La revue jésuite America bannit les termes "conservateur" et "progressiste"
Généralement elle-même qualifiée de "progressiste", véritable symbole du catholicisme "de gauche" aux Etats-Unis, la revue jésuite America lance une grande révolution en interne en choisissant de ne plus catégoriser les catholiques entre « progressistes » et « conservateurs ». Un changement expliqué par le nouveau rédacteur en chef de l'hebdomadaire, Matt Malone, qui publie un véritable manifeste de ce nouveau positionnement sur le site de la revue plus que centenaire, expliquant notamment que la société est « malade de ce poison qu'est l'idéologie partisane ».
« Quand nous envisageons l'Eglise en fonction de catégories politiques essentiellement laïques, alors ce n'est plus vraiment l'Eglise, ce n'est plus une communion mais un regroupement de factions. Et la conséquence de cela, c'est que les termes et la teneur des conversations ecclésiales deviennent de plus en plus difficiles à distinguer de celles du monde qui nous entoure. Pour ce qui nous concerne, les médias catholiques deviennent alors l'équivalent religieux des chaînes du câble : chacun a ses programmes favoris, et la plupart du temps ce sont ceux qui viennent le mieux satisfaire nos opinions préexistantes. »
A partir de ce constat, le jésuite Matt Malone rappelle notamment un passage de la lettre de saint Paul aux Galates (3, 28) : « Il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus », et explique que c'est donc en vertu de ce principe que la revue bannira désormais de ses pages tous les qualificatifs dont on affuble souvent les croyants, selon leur sensibilité.
Il explique ce choix par la volonté de « dépasser » les difficultés posées selon lui par l'« esprit de factions » : « Il n'y a pas de fidèles catholiques – qu'ils soient 'progressistes', 'conservateurs', 'modérés', hommes, femmes, homos, hétéros, jeunes, vieux, religieux, laïcs, Américains ou non – dont la voix ne serait pas la bienvenue dans America. Et en outre, pas de partie de l'Eglise où America ne soit pas chez lui. L'idée en vigueur qui voudrait que des catholiques ne pourraient pas travailler ensemble, prier ensemble ou réfléchir ensemble, sous prétexte qu'ils ne partagent pas la même philosophie, ne votent pas de la même façon, ne s'habillent pas pareil ou ont des goûts liturgiques différents, cette idée n'a pas sa place dans le corps du Christ. L'esprit partisan est l'affaire des politiques politiciennes, pas de la vie sacramentelle ».
Matt Malone justifie enfin le choix d'America par la radicalité à laquelle les croyants sont appelés, qui dépasse à ses yeux de loin les questions de sensibilité politique : « La doctrine sociale de l'Eglise, ce n'est pas le Parti Républicain avec un peu de justice économique en plus, pas plus que le Parti Démocrate sans le droit à l'avortement. Et ce n'est pas davantage un mélange des deux. La doctrine sociale de l'Eglise est bien plus radicale que nos politiques laïques, précisément parce qu'elle s'inspire de l'évangile, qui est lui-même un appel radical à devenir des disciples, soit des révolutionnaires opposés à toute notion humaine de pouvoir ».
Généralement elle-même qualifiée de "progressiste", véritable symbole du catholicisme "de gauche" aux Etats-Unis, la revue jésuite America lance une grande révolution en interne en choisissant de ne plus catégoriser les catholiques entre « progressistes » et « conservateurs ». Un changement expliqué par le nouveau rédacteur en chef de l'hebdomadaire, Matt Malone, qui publie un véritable manifeste de ce nouveau positionnement sur le site de la revue plus que centenaire, expliquant notamment que la société est « malade de ce poison qu'est l'idéologie partisane ».
« Quand nous envisageons l'Eglise en fonction de catégories politiques essentiellement laïques, alors ce n'est plus vraiment l'Eglise, ce n'est plus une communion mais un regroupement de factions. Et la conséquence de cela, c'est que les termes et la teneur des conversations ecclésiales deviennent de plus en plus difficiles à distinguer de celles du monde qui nous entoure. Pour ce qui nous concerne, les médias catholiques deviennent alors l'équivalent religieux des chaînes du câble : chacun a ses programmes favoris, et la plupart du temps ce sont ceux qui viennent le mieux satisfaire nos opinions préexistantes. »
A partir de ce constat, le jésuite Matt Malone rappelle notamment un passage de la lettre de saint Paul aux Galates (3, 28) : « Il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus », et explique que c'est donc en vertu de ce principe que la revue bannira désormais de ses pages tous les qualificatifs dont on affuble souvent les croyants, selon leur sensibilité.
Il explique ce choix par la volonté de « dépasser » les difficultés posées selon lui par l'« esprit de factions » : « Il n'y a pas de fidèles catholiques – qu'ils soient 'progressistes', 'conservateurs', 'modérés', hommes, femmes, homos, hétéros, jeunes, vieux, religieux, laïcs, Américains ou non – dont la voix ne serait pas la bienvenue dans America. Et en outre, pas de partie de l'Eglise où America ne soit pas chez lui. L'idée en vigueur qui voudrait que des catholiques ne pourraient pas travailler ensemble, prier ensemble ou réfléchir ensemble, sous prétexte qu'ils ne partagent pas la même philosophie, ne votent pas de la même façon, ne s'habillent pas pareil ou ont des goûts liturgiques différents, cette idée n'a pas sa place dans le corps du Christ. L'esprit partisan est l'affaire des politiques politiciennes, pas de la vie sacramentelle ».
Matt Malone justifie enfin le choix d'America par la radicalité à laquelle les croyants sont appelés, qui dépasse à ses yeux de loin les questions de sensibilité politique : « La doctrine sociale de l'Eglise, ce n'est pas le Parti Républicain avec un peu de justice économique en plus, pas plus que le Parti Démocrate sans le droit à l'avortement. Et ce n'est pas davantage un mélange des deux. La doctrine sociale de l'Eglise est bien plus radicale que nos politiques laïques, précisément parce qu'elle s'inspire de l'évangile, qui est lui-même un appel radical à devenir des disciples, soit des révolutionnaires opposés à toute notion humaine de pouvoir ».