En 1968, on découvrit par hasard quelques cavernes mortuaires près de Jérusalem. Parmi les ossements mis au jour, certains semblaient constituer une trouvaille exceptionnelle: des os de talon transpercés d’un clou rouillé. Nico Haas, anatomiste et anthropologue de la faculté de médecine de l’Université Hadassah, a minutieusement étudié ces os. La très sérieuse revue Israel Exploration Journal (1970, volume 20, pages 38-59) a publié les conclusions de ce scientifique, et celles-ci ont donné matière à des articles de journaux qui ont fait sensation. Quelles étaient ces conclusions? Selon Nico Haas, ce qu’on avait découvert n’était rien de moins que les ossements d’un homme crucifié au I siècle. Au moment de l’exécution, on avait semble-t-il cloué les deux talons de la victime sur un poteau vertical, mais le clou s’était tordu en rencontrant un nœud dans le bois. Après que le supplicié juif eut expiré, les siens n’arrivèrent pas à ôter le clou de ses talons, et ils l’enterrèrent donc avec. Comme un seul clou transperçait les os des deux talons et que les os des jambes semblaient former un angle, Nico Haas a affirmé que la victime avait vraisemblablement été suppliciée dans la position avec jambes jointes et repliées. (D’autre part, selon Nico Haas, un os de bras présentait une éraflure indiquant que l’homme avait eu les bras cloués sur une barre transversale.) Peut-être avez-vous vu ce dessin dans un journal ou une revue. Beaucoup ont été captivés par ces informations en songeant aux indications qu’elles pouvaient fournir sur la position dans laquelle Jésus est mort.
Toutefois, posons à nouveau cette question: Ce témoignage était-il digne de foi et nous apprend-il quelque chose sur l’exécution de Jésus?
Au cours des années suivantes, des savants célèbres comme le professeur Yigal Yadin ont mis en doute l’exactitude des conclusions de Nico Haas. Finalement, la revue Israel Exploration Journal (1985, volume 35, pages 22-27) a publié un rapport sur le "réexamen" des ossements qu’ont effectué l’anthropologue Joseph Zias (des services israéliens chargés des Antiquités et des Musées) et Éliezer Sekeles (de la faculté de médecine de l’Université Hadassah). Ces scientifiques avaient étudié les notes, les photographies, les radiographies et les moulages originaux des os en question. Certaines de leurs découvertes ont de quoi surprendre: Le clou était plus court que Nico Haas ne l’avait déclaré; il n’aurait pas été assez long pour transpercer les os des deux talons et s’enfoncer dans le bois. Les morceaux d’os avaient été incorrectement identifiés. Aucun d’eux ne provenait d’un second talon; le clou ne transperçait qu’un seul talon. Certains fragments d’os provenaient d’un autre individu. L’éraflure de l’os du bras "n’était pas une preuve convaincante" indiquant que celui-ci avait été cloué sur une barre transversale; ‘en réalité, on a observé deux marques semblables sur l’os d’une jambe; celles-ci n’ont rien à voir non plus avec le crucifiement’. À quelles conclusions ces savants ont-ils abouti après ce nouvel examen? "Les reconstitutions initiale et finale du crucifiement [faites par Nico Haas] sont techniquement et anatomiquement démenties par ces nouvelles observations (...). Nous n’avons trouvé aucun os du talon gauche, et d’après nos calculs la longueur du clou ne permettait de fixer qu’un seul talon (...). L’absence de fracture à l’avant-bras et aux métacarpes semble indiquer que les bras du supplicié ont été liés plutôt que cloués." Qu’indiquent ces conclusions à propos de la position dans laquelle Jésus est mort? Pas grand-chose, à vrai dire! Voici ce qu’on peut lire dans une encyclopédie (The International Standard Bible Encyclopedia, édition de 1979) à l’entrée "Croix": "À l’origine, le terme grec stauros désignait un poteau de bois taillé en pointe, dressé verticalement et fixé solidement dans le sol. (...) On positionnait ces poteaux côte à côte, en rangées, afin de former des clôtures ou des palissades défensives autour des campements, ou on les dressait séparément pour qu’ils servent d’instruments de supplice sur lesquels on exécutait publiquement les grands criminels (ou, s’ils étaient déjà morts, pour déshonorer complètement leur cadavre)." Certes, les Romains se servaient d’un instrument d’exécution appelé crux en latin. Et ce mot crux a été utilisé dans les traductions de la Bible en