Les évêques canadiens trop à droite?
Natalia Trouiller - publié le 02/11/2012
Le Centre Justice et foi, équivalent du CERAS français, lance un pavé dans la mare en interpellant les évêques canadiens sur leur proximité supposée avec le pouvoir de droite, qui les conduirait à ne plus affirmer avec autant de force qu'avant la solidarité de l'Eglise avec les plus pauvres.
En France, nous avons le CERAS (Centre d'études, de recherche et d'action sociale): un organisme d'Action populaire créé par les jésuites et dont le but est la promotion d'une société plus juste. Au Québec, le même organisme a pour nom le Centre Justice et Foi. Egalement fondé par les jésuites, le CJF vient de publier une lettre ouverte au président de la Conférence des évêques du Canada (CECC) qui ne mâche pas ses mots: "Monseigneur, dans les derniers mois, nous avons été consternés par certaines décisions prises par la CECC ou par le silence que cette dernière a choisi de garder devant certains enjeux. En outre, la façon de faire de quelques membres de sa direction nous inquiète profondément".
> "Au fond, ce sont les principes de l’ecclésiologie insufflée par le concile Vatican II qui nous semblent mis en péril par les orientations actuelles de la CECC. Dans les faits, cela se traduit par de graves reculs à l’égard de la riche tradition de l’enseignement social de l’Église, et par un conservatisme politique qui n’a rien à voir avec l’Évangile. Ces nouvelles orientations démontrent également une perte de volonté, au sein de l’épiscopat canadien, d’assumer sa responsabilité de dénoncer les choix politiques nuisant à la dignité et aux droits des personnes, ainsi qu’à la réalisation d’une société plus juste et solidaire – et ce, quelque soit le parti politique au pouvoir. Elles révèlent, enfin, une Église officielle de moins en moins intéressée à travailler de concert avec les organisations et les mouvements sociaux préoccupés par la justice sociale".
> En cause, selon le CJF, plusieurs prises de position de la CECC qui "court-circuitent" certaines initiatives catholiques, comme celle proposée par Développement et Paix (le Secours catholique local) qui souhaitait imprimer et diffuser des cartes postales destinées à alerter les gouvernants canadiens sur les mesures de réduction drastique de l'aide internationale. Le signe, selon le CJF, d'une volonté de "placer la préservation de vos 'bonnes relations' avec le gouvernement conservateur au-dessus de toute considération".
> Les (non) prises de position officielles des évêques sur la question des migrants, toujours selon le CJF, sont également pointées du doigt: "Vos positions à l'égard des politiques canadiennes d'immigration n'apparaissent toujours pas claires et transparentes. Pendant ce temps, le gouvernement Harper continue de contribuer à la fragilisation du statut des migrants les plus vulnérables, la dernière annonce en liste étant l'introduction de la résidence permanente temporaire qui aura des conséquences néfastes, particulièrement pour les femmes les plus démunies". Enfin, le CFJ déplore avec vigueur la suppression par les évêques du poste de Conseiller principal pour les questions de justice sociale, qui représentait les évêques "dans les concertations avec les autres Eglises et organisations sur les dossiers qui permettent d'actualiser et d'incarner l'engagement social de l'Eglise".
Natalia Trouiller - publié le 02/11/2012
Le Centre Justice et foi, équivalent du CERAS français, lance un pavé dans la mare en interpellant les évêques canadiens sur leur proximité supposée avec le pouvoir de droite, qui les conduirait à ne plus affirmer avec autant de force qu'avant la solidarité de l'Eglise avec les plus pauvres.
En France, nous avons le CERAS (Centre d'études, de recherche et d'action sociale): un organisme d'Action populaire créé par les jésuites et dont le but est la promotion d'une société plus juste. Au Québec, le même organisme a pour nom le Centre Justice et Foi. Egalement fondé par les jésuites, le CJF vient de publier une lettre ouverte au président de la Conférence des évêques du Canada (CECC) qui ne mâche pas ses mots: "Monseigneur, dans les derniers mois, nous avons été consternés par certaines décisions prises par la CECC ou par le silence que cette dernière a choisi de garder devant certains enjeux. En outre, la façon de faire de quelques membres de sa direction nous inquiète profondément".
> "Au fond, ce sont les principes de l’ecclésiologie insufflée par le concile Vatican II qui nous semblent mis en péril par les orientations actuelles de la CECC. Dans les faits, cela se traduit par de graves reculs à l’égard de la riche tradition de l’enseignement social de l’Église, et par un conservatisme politique qui n’a rien à voir avec l’Évangile. Ces nouvelles orientations démontrent également une perte de volonté, au sein de l’épiscopat canadien, d’assumer sa responsabilité de dénoncer les choix politiques nuisant à la dignité et aux droits des personnes, ainsi qu’à la réalisation d’une société plus juste et solidaire – et ce, quelque soit le parti politique au pouvoir. Elles révèlent, enfin, une Église officielle de moins en moins intéressée à travailler de concert avec les organisations et les mouvements sociaux préoccupés par la justice sociale".
> En cause, selon le CJF, plusieurs prises de position de la CECC qui "court-circuitent" certaines initiatives catholiques, comme celle proposée par Développement et Paix (le Secours catholique local) qui souhaitait imprimer et diffuser des cartes postales destinées à alerter les gouvernants canadiens sur les mesures de réduction drastique de l'aide internationale. Le signe, selon le CJF, d'une volonté de "placer la préservation de vos 'bonnes relations' avec le gouvernement conservateur au-dessus de toute considération".
> Les (non) prises de position officielles des évêques sur la question des migrants, toujours selon le CJF, sont également pointées du doigt: "Vos positions à l'égard des politiques canadiennes d'immigration n'apparaissent toujours pas claires et transparentes. Pendant ce temps, le gouvernement Harper continue de contribuer à la fragilisation du statut des migrants les plus vulnérables, la dernière annonce en liste étant l'introduction de la résidence permanente temporaire qui aura des conséquences néfastes, particulièrement pour les femmes les plus démunies". Enfin, le CFJ déplore avec vigueur la suppression par les évêques du poste de Conseiller principal pour les questions de justice sociale, qui représentait les évêques "dans les concertations avec les autres Eglises et organisations sur les dossiers qui permettent d'actualiser et d'incarner l'engagement social de l'Eglise".