéliques le seraient aussi, car ils tiennent par exemple à des cantiques écrits par Luther. Ce qui suscite régulièrement des psychodrames hallucinants au sein de leurs communautés. Ce qui est important à comprendre ici est que les évangéliques ont une vision ultra pragmatique de la liturgie et des choix des chants. La plupart des Eglises renouvellent sans cesse leur répertoire. Leurs équipes de louange s'inspirent des derniers tubes pop-louange de Hillsong ou de Michael W. Smith et sont à l'affût des derniers ajouts dans les carnets de Jeunesse en Mission, en perpétuelle réactualisation. Le correspondant catholique à ce modèle est encore minoritaire et se trouve dans des communautés nouvelles et dans des paroisses alternatives comme l'église Confluence-Sainte Blandine à Lyon (où l'on trouve aussi Glorious).
5. La Bible
Au culte, les vrais évangéliques viennent avec leur bibles usées et annotées. Plus elles sont usées, plus leur propriétaire est cultivé. Ils s'en servent surtout pendant la prédication (voir plus bas) mais aussi pendant les moments de prières, n'hésitant pas à réciter à haute voix un verset qui leur parle particulièrement. Les traductions les plus appréciées sont celles dites de Louis Segond. Ainsi « la Segond 21 », publiée par la Société biblique de Genève et qui se vend à 1,5 EUR au supermarché. Ces Bibles sont toutes « protestantes », c'est-à-dire elles contiennent 66 livres et non pas 73 comme les bibles « catholiques » (incluant les livres de Tobit, Judith, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique (ou Siracide), Baruch et des ajouts importants des livres d’Esther et de Daniel).
A la messe catholique, la question ne se pose guère, puisque les fidèles ne viennent pas avec leurs bibles. D'ailleurs, on ne leur donne pas de références précises lors des lectures ou lors de l'homélie.
6. La prédication
Chez les évangéliques, les prédications sont le moment de loin le plus important lors d'un culte. Elles durent entre 15 et 40 minutes, parfois plus. L'assemblée les suit attentivement, bible et stylo à la main. Elles sont idéalement comprises comme un message que le Seigneur a mis sur le cœur du prédicateur, mais aussi comme une sorte de leçon de théologie. Elles peuvent donner lieu à des discussions franches et à des désaccords spectaculaires. En principe, n'importe qui peut prêcher (et n'importe qui prêche parfois...), mais le plus souvent il s'agit du pasteur de la communauté ou de quelqu'un qui a reçu une longue formation théologique.
Les évangéliques n'ont pas de missel ou de calendrier liturgique, mais choisissent des thèmes qui leur viennent à l'esprit. Chez les catholiques, une bonne homélie est censée durer sept minutes et c'est un ministre ordonné qui s'en charge. D'ailleurs, cela ne se discute pas.
7. Les intentions de prière
Chez les catholiques, elles sont quasiment toujours écrites et sont souvent le fruit d'un compromis laborieux entre plusieurs personnes de l'équipe d'animation. On y trouve ces quatre thèmes : les nécessités de l’Église, les affaires publiques (et la paix dans le monde), ceux qui souffrent (chômeurs et malades surtout) et la communauté locale. Voici un exemple d'une intention de prière recommandée par l'Eglise catholique et qui correspond au quatrième thème (communauté locale) : « Seigneur, notre Église semble parfois bien éloignée des préoccupations des hommes d’aujourd’hui. Elle donne parfois une image terne du message de Jésus. Nous te prions pour que chaque chrétien, spécialement les jeunes qui viennent découvrir Jésus au catéchisme ou dans différents groupes, découvrent l’appel du Seigneur et y répondent joyeusement. »
Chez les évangéliques, il n'y a pas de règles. Tout simplement. En général, ils prient, sans notes, pour l'Eglise dans le monde, les pauvres et surtout pour des personnes. Ils personnalisent. En général, ils prient aussi pour tel ou tel malade présent dans l'assemblée. Un exemple : « Seigneur, nous te demandons de guérir notre sœur Hyacinthe atteinte d'un cancer au poumon. » Il arrive même, dit-on, qu'on assiste à des guérisons « en direct » à ces moments-là...
8. L'improvisation
On l'a compris, les évangéliques improvisent. En prêchant, en priant à haute voix et en jouant de la musique. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, les évangéliques n'ont pas adopté ce fonctionnement par pragmatisme ou pour « faire plus naturel », mais par souci d'authenticité. Ils croient que l'Esprit leur parle d'autant plus qu'ils sont disposés à l'accueillir. C'est aussi pourquoi dans beaucoup d'assemblées, on choisit délibérément de ne pas réciter des prières collectives, comme le Notre Père. Pour la petite histoire, les évangéliques qui vous semblent incollables sur la Bible sont généralement incapables de réciter le credo, car ils ne l'ont jamais appris. Les catholiques, quant à eux, n'improvisent pratiquement pas pendant la messe. D'ailleurs, il n'y a pas d'espace pour le faire.
Ces cultures différentes produisent typiquement deux types de chrétiens différents : l'un est à l'aise dans des groupes de prière et prie à haute voix ; l'autre préfère intérioriser quand il n'a pas tout simplement peur de s'exprimer.
9. L'argent
Chez les catholiques, on fait « la quête ». Les évangéliques insistent sur « l'offrande ». Qu'est-ce qui change ? Rien sur le plan théologique. Ils sont tous convaincus qu'ils doivent tout au Seigneur et qu'ils ne gagneront pas plus facilement le ciel parce qu'ils donnent un peu plus. Mais sur le plan pratique, tout change. A la messe, on ne s'étend pas trop sur les besoins concrets de l'église au moment de « la quête ». La peur congénitale des catholiques de parler argent aidant, le résultat est inévitable : les gens donnent trop … peu. Chez les évangéliques, les gens sortent franchement des gros billets ou des chèques. C'est quand même une « offrande ».
10. Façon de dire amen
Les évangéliques disent naturellement « amêêên », en prolongeant la dernière syllabe, souvent avec émotion. Les catholiques n'utilisent pas trop ce mot, sauf dans le cadre d'un rituel, par exemple à la messe. Répondant à la prière d'un prêtre, ils prononcent distinctement un amen ni trop fort ni trop modeste. Comme s'ils ne voulaient pas déranger.