latin pour rendre le terme grec stauros. Comme le mot latin crux et le mot français croix se ressemblent, beaucoup pensent à tort qu’une crux était nécessairement un poteau muni d’une barre transversale. Mais le Dictionnaire impérial de la Bible (angl.) déclare à ce propos: "Même chez les Romains, la crux (dont dérive notre mot croix) devait être à l’origine un poteau droit, et ceci est resté vrai dans la plupart des cas." On trouve des renseignements supplémentaires à ce sujet dans le livre La croix non chrétienne (angl.): "Dans le grec original, pas un seul des nombreux livres du Nouveau Testament ne contient la moindre phrase prouvant même indirectement que le stauros utilisé pour Jésus était autre chose qu’un stauros ordinaire [un pieu ou un poteau]; rien ne prouve, à plus forte raison, qu’il se composait non pas d’une, mais de deux pièces de bois clouées ensemble en forme de croix." Il se peut fort bien que le Christ ait été cloué sur une sorte de crux (stauros) appelée crux simplex. Celle-ci correspond à cette description, comme l’indique la représentation qu’en a faite un érudit catholique du XVI siècle, Justus Lipsius.
Que dire de l’autre mot grec, xulon? Il apparaît dans la version grecque des Septante, en Esdras 6:11. Ce texte est rendu comme suit dans la version Segond : « Et voici l'ordre que je donne touchant quiconque transgressera cette parole: on arrachera de sa maison une pièce de bois, on la dressera pour qu'il y soit attaché, et l'on fera de sa maison un tas d'immondices. » Quand à la traduction de Jérusalem elle rend ce verset de la sorte : « J'ordonne encore ceci : quiconque transgressera cet édit, on arrachera de sa maison une poutre : elle sera dressée et il y sera empalé; quant à sa maison, on en fera, pour ce forfait, un bourbier. » De toute évidence, il n’est question ici que d’une seule pièce de bois, ou "poutre". Par conséquent, de nombreux traducteurs des Écritures grecques chrétiennes (Nouveau Testament) ont rendu les paroles de Pierre rapportées en Actes 5:30 comme suit: "Le Dieu de nos ancêtres a relevé Jésus, que vous avez tué en le pendant à un poteau [ou "au bois", selon les versions Chouraqui, Darby, Synodale, Segond, et la Traduction Œcuménique de la Bible ]." Peut-être pourriez-vous également considérer comment votre Bible rend le terme xulon en Actes 10:39; 13:29, en Galates 3:13 et en I Pierre 2:24. Il est donc on ne peut plus probable que Jésus a été exécuté sur un poteau vertical dépourvu de toute barre transversale. Personne aujourd’hui ne peut même savoir avec certitude combien de clous ont été utilisés dans le cas de Jésus. Voici ce qu’une encyclopédie (The International Standard Bible Encyclopedia, 1979, tome I, page 826) déclare à ce sujet: "Le nombre exact de clous utilisés (...) fait l’objet de bien des conjectures. Dans les plus anciennes représentations de la crucifixion, les pieds de Jésus sont cloués séparément, mais dans les plus récentes ils sont croisés et fixés au bois par un seul clou." Ce que nous savons, c’est que ses mains ou ses bras n’ont pas été simplement attachés. Après la mort de Jésus, Thomas déclara en effet: "Je ne croirai pas, à moins de voir à ses mains la marque des clous." (Jean 20:25). Soit cette mention de "clous" au pluriel indique que chaque main a été transpercée par un clou, soit elle se rapporte aux marques qui étaient visibles sur ‘ses mains et ses pieds’. (Voir Luc 24:39.) Nous ne pouvons pas non plus savoir avec exactitude où les clous ont transpercé Jésus, bien que ce fût de toute évidence dans la région des mains. Le récit biblique ne fournit pas de détails précis, ce qui n’est d’ailleurs pas nécessaire. Si les savants qui ont examiné de près les os découverts à proximité de Jérusalem en 1968 ne peuvent même pas déterminer avec certitude dans quelle position le supplicié est mort, cette découverte ne permet certainement pas de préciser celle dans laquelle Jésus a été exécuté. Les dessins représentant la mise à mort de Jésus que vous pouvez voir à divers endroits doivent donc avoir simplement pour but d’illustrer cet événement. Ils ne sont pas destinés à fournir des indications anatomiques péremptoires. Point n’est besoin que ces dessins reflètent les opinions fluctuantes et contradictoires des savants; d’autre part, en aucun cas ils ne doivent représenter des symboles religieux issus du paganisme antique.
