Introduction à la BIBLE Auteur : Anonyme
Type : Enseignement
Thème : Commentaires Bible Annotée Neuchâtel
Source : Theotex
Publié sur Lueur le 01/08/2011
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La Bible : ce nom réveille le souvenir des plus saintes émotions qui aient fait battre le coeur humain ; il rappelle à la pensée toutes les hautes espérances qui relèvent l'existence terrestre de son assujettissement à la loi de la souffrance et de la mort et qui la rattachent à un ordre de choses parfait, objet de nos meilleures aspirations. On peut dire que ce livre est entre les livres ce que le Fils de l'homme a été parmi les hommes. C'est ce qu'exprime ce nom de « Bible » ou « le Livre, » mot qui est proprement un pluriel grec (bibliales livres) et que, le latin du moyen-âge a transformé en un singulier féminin, sans doute pour désigner cet ensemble d'écrits comme le livre par excellence, le moyen indispensable à chaque homme pour réaliser sa divine destination.
La Bible n'est pas à proprement parler un livre unique ; c'est un tout comprenant soixante-six écrits, composés durant les quinze siècles qui ont précédé la venue de Jésus-Christ et pendant le siècle qui l'a suivie, et, s'il est permis de hasarder ce chiffre, par une cinquantaine d'auteurs1 qui, sauf saint Luc, ont tous été d'origine juive. Les trente-neuf qui forment le premier recueil, appelé l'Ancien Testament, sont écrits presque entièrement en langue hébraïque ; les vingt-sept que comprend le second recueil, le Nouveau Testament, ont été composés en grec ; c'était la langue qui, depuis les conquêtes d'Alexandre-le-Grand, était devenue en quelque sorte la langue universelle. Le lien qui réunit en un tout ces soixante-six écrits est la pensée commune du règne de Dieu qui doit s'établir un jour au sein de l'humanité.
Dieu accomplit, en effet, une oeuvre à l'égard des hommes, oeuvre d'éducation et de rédemption, qui doit aboutir à la parfaite réalisation du Bien sur la terre. Mais cette oeuvre ne peut s'accomplir sans le concours de l'homme. Etres libres, nous devons nous y associer avec connaissance de cause, soit pour travailler à son accomplissement en nous-mêmes, soit pour la propager au sein de l'humanité. Pour l'un comme pour l'autre de ces buts, il est indispensable que nous connaissions et comprenions ce travail divin, et la Bible est le moyen permanent dont Dieu. a voulu se servir pour procurer aux hommes cette connaissance. Qu'il nous soit permis de développer en quelques mots cette pensée.
En créant l'homme à son image, Dieu s'est proposé, de donner l'existence à un être qu'il pût élever jusqu'à lui, associer à sa vie sainte et initier à ses pensées d'amour envers tous les êtres, afin de faire de lui l'organe de son activité et d'être un jour tout en lui. Aussi commença-t-il immédiatement à son égard un travail éducatif, dont l'acte le plus caractéristique fut un commandement propre à élever l'homme de la dépendance de ses instincts naturels à la pleine domination de lui-même, à la liberté morale.
Cette oeuvre d'éducation ne cessa point lorsque, par sa désobéissance, l'homme rompit volontairement le lien spirituel qui l'unissait à Dieu ; mais elle changea de nature. Tout en travaillant à élever l'homme, Dieu dut s'occuper de son relèvement. D'éducative, son oeuvre devint rédemptrice, libératrice. Par la faute qu'il avait commise, l'homme s'était attiré deux maux : il avait encouru la condamnation divine et il était tombé sous l'esclavage de ses penchants. Jésus l'a dit : « Celui qui fait le péché est esclave du péché. » Une fois ce principe d'opposition à la volonté divine, l'amour prépondérant du moi, introduit dans la nature humaine, il ne pouvait que produire ses fruits. Si donc la haute destination de l'homme devait se réaliser encore, une délivrance, était nécessaire, délivrance qui, d'un côté, devait être l'oeuvre de Dieu, mais qui, de l'autre, ne pouvait s'accomplir chez l'homme sans son consentement et sa coopération. On comprend ainsi : 1° pourquoi le travail d'éducation dut devenir en même temps une oeuvre de rédemption ; et 2° pourquoi cette rédemption dut nécessairement être accompagnée d'une oeuvre de révélation. Si l'homme, comme être libre, devait concourir activement à sa propre délivrance, et par conséquent connaître le plan de Dieu. à son égard, il fallait que ce plan lui fût révélé ; car par lui-même il n'eût pu le découvrir ; il eût ignoré jusqu'à l'intention de Dieu de lui faire grâce et de le sauver. L'acte par lequel Dieu fait connaître à l'homme ses pensées envers lui, c'est la révélation.
Il y a une révélation primitive, universelle, permanente, celle que Dieu opère, dès le commencement, dans le coeur de l'homme par le moyen des oeuvres de la nature qu'il a placées sous nos yeux comme un tableau toujours présent, où nous pouvons contempler et étudier ses admirables perfections, en particulier sa puissance, sa sagesse et sa bonté2. En face de ce spectacle, il suffit à l'homme, de ses sens, de son intelligence et de quelque réflexion pour entrevoir, à travers tant de causes agissantes et d'effets produits, tant de moyens appropriés à tant de buts bienfaisants, la cause première d'un tel univers, l'auteur intelligent et bon d'un pareil ouvrage.
A cette révélation s'en joignit, dès l'origine, une plus intime et plus éloquente encore, sans laquelle la révélation extérieure eût difficilement été comprise ; nous voulons parler de la voix solennelle qui proclame dans la conscience humaine la loi morale, la distinction du bien et du mal, l'obligation de choisir le premier et de rejeter le second. Cette voix, indépendante de notre volonté et de nos penchants, nous révèle Dieu comme l'être saint, comme le législateur qui prescrit le bien et condamne le mal, comme le juge qui punit l'un et récompense l'autre, comme l'être à l'oeil duquel rien n'échappe. C'était cette révélation, que Dieu donne incessamment de sa présence et de sa volonté par le double moyen de la nature et de la conscience, que l'apôtre avait en vue quand il disait aux païens d'Asie-Mineure « Dieu ne s'est pas laissé sans témoignage3. » C'est là le point de départ de tout sentiment religieux chez les hommes, le point d'appui de toute l'éducation par laquelle Dieu cherche à les élever à lui, le principe de l'idée plus ou moins confuse de l'être divin, qui a formé de tout temps et forme encore aujourd'hui le fond du paganisme même le plus dégradé.