Le mémorial des vingt-six crucifiés de Nagasaki. © DR
NAGASAKI DEVIENT UN "HAUT LIEU DE PELERINAGE"
C'est ce qu'a décidé la Conférence des évêques japonais le 11 juin dernier, rapporte Eglises d'Asie. Et ce n'est pas à cause de la bombe atomique qui a éradiqué la bougade en 1945, mais pour honorer la mémoire des 26 chrétiens - dont trois enfants - crucifiés le 5 février 1597, premiers martyrs d'une longue série qui compte des dizaines de milliers de morts - jusqu'à 300.000 selon certains historiens. Cette persécution, une des plus dures de l'Histoire, avait été déclenchée par Toyotomi Hideyoshi, un empereur convaincu que le succès du christianisme dans le pays menaçait son autorité.
> Devant la menace, des milliers de chrétiens entrèrent dans la clandestinité, masquant le culte chrétien derrière les divinités shinto. La Vierge Marie était honorée sous les traits de la déesse Kannon. Privés de prêtres, les Kakure Kirishitan ("chrétiens cachés") ont gardé un repas commémoratif à base de saké et de viande de baleine en lieu et place du pain et du vin, et ont recentré leur foi sur la sphère domestique, où l'on priait l'oratio - le mot est resté -, squelette de prière catholique émaillée de mots portugais, latins, japonais et... mystérieux, si l'on en juge par son entame: Gururiyôza dômino.
> Leurs bibles et catéchismes, détruits par les autorités, furent mémorisés et transmis de génération en génération, avec une inévitable perte de données. Ainsi naquit le Livre du commencement du ciel et de la terre, agrégation remarquable d'éléments bibliques et bouddhistes. Durant les trois cents ans que dura la persécution, les Kakure Kirishitan attendirent dans l'isolement le plus complet le retour de prêtres, qu'ils reconnaîtraient à trois critères, selon la tradition: qu'ils se désignent comme envoyés, qu'ils soient célibataires, et qu'ils connaissent le nom de la Vierge Marie. Jusque-là, le seul sacrement pratiqué serait le baptême, dont un membre de chaque village était chargé.
> Lorsque la liberté religieuse revint au Japon en 1873, les Kakure Kirishitan gardèrent pour beaucoup d'entre eux le culte du secret. La moitié environ refusa même de rejoindre officiellement l'Eglise catholique et continua de pratiquer son culte de façon cachée. Les autres, environ 20.000 personnes, sont devenus le noyau de l'actuelle Eglise catholique au Japon.
> A Nagasaki, dorénavant, les pèlerins pourront suivre le parcours des vingt-six martyrs depuis Kyoto jusqu'à la ville. Un musée présente des objets de l'époque de la persécution, et un monument permet aux pèlerins de se recueillir devant la statue représentant les crucifiés.
NAGASAKI DEVIENT UN "HAUT LIEU DE PELERINAGE"
C'est ce qu'a décidé la Conférence des évêques japonais le 11 juin dernier, rapporte Eglises d'Asie. Et ce n'est pas à cause de la bombe atomique qui a éradiqué la bougade en 1945, mais pour honorer la mémoire des 26 chrétiens - dont trois enfants - crucifiés le 5 février 1597, premiers martyrs d'une longue série qui compte des dizaines de milliers de morts - jusqu'à 300.000 selon certains historiens. Cette persécution, une des plus dures de l'Histoire, avait été déclenchée par Toyotomi Hideyoshi, un empereur convaincu que le succès du christianisme dans le pays menaçait son autorité.
> Devant la menace, des milliers de chrétiens entrèrent dans la clandestinité, masquant le culte chrétien derrière les divinités shinto. La Vierge Marie était honorée sous les traits de la déesse Kannon. Privés de prêtres, les Kakure Kirishitan ("chrétiens cachés") ont gardé un repas commémoratif à base de saké et de viande de baleine en lieu et place du pain et du vin, et ont recentré leur foi sur la sphère domestique, où l'on priait l'oratio - le mot est resté -, squelette de prière catholique émaillée de mots portugais, latins, japonais et... mystérieux, si l'on en juge par son entame: Gururiyôza dômino.
> Leurs bibles et catéchismes, détruits par les autorités, furent mémorisés et transmis de génération en génération, avec une inévitable perte de données. Ainsi naquit le Livre du commencement du ciel et de la terre, agrégation remarquable d'éléments bibliques et bouddhistes. Durant les trois cents ans que dura la persécution, les Kakure Kirishitan attendirent dans l'isolement le plus complet le retour de prêtres, qu'ils reconnaîtraient à trois critères, selon la tradition: qu'ils se désignent comme envoyés, qu'ils soient célibataires, et qu'ils connaissent le nom de la Vierge Marie. Jusque-là, le seul sacrement pratiqué serait le baptême, dont un membre de chaque village était chargé.
> Lorsque la liberté religieuse revint au Japon en 1873, les Kakure Kirishitan gardèrent pour beaucoup d'entre eux le culte du secret. La moitié environ refusa même de rejoindre officiellement l'Eglise catholique et continua de pratiquer son culte de façon cachée. Les autres, environ 20.000 personnes, sont devenus le noyau de l'actuelle Eglise catholique au Japon.
> A Nagasaki, dorénavant, les pèlerins pourront suivre le parcours des vingt-six martyrs depuis Kyoto jusqu'à la ville. Un musée présente des objets de l'époque de la persécution, et un monument permet aux pèlerins de se recueillir devant la statue représentant les crucifiés.