Boire du lait ne protège pas des fractures
Le Point.fr - Publié le 20/11/2013 à 15:28 - Modifié le 20/11/2013 à 17:34
Une nouvelle étude remet en cause les vertus du lait dans la protection contre l'ostéoporose et les fractures.
Alors que l'on explique aux enfants et adolescents qu'il faut boire suffisamment de lait pour avoir de bons os plus tard, une nouvelle étude menée par des chercheurs à Harvard remet en cause ce principe. Jusqu'à présent, on pensait effectivement que, pour éviter l'ostéoporose et les fractures des séniors, il fallait suivre une alimentation riche en calcium et surtout en laitage durant l'adolescence, d'où les recommandations officielles de trois produits laitiers par jour durant cette période de la vie.
Mais les résultats d'une étude menée à grande échelle par l'université médicale de Harvard jettent aujourd'hui le trouble sur ce précepte véhiculé à grande échelle. Les chercheurs ont étudié la fréquence des fractures de la hanche chez 96 000 personnes (61 000 femmes et 35 000 hommes) sur une période de vingt-deux ans pour savoir si leur consommation de lait au cours de l'adolescence avait réduit leurs risques de cassure à un âge plus avancé. Surprise : aucun lien favorable entre une consommation élevée de lait et la réduction des fractures n'a pu être établi chez les femmes. Et pour les hommes, c'est même l'inverse qui a été remarqué ! Chaque verre supplémentaire de lait par jour consommé à l'adolescence augmente le risque de fracture de la hanche de 9 % !
Ces résultats laissent les scientifiques interrogatifs quant à leur interprétation. Ils avancent l'hypothèse que le lait favoriserait la croissance du squelette, notamment chez les hommes. De ce fait, leur taille plus élevée serait un facteur supplémentaire d'ostéoporose et de fractures.
L'influence des lobbies agroalimentaires ?
Toujours est-il que, pour les hommes comme pour les femmes, les avantages d'une forte consommation de lait sont remis en question. Déjà auparavant, d'autres études avaient jeté le doute sur les bénéfices du lait pour réduire l'ostéoporose. En juillet dernier, le Dr David Ludwig, un médecin pédiatre de l'hôpital pour enfants de Boston, et le Dr Walter Willett, un chercheur en nutrition de Harvard, ont commencé à émettre des doutes sur le sacro-saint principe de "trois produits laitiers par jour". Ils ont même laissé entendre que cette recommandation pourrait être influencée par les lobbies de l'industrie laitière.
Sans inciter à supprimer les laitages de l'alimentation, ils orientent vers un éventail alimentaire plus large, expliquant que les meilleures sources de calcium se trouvent aussi dans les sardines, le chou frisé ou les haricots blancs. Tous deux soulignent aussi que, dans les pays où les gens ne consomment pas de produits laitiers, le taux d'ostéoporose n'est pas supérieur. Mais ils expliquent également que, pour les enfants soumis à une alimentation peu équilibrée, la consommation de trois produits laitiers pourrait être préférable à rien du tout.
Faites du sport !
Si le débat sur la quantité et le type de produits laitiers à consommer quotidiennement est loin d'être clos, certains conseils de prévention de l'ostéoporose sont bien connus et peuvent déjà être appliqués : une alimentation saine faisant la part belle aux fruits et légumes ainsi qu'une activité physique régulière à tout âge. À l'adolescence, la pratique des sports de contacts au sol (course à pied, jeux de ballon ou de tennis...) est souvent citée, mais, quelle que soit l'activité physique choisie, elle entraîne une densité minérale osseuse de 10 à 20 % supérieure à celle des adolescents sédentaires.
Plus tard, chez la femme ménopausée comme chez le sujet plus âgé, des exercices quotidiens ralentissent la diminution de la masse osseuse, entretiennent la musculature comme l'équilibre et diminuent le risque de chute et de fracture. Enfin, plus que le calcium, ce sont surtout les carences en vitamine D, dues au manque d'exposition solaire, qui sont souvent mises en cause. Si vous n'avez pas la chance de profiter des rayons, demandez à votre médecin si une prise éventuelle de vitamine s'impose.