Toutefois, posons à nouveau cette question: Ce témoignage était-il digne de foi et nous apprend-il quelque chose sur l’exécution de Jésus?
Au cours des années suivantes, des savants célèbres comme le professeur Yigal Yadin ont mis en doute l’exactitude des conclusions de Nico Haas. Finalement, la revue Israel Exploration Journal (1985, volume 35, pages 22-27) a publié un rapport sur le "réexamen" des ossements qu’ont effectué l’anthropologue Joseph Zias (des services israéliens chargés des Antiquités et des Musées) et Éliezer Sekeles (de la faculté de médecine de l’Université Hadassah). Ces scientifiques avaient étudié les notes, les photographies, les radiographies et les moulages originaux des os en question. Certaines de leurs découvertes ont de quoi surprendre: Le clou était plus court que Nico Haas ne l’avait déclaré; il n’aurait pas été assez long pour transpercer les os des deux talons et s’enfoncer dans le bois. Les morceaux d’os avaient été incorrectement identifiés. Aucun d’eux ne provenait d’un second talon; le clou ne transperçait qu’un seul talon. Certains fragments d’os provenaient d’un autre individu. L’éraflure de l’os du bras "n’était pas une preuve convaincante" indiquant que celui-ci avait été cloué sur une barre transversale; ‘en réalité, on a observé deux marques semblables sur l’os d’une jambe; celles-ci n’ont rien à voir non plus avec le crucifiement’. À quelles conclusions ces savants ont-ils abouti après ce nouvel examen? "Les reconstitutions initiale et finale du crucifiement [faites par Nico Haas] sont techniquement et anatomiquement démenties par ces nouvelles observations (...). Nous n’avons trouvé aucun os du talon gauche, et d’après nos calculs la longueur du clou ne permettait de fixer qu’un seul talon (...). L’absence de fracture à l’avant-bras et aux métacarpes semble indiquer que les bras du supplicié ont été liés plutôt que cloués." Qu’indiquent ces conclusions à propos de la position dans laquelle Jésus est mort? Pas grand-chose, à vrai dire! Voici ce qu’on peut lire dans une encyclopédie (The International Standard Bible Encyclopedia, édition de 1979) à l’entrée "Croix": "À l’origine, le terme grec stauros désignait un poteau de bois taillé en pointe, dressé verticalement et fixé solidement dans le sol. (...) On positionnait ces poteaux côte à côte, en rangées, afin de former des clôtures ou des palissades défensives autour des campements, ou on les dressait séparément pour qu’ils servent d’instruments de supplice sur lesquels on exécutait publiquement les grands criminels (ou, s’ils étaient déjà morts, pour déshonorer complètement leur cadavre)." Certes, les Romains se servaient d’un instrument d’exécution appelé crux en latin. Et ce mot crux a été utilisé dans les traductions de la Bible en latin pour rendre le terme grec stauros. Comme le mot latin crux et le mot français croix se ressemblent, beaucoup pensent à tort qu’une crux était nécessairement un poteau muni d’une barre transversale. Mais le Dictionnaire impérial de la Bible (angl.) déclare à ce propos: "Même chez les Romains, la crux (dont dérive notre mot croix) devait être à l’origine un poteau droit, et ceci est resté vrai dans la plupart des cas." On trouve des renseignements supplémentaires à ce sujet dans le livre La croix non chrétienne (angl.): "Dans le grec original, pas un seul des nombreux livres du Nouveau Testament ne contient la moindre phrase prouvant même indirectement que le stauros utilisé pour Jésus était autre chose qu’un stauros ordinaire [un pieu ou un poteau]; rien ne prouve, à plus forte raison, qu’il se composait non pas d’une, mais de deux pièces de bois clouées ensemble en forme de croix." Il se peut fort bien que le Christ ait été cloué sur une sorte de crux (stauros) appelée crux simplex. Celle-ci correspond à cette description, comme l’indique la représentation qu’en a faite un érudit catholique du XVI siècle, Justus Lipsius.
