En Irak, Qaraqosh la chrétienne relève la tête
REPORTAGE. Pour la première fois depuis la reprise de Mossoul, les évêques de France, conduits par le cardinal Barbarin, sont de retour à Ninive.
DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE EN IRAK, MARINE DE TILLY
Lundi à Erbil, capitale du Kurdistan d'Irak, tout le monde ne parlait que de cela. Trois semaines à peine après la « libération » de Mossoul – annoncée par le Premier ministre irakien le 9 juillet –, Philippe Barbarin, cardinal et archevêque de Lyon, a accepté l'invitation du patriarche de l'Église catholique chaldéenne Louis-Raphael Sako Ier : ensemble, ils vont entrer dans Mossoul libérée. Au pied levé, et alors même qu'une poignée de combattants de l'organisation État islamique résisteraient encore dans la vieille ville, au milieu des ruines, l'Église de France viendra témoigner de son amitié avec les chrétiens d'Irak. En décembre 2014, dans le cadre du jumelage entre les diocèses de Lyon et de Mossoul, le cardinal Barbarin avait visité à Erbil les camps de déplacés de la plaine de Ninive. La délégation lyonnaise avait alors offert à Monseigneur Bachar Warda, évêque chaldéen d'Erbil, une statue de Notre-Dame-de-Fourvière, destinée à être installée dans Mossoul libérée. C'est chose faite. Aux côtés de Monseigneur Pascal Gollnish, directeur de l'Œuvre d'Orient, et de plusieurs prêtres et évêques (dont Mgr Marc Stenger, évêque de Troye, président de Pax Christi, et Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry, en charge du dialogue interreligieux pour la Conférence des évêques de France), le cardinal ira donc déposer la Vierge dans Mossoul. Promesse tenue.
Arrivée à Erbil dans la nuit de dimanche à lundi, et avant d'aller à Mossoul, la délégation s'est rendue lundi à Qaraqosh, principale ville chrétienne de la plaine de Ninive. Sous les applaudissements des hommes et les youyous des femmes récemment rentrés dans leur ville (depuis la libération de la plaine, 370 familles se sont réinstallées à Qaraqosh), le cardinal a traversé le village à pied jusqu'à l'église d'Al Thaera (Immaculée Conception), où, après en avoir embrassé le seuil à genoux, il a concélébré la messe aux côtés du patriarche syriaque catholique de Mossoul et de Qaraqosh, Monseigneur Petros Moshe. Il y a trois ans, quasiment jour pour jour, c'est dans cette même église qu'il avait initié le jumelage Lyon-Mossoul. « Je suis venu ici le 29 juillet 2014, rappela-t-il dans son sermon. C'était magnifique, il y avait des chœurs, l'église était pleine. » Une semaine plus tard, dans la nuit du 6 août, Daech s'emparait de Qaraqosh.
L’amour est patient, l’amour ne se met pas en colère
Lundi matin, dans une Al Thaera calcinée, toujours debout mais défigurée par plus de deux ans d'occupation djihadiste, il n'y avait plus de chœurs mais « des cœurs pleins d'espoir ». « L'amour est patient, répéta le cardinal, l'amour ne se met pas en colère. » Les bras ouverts comme s'il embrassait l'assemblée, il poursuivit : « Tous les chrétiens du monde sont avec vous. Après tant d'agressions, de violences, de pillages, nous sommes tristes mais pleins d'espoir. » Dans les rangs des prélats de France et d'Orient comme dans ceux des généraux de la police de Qaraqosh, des NPU (Ninivieh Protection Units, les milices chrétiennes), des habitants et même des journalistes, l'émotion était tangible, tandis que dans le fond et sur lesAprès près de 800 jours d'occupation et 9 mois de nettoyage et de déminage, Qaraqosh la très chrétienne relève la tête, et l'Église de France est à son chevet. « Monseigneur Barbarin est notre ami, confie Petros Moshe en traversant le cloître criblé d'impacts de balles – Daech en avait fait un champ de tir. Nous sommes fiers de partager avec lui notre joie et notre fierté de retrouver Qaraqosh apaisée, tranquille, active, et dynamique. » Dans les rues qui reprennent vie, les stigmates de combats violents ; mais plus d'odeur de poussière et de feu : des effluves de peinture fraîche et le bruit des bétonnières qui tournent à plein régime. « Difficile de dire ce que nous ressentons », confie Ephrem, un habitant rentré avec ses deux fils et sa femme il y a trois semaines, et qui a spécialement pris sa journée pour assister à la messe et « voir les religieux français ». « C'est notre terre, c'est notre église, c'est notre vie qui est ici. »
http://www.lepoint.fr/monde/en-irak-qaraqosh-la-chretienne-releve-la-tete-25-07-2017-2145568_24.php?&m_i=uxOFEFgQ6xteUo1Qt4xOpxj5dJVo_87rEtpskdgXRJlO0sKdx7OWWRm6FtCylQJ_g_DJX%2BpEiHzrCR4CaDeWnuCY5SOuuo&boc=333128&M_BT=52544877662#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20170725
REPORTAGE. Pour la première fois depuis la reprise de Mossoul, les évêques de France, conduits par le cardinal Barbarin, sont de retour à Ninive.
DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE EN IRAK, MARINE DE TILLY
Lundi à Erbil, capitale du Kurdistan d'Irak, tout le monde ne parlait que de cela. Trois semaines à peine après la « libération » de Mossoul – annoncée par le Premier ministre irakien le 9 juillet –, Philippe Barbarin, cardinal et archevêque de Lyon, a accepté l'invitation du patriarche de l'Église catholique chaldéenne Louis-Raphael Sako Ier : ensemble, ils vont entrer dans Mossoul libérée. Au pied levé, et alors même qu'une poignée de combattants de l'organisation État islamique résisteraient encore dans la vieille ville, au milieu des ruines, l'Église de France viendra témoigner de son amitié avec les chrétiens d'Irak. En décembre 2014, dans le cadre du jumelage entre les diocèses de Lyon et de Mossoul, le cardinal Barbarin avait visité à Erbil les camps de déplacés de la plaine de Ninive. La délégation lyonnaise avait alors offert à Monseigneur Bachar Warda, évêque chaldéen d'Erbil, une statue de Notre-Dame-de-Fourvière, destinée à être installée dans Mossoul libérée. C'est chose faite. Aux côtés de Monseigneur Pascal Gollnish, directeur de l'Œuvre d'Orient, et de plusieurs prêtres et évêques (dont Mgr Marc Stenger, évêque de Troye, président de Pax Christi, et Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry, en charge du dialogue interreligieux pour la Conférence des évêques de France), le cardinal ira donc déposer la Vierge dans Mossoul. Promesse tenue.
Arrivée à Erbil dans la nuit de dimanche à lundi, et avant d'aller à Mossoul, la délégation s'est rendue lundi à Qaraqosh, principale ville chrétienne de la plaine de Ninive. Sous les applaudissements des hommes et les youyous des femmes récemment rentrés dans leur ville (depuis la libération de la plaine, 370 familles se sont réinstallées à Qaraqosh), le cardinal a traversé le village à pied jusqu'à l'église d'Al Thaera (Immaculée Conception), où, après en avoir embrassé le seuil à genoux, il a concélébré la messe aux côtés du patriarche syriaque catholique de Mossoul et de Qaraqosh, Monseigneur Petros Moshe. Il y a trois ans, quasiment jour pour jour, c'est dans cette même église qu'il avait initié le jumelage Lyon-Mossoul. « Je suis venu ici le 29 juillet 2014, rappela-t-il dans son sermon. C'était magnifique, il y avait des chœurs, l'église était pleine. » Une semaine plus tard, dans la nuit du 6 août, Daech s'emparait de Qaraqosh.
L’amour est patient, l’amour ne se met pas en colère
Lundi matin, dans une Al Thaera calcinée, toujours debout mais défigurée par plus de deux ans d'occupation djihadiste, il n'y avait plus de chœurs mais « des cœurs pleins d'espoir ». « L'amour est patient, répéta le cardinal, l'amour ne se met pas en colère. » Les bras ouverts comme s'il embrassait l'assemblée, il poursuivit : « Tous les chrétiens du monde sont avec vous. Après tant d'agressions, de violences, de pillages, nous sommes tristes mais pleins d'espoir. » Dans les rangs des prélats de France et d'Orient comme dans ceux des généraux de la police de Qaraqosh, des NPU (Ninivieh Protection Units, les milices chrétiennes), des habitants et même des journalistes, l'émotion était tangible, tandis que dans le fond et sur lesAprès près de 800 jours d'occupation et 9 mois de nettoyage et de déminage, Qaraqosh la très chrétienne relève la tête, et l'Église de France est à son chevet. « Monseigneur Barbarin est notre ami, confie Petros Moshe en traversant le cloître criblé d'impacts de balles – Daech en avait fait un champ de tir. Nous sommes fiers de partager avec lui notre joie et notre fierté de retrouver Qaraqosh apaisée, tranquille, active, et dynamique. » Dans les rues qui reprennent vie, les stigmates de combats violents ; mais plus d'odeur de poussière et de feu : des effluves de peinture fraîche et le bruit des bétonnières qui tournent à plein régime. « Difficile de dire ce que nous ressentons », confie Ephrem, un habitant rentré avec ses deux fils et sa femme il y a trois semaines, et qui a spécialement pris sa journée pour assister à la messe et « voir les religieux français ». « C'est notre terre, c'est notre église, c'est notre vie qui est ici. »
http://www.lepoint.fr/monde/en-irak-qaraqosh-la-chretienne-releve-la-tete-25-07-2017-2145568_24.php?&m_i=uxOFEFgQ6xteUo1Qt4xOpxj5dJVo_87rEtpskdgXRJlO0sKdx7OWWRm6FtCylQJ_g_DJX%2BpEiHzrCR4CaDeWnuCY5SOuuo&boc=333128&M_BT=52544877662#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20170725