[img] [/img]
Une statue de la Sainte Mort en vente sur le marché de Juárez © hiperkama / flickr
Une camionnette aux vitres teintées freine brusquement. Un crissement de pneus se fait entendre. Nous sommes au pied d’une statue de 22 mètres de la Santa Muerte ("Sainte Mort") au bord d’une grande avenue de la banlieue de Mexico. Ici, on vénère une version macabre de la vierge de Guadalupe très populaire en Amérique latine. Un bras velu décoré d’une lourde gourmette se pose sur la portière de la camionnette. Des doigts chargés de bagues en or tapotent sur la carrosserie luisante. Le chauffeur sort en courant, va déposer une offrande au pied de la "Vierge des délinquants", comme on surnomme la Santa Muerte au Mexique, puis repart aussi vite.
A première vue, l’autel de Tultitlán en l’honneur à la Sainte Mort, ressemble à n’importe quel lieu de dévotion catholique au Mexique. Une Vierge couverte d’un voile avec à ses pieds, des cierges et des fleurs. Mais en lieu et place des yeux doux de la Vierge de Guadalupe, un crâne de tête de mort. Dans ce crâne, une balle de revolver, laissée là par un dévot. Et au pied de la statue en résine, des cierges rouges "qui aident spécifiquement nos adeptes lorsqu’ils ont des ennuis de justice", explique la vendeuse – et par ailleurs adepte - du temple de la Sainte Mort.
D’où vient l’odeur de soufre qui entoure le culte de cette figure macabre? "C’est à partir de la seconde moitié du XXe siècle que s’établit la Sainte Mort, lorsque dans les quartiers les plus populaires de la ville de Mexico, les délinquants, les prostituées, les voleurs, les prisonniers, les fumeurs de joints commencent à vénérer ce squelette enveloppé dans un châle", explique José Gil Olmos, journaliste et auteur de La Santa Muerte, la vierge des oubliés.
Aujourd’hui, la Sainte Mort ce sont 1500 autels ou temples improvisés, mais aussi des adeptes aussi célèbres que le ministre de la Sécurité publique, Genaro García Luna - au centre de l’affaire Florence Cassez - et un succès fou dans les prisons. Hérétique et diabolique pour les autorités catholiques, la Sainte Mort réunit des évocations "catholiques, indiennes, ésotériques et millénaristes pour demander des miracles que les vierges et les saintes ne réalisent pas : travail, amour, argent, santé et vengeance", détaille José Gil Olmos.
A l’entrée d’un autre temple, situé dans un quartier populaire de Mexico, une affichette demande aux fidèles d’être généreux "afin de soutenir le Père emprisonné injustement pour des délits d’enlèvements". David Romo, le prêtre autodéclaré du culte à la Sainte Mort a en effet été jeté en prison au début de l’année. Au nord du Mexique en 2009, dans le cadre de la guerre contre le narcotrafic, les autorités ont détruit près de Monterrey 30 autels de la Sainte Mort ainsi qu’un sanctuaire du Saint Malverde, surnommé "le saint des narcotrafiquants".
Situé à Culiacán dans le Sinaloa, le sanctuaire de la figure légendaire de Malverde serait utilisé par les barons de la drogue comme lieu de redistribution de sommes d’argent, afin de soutenir leur popularité. Enfin à Mexico, le culte de San Judas Tadeo, patron des causes difficiles, attire surtout les jeunes tatoués venus des quartiers populaires. Chaque mois, des milliers d’entre-eux convergent vers l’autel de ce saint, une figure en résine dans les bras, pour demander une protection plus que nécessaire dans leur vie en dent de scie.
LE MONDE des RELIGIONS.
Une statue de la Sainte Mort en vente sur le marché de Juárez © hiperkama / flickr
Une camionnette aux vitres teintées freine brusquement. Un crissement de pneus se fait entendre. Nous sommes au pied d’une statue de 22 mètres de la Santa Muerte ("Sainte Mort") au bord d’une grande avenue de la banlieue de Mexico. Ici, on vénère une version macabre de la vierge de Guadalupe très populaire en Amérique latine. Un bras velu décoré d’une lourde gourmette se pose sur la portière de la camionnette. Des doigts chargés de bagues en or tapotent sur la carrosserie luisante. Le chauffeur sort en courant, va déposer une offrande au pied de la "Vierge des délinquants", comme on surnomme la Santa Muerte au Mexique, puis repart aussi vite.
A première vue, l’autel de Tultitlán en l’honneur à la Sainte Mort, ressemble à n’importe quel lieu de dévotion catholique au Mexique. Une Vierge couverte d’un voile avec à ses pieds, des cierges et des fleurs. Mais en lieu et place des yeux doux de la Vierge de Guadalupe, un crâne de tête de mort. Dans ce crâne, une balle de revolver, laissée là par un dévot. Et au pied de la statue en résine, des cierges rouges "qui aident spécifiquement nos adeptes lorsqu’ils ont des ennuis de justice", explique la vendeuse – et par ailleurs adepte - du temple de la Sainte Mort.
D’où vient l’odeur de soufre qui entoure le culte de cette figure macabre? "C’est à partir de la seconde moitié du XXe siècle que s’établit la Sainte Mort, lorsque dans les quartiers les plus populaires de la ville de Mexico, les délinquants, les prostituées, les voleurs, les prisonniers, les fumeurs de joints commencent à vénérer ce squelette enveloppé dans un châle", explique José Gil Olmos, journaliste et auteur de La Santa Muerte, la vierge des oubliés.
Aujourd’hui, la Sainte Mort ce sont 1500 autels ou temples improvisés, mais aussi des adeptes aussi célèbres que le ministre de la Sécurité publique, Genaro García Luna - au centre de l’affaire Florence Cassez - et un succès fou dans les prisons. Hérétique et diabolique pour les autorités catholiques, la Sainte Mort réunit des évocations "catholiques, indiennes, ésotériques et millénaristes pour demander des miracles que les vierges et les saintes ne réalisent pas : travail, amour, argent, santé et vengeance", détaille José Gil Olmos.
A l’entrée d’un autre temple, situé dans un quartier populaire de Mexico, une affichette demande aux fidèles d’être généreux "afin de soutenir le Père emprisonné injustement pour des délits d’enlèvements". David Romo, le prêtre autodéclaré du culte à la Sainte Mort a en effet été jeté en prison au début de l’année. Au nord du Mexique en 2009, dans le cadre de la guerre contre le narcotrafic, les autorités ont détruit près de Monterrey 30 autels de la Sainte Mort ainsi qu’un sanctuaire du Saint Malverde, surnommé "le saint des narcotrafiquants".
Situé à Culiacán dans le Sinaloa, le sanctuaire de la figure légendaire de Malverde serait utilisé par les barons de la drogue comme lieu de redistribution de sommes d’argent, afin de soutenir leur popularité. Enfin à Mexico, le culte de San Judas Tadeo, patron des causes difficiles, attire surtout les jeunes tatoués venus des quartiers populaires. Chaque mois, des milliers d’entre-eux convergent vers l’autel de ce saint, une figure en résine dans les bras, pour demander une protection plus que nécessaire dans leur vie en dent de scie.
LE MONDE des RELIGIONS.