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Les chrétiens d’Irak vont-ils disparaître ?

2 participants

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Josué

Josué
Administrateur

Les chrétiens d’Irak vont-ils disparaître ?
LAURENCE DESJOYAUX
CRÉÉ LE 17/06/2014 / MODIFIÉ LE 18/06/2014 À 17H51

La percée fulgurante des djihadistes en Irak a déstabilisé la plaine de Ninive, où vivent de nombreux chrétiens. Dans ce pays, leur avenir s’assombrit.

Le 10 juin, à 23 heures, une famille parmi beaucoup d’autres a quitté Mossoul à pied, fuyant une ville qui tombe aux mains des djihadistes. À 15 h le lendemain, par 40 °C, elle est arrivée dans la ville chrétienne de Qaraqosh. Près de 300 familles y sont désormais réfugiées. En deux jours, environ 500 000 personnes, dont quelques milliers de chrétiens, se sont enfuies de Mossoul pour se rendre en zone kurde. La prise de contrôle par les djihadistes de la capitale de la province de Ninive a été l’élément déclencheur pour ces chrétiens, les «derniers des Mohicans». Depuis plusieurs années, ils subissaient menaces, enlèvements, et parfois exécutions dans cette ville devenue peu à peu le bastion d’al-Qaida en Irak, puis de l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL). Certains vivent encore aujourd’hui à Mossoul et les églises n’ont pour l’instant pas été détruites, mais la charia y est désormais appliquée.

De fait, l’offensive des djihadistes n’est pas le premier épisode obligeant des chrétiens à quitter leur ville pour s’installer ailleurs ou partir à l’étranger. Depuis 2003, leur nombre n’a cessé de diminuer. Ils étaient environ 1,2 million à la chute de Saddam Hussein, ils sont maintenant entre 400 et 500 000, répartis entre les villages de la plaine de Ninive, notamment à Qaraqosh, qui compte 50 000 habitants presque tous chrétiens, mais aussi à Kirkouk ou Bagdad. Pris entre deux feux dans le conflit entre chiites et sunnites, ou, plus rarement, directement visés par des terroristes, plus de 1000 chrétiens ont été tués dont six prêtres et un évêque.

Depuis deux ans, la situation s’était stabilisée, mais l’avenir s’assombrit. «Nous en avons assez», souffle Sanaa, une chrétienne de Bagdad inquiète de l’avancée rapide des djihadistes vers la capitale. «Nous attendons un miracle, confie Rita, chaldéenne de Kirkouk, ville protégée par l’armée kurde. Pour le moment, nous continuons à travailler, mais qui sait comment cela peut tourner ?» Dans le doute, certaines familles chrétiennes ont préféré partir quelques jours à Erbil, la capitale de la zone kurde réputée plus sûre.

«Les chrétiens ont une double peur, explique Ameer Jaje, vicaire provincial des dominicains du monde arabe basé à Bagdad. Celle d’un islam radical qui imposerait la charia et ferait des chrétiens des sous-citoyens et celle de la division du pays en trois zones, sunnite, chiite et kurde. Ce serait très dangereux pour les minorités ! L’horizon est sombre, nous ne voyons pas clair…»

Dans ce contexte, quel avenir pour les chrétiens en Irak ? Les réfugiés de Mossoul rejoignent à Qaraqosh d’autres chrétiens. Comment trouver du travail, un logement, dans une ville surpeuplée, où la population a doublé en dix ans ? «Bien sûr, nous ne jugeons pas les gens qui décident de partir. La vie de l’homme vaut plus cher que sa terre, s’exclame Ameer Jaje, mais nous devons patienter. L’Église doit tout faire pour aider ces gens avoir une vie digne ici.» Pour le dominicain, impossible d’imaginer l’Irak sans chrétiens. «Notre présence est un signe d’espoir pour tout le pays, estime-t-il. Si nous disparaissons, si l’Irak n’est plus que d’une seule couleur, ce n’est plus l’Irak. Les musulmans modérés ont besoin de nous pour faire le changement.»

Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, souligne, lui, la vitalité de l’Église irakienne. «Il faut regarder ce qui reste ! Les Églises orientales en Irak ont des écoles, des hôpitaux, un séminaire, des congrégations. Ce n’est pas une Église morte, mais une Église dynamique !» En Irak, plus qu’ailleurs, l’histoire du christianisme est jalonnée d’épreuves et de persécutions. «Jusqu’à présent nous avons toujours survécu, rappelle Ameer Jaje. La question à court terme n’est pas la disparition complète des chrétiens d’Irak, mais plutôt celle de l’Irak tel que nous le connaissons.»

Retrouvez notre dossier complet sur le conflit irakien dans le n° 3590 de La Vie datée du 19 juin, disponible en kiosque jeudi, et en version numérique dès mercredi après-midi en cliquant ici
http://www.lavie.fr/actualite/monde/les-chretiens-d-irak-vont-ils-disparaitre-17-06-2014-54079_5.php

chico.

chico.

Une chose est sur les intégristes musulmans font tout pour.