Que dire de l’autre mot grec, xulon? Il apparaît dans la version grecque des Septante, en Esdras 6:11. Ce texte est rendu comme suit dans la version Segond : « Et voici l'ordre que je donne touchant quiconque transgressera cette parole: on arrachera de sa maison une pièce de bois, on la dressera pour qu'il y soit attaché, et l'on fera de sa maison un tas d'immondices. » Quand à la traduction de Jérusalem elle rend ce verset de la sorte : « J'ordonne encore ceci : quiconque transgressera cet édit, on arrachera de sa maison une poutre : elle sera dressée et il y sera empalé; quant à sa maison, on en fera, pour ce forfait, un bourbier. » De toute évidence, il n’est question ici que d’une seule pièce de bois, ou "poutre". Par conséquent, de nombreux traducteurs des Écritures grecques chrétiennes (Nouveau Testament) ont rendu les paroles de Pierre rapportées en Actes 5:30 comme suit: "Le Dieu de nos ancêtres a relevé Jésus, que vous avez tué en le pendant à un poteau [ou "au bois", selon les versions Chouraqui, Darby, Synodale, Segond, et la Traduction Œcuménique de la Bible ]." Peut-être pourriez-vous également considérer comment votre Bible rend le terme xulon en Actes 10:39; 13:29, en Galates 3:13 et en I Pierre 2:24. Il est donc on ne peut plus probable que Jésus a été exécuté sur un poteau vertical dépourvu de toute barre transversale. Personne aujourd’hui ne peut même savoir avec certitude combien de clous ont été utilisés dans le cas de Jésus. Voici ce qu’une encyclopédie (The International Standard Bible Encyclopedia, 1979, tome I, page 826) déclare à ce sujet: "Le nombre exact de clous utilisés (...) fait l’objet de bien des conjectures. Dans les plus anciennes représentations de la crucifixion, les pieds de Jésus sont cloués séparément, mais dans les plus récentes ils sont croisés et fixés au bois par un seul clou." Ce que nous savons, c’est que ses mains ou ses bras n’ont pas été simplement attachés. Après la mort de Jésus, Thomas déclara en effet: "Je ne croirai pas, à moins de voir à ses mains la marque des clous." (Jean 20:25). Soit cette mention de "clous" au pluriel indique que chaque main a été transpercée par un clou, soit elle se rapporte aux marques qui étaient visibles sur ‘ses mains et ses pieds’. (Voir Luc 24:39.) Nous ne pouvons pas non plus savoir avec exactitude où les clous ont transpercé Jésus, bien que ce fût de toute évidence dans la région des mains. Le récit biblique ne fournit pas de détails précis, ce qui n’est d’ailleurs pas nécessaire. Si les savants qui ont examiné de près les os découverts à proximité de Jérusalem en 1968 ne peuvent même pas déterminer avec certitude dans quelle position le supplicié est mort, cette découverte ne permet certainement pas de préciser celle dans laquelle Jésus a été exécuté. Les dessins représentant la mise à mort de Jésus que vous pouvez voir à divers endroits doivent donc avoir simplement pour but d’illustrer cet événement. Ils ne sont pas destinés à fournir des indications anatomiques péremptoires. Point n’est besoin que ces dessins reflètent les opinions fluctuantes et contradictoires des savants; d’autre part, en aucun cas ils ne doivent représenter des symboles religieux issus du paganisme antique.