Josué

Josué
Administrateur

Mgr Sako sanctionne des religieux ayant fui l'Irak

ANNA LATRON 
CRÉÉ LE 24/10/2014 / MODIFIÉ LE 24/10/2014 À 09H38

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Les chrétiens d’Irak vont-ils disparaître ? 57276_mgr-sako_440x260© Hadi Mizban / SIPA
Il y a un mois, le patriarche des chaldéens, Mgr Louis Raphaël Sako, publiait un décret menaçant de suspension une douzaine de moines et prêtres ayant fui l'Irak. Ils avaient jusqu'au mercredi 22 octobre pour régulariser leur situation.[/size]

Le décret publié (en anglais) le 22 septembre dernier par le patriarche des chaldéens est arrivé à expiration. Mgr Sako y rappelait longuement le vœu d'obéissance auquel sont liés les moines et l'engagement pris par le prêtre au moment de son ordination : “donner sa vie entière au Christ et à l'Eglise”.
Il revenait également sur la mission du prêtre : “Garder la foi complète, édifier le corps mystique du Christ, renforcer l'unité de l'Église”. Une mission qui n'envoie pas toujours le prêtre “là où il veut servir”. C'est pourquoi il demandait aux prêtres ou moines ayant fui l'Irak de parler à leurs évêques ou aux supérieurs de leurs communautés afin d'évoquer ensemble leur retour ou leur transfert officiel dans d'autres diocèses ou communautés. En l'absence de quoi, ces religieux seraient suspendus.

Soirée de prière

Le décret, qui concerne une douzaine de moines et de prêtres ayant fui récemment l'Irak sans l'accord de leurs supérieurs, a déclenché une mobilisation inattendue aux Etats-Unis, relate (en anglais) le site 10 news. Ainsi, des dizaines de fidèles catholiques chaldéens ont assisté à la “messe d'urgence” célébrée ce mercredi 22 octobre dans l'église catholique chaldéenne Saint-Pierre de Rancho San Diego, en Californie. La chaîne télévisée éponyme a même consacré un reportage à cette soirée de “prière pour soutenir les prêtres qui ont été maintenant suspendus par Mgr Sako”.
L'un des moines mentionnés dans le décret, le Père Noël Gorgis, témoigne face à la caméra. “Me dire de rentrer en Irak...C'est comme me demander de me suicider”, explique ce prêtre. Comme d'autres prêtres, explique la chaîne, le Père Gorgis a “fui l'Irak au moment de la Guerre du Golfe” et a, depuis, créé une paroisse catholique chaldéenne en Californie, dans la ville d' El Cajon. L'article de 10 news précise que leur départ vers les Etats-Unis n'a “jamais été approuvé” par Mgr Sako, qui leur demande de rentre en Irak pour “corriger leur statut”.

Fidélité au Christ

Une position que le patriarche des chaldéens détaille longuement dans un entretien accordé ce lundi 20 octobre à Aleteia, en marge du consistoire consacré aux chrétiens d'Orient. “Les prêtres qui ont fui sans aucun document canonique encouragent les autres à partir, ainsi que leurs familles, précise Mgr Sako. Si nous ne fixons pas de limites, d'autres vont partir, l'Église et le pays resteront sans chrétiens.” 
Et de rappeler la vocation du prêtre, qui, s'étant “donné au Seigneur et à son service”, ne doit pas“chercher sa liberté, sa sécurité”. Pour Mgr Louis Raphaël Sako, l'avenir du prêtre “est la fidélité au Christ et aux personnes, pas en Amérique ou en Australie”.
Revenant sur le cas particulier des moines, qui le touche particulièrement, il précise : “un moine a fait le choix de la vie communautaire. Comment peut-il la laisser et s’en aller pour être curé aux Etats-Unis sans l’autorisation de son supérieur ?” À la journaliste italienne qui lui demande ce qui va se passer si les prêtres ne revenaient pas en Irak d'ici le 22 octobre, il répond : “Ils seront suspendus. Nous sommes des pasteurs et nous devons donner le bon exemple. Nous devons servir le troupeau.”

“L'exil n'est pas une solution”

Il maintient donc sa position, qu'il nous expliquait en août dernier : “La solution pour notre pays ne réside pas dans l’exil d’une partie de ses enfants, quelle que soit leur confession, mais dans une solution politique, qui nous permette de rester dans ce pays que nous aimons, et d’y vivre en sécurité, égalité, et dignité avec tous.” 
Une affaire qui “met en lumière l'un des facteurs les plus déterminants mais moins connus qui contribuent à l'extinction de communautés aux traditions millénaires”, analyse (en anglais) le Vatican Insider, rappelant ainsi la conviction profonde de Mgr Sako: “le dépérissement du christianisme” en Mésopotamie n'est pas seulement dû aux djihadistes de l'organisation Etat islamique, mais aussi aux prêtres et aux moines, qui “sont les premiers à fuir leur lieu de naissance pour 'trouver refuge' en Occident” comme “membres des communautés florissantes de la diaspora”.

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