En Algérie, les protestants réclament leur droit
Natalia Trouiller - publié le 18/06/2012
Malgré sa reconnaissance officielle en juillet 2011, l'Eglise protestante d'Algérie se heurte toujours à la mauvaise volonté, voire pire, des autorités algériennes. Un nouvel exemple ces jours-ci dans la ville de Mostaganem.
ALGERIE: LES PROTESTANTS TOUJOURS SUSPECTS
C'était en décembre 2011. Le président de l'Eglise protestante d'Algérie, reçu dans les colonnes de La Vie par Henrik Lindell, partageait sa joie de voir les protestants d'Algérie enfin reconnus par le pays: "Nous avons enfin, formellement, le droit d'exister. Avant, nous étions dans une zone grise. Nous bénéficions d’un certificat de conformité pour les 27 communautés protestantes qui forment notre Eglise protestante. Les préfets ne pourront plus exiger de façon arbitraire la fermeture des lieux de culte et nous interdire de pratiquer notre foi sous prétexte que nous ne serions pas une Eglise autorisée". Le printemps protestant algérien aurait-il fait long feu? Toujours est-il que le même Mustapha Krim vient de saisir la justice à propos du temple de Mostaganem. "Cela s'appelle de la spoliation, nous n’allons pas nous taire et une plainte a été déjà déposée au niveau du parquet de Mostaganem alors que le ministère des affaires religieuses a été saisi sur cette affaire", dit-il dans le communiqué de presse repris par plusieurs médias algériens.
> L'affaire remonte à 1976. Cette année-là, l'Eglise protestante d'Algérie, propriétaire en bonne et due forme du local sis 25 rue Saidouni Larbi, accepte de mettre ce bâtiment à la disposition du Centre de santé de la ville, à titre gracieux. En janvier 2012, le Centre de santé déménage. L'EPA décide donc de reprendre possession des murs afin de le rendre au culte et envoie un gardien sur les lieux. Celui-ci se voit intimer par la police l'ordre de quitter immédiatement les lieux, tandis que l'EPA apprend que d'autres associations de la ville se sont installées dans le local après en avoir forcé puis changé les serrures, le tout avec la bénédiction des autorités du cru, dont le procureur de Mostaganem qui a ordonné que le lieu soit fermé au culte.
> Il n'en a guère fallu davantage pour que, dans la presse algérienne, le spectre de la "menace évangélique" revienne. Ainsi dans cet article du grand quotidien national Réflexion: "Questionnés à ce sujet, les riverains sont catégoriquement contre la réouverture de cette église dans leur quartier. Ils se disent choqués par la violence des tenants de l’église protestante en Algérie qui ont essayé de s’approprier par la force le bâtiment de l’ex-centre de santé. Tout en insistant sur le caractère musulman de leur quartier, les habitants n’ont nullement nié aux chrétiens le droit de pratiquer leur culte en toute liberté. Cependant, ils considèrent que cette affaire cache un plan d’évangélisation de la société Mostaganémoise. De ce fait et par peur pour leurs enfants, ils demandent aux autorités de se décider, réhabiliter le centre de santé ou le transformer en salle de prières pour les musulmans".
> Dans un éditorial, le même journal va plus loin: "Mais même si la liberté de culte est tolérée par l’état, alors pourquoi ces religieux protestants osent-ils s’accaparer des biens du peuple algérien, un bien acquis à coup de sueur et de sang?" Apparemment la parfaite légalité des titres de propriété de l'EPA n'y change rien: ainsi que le remarque Mustapha Krim, "on continue à considérer les chrétiens d’Algérie comme des colons".
Natalia Trouiller - publié le 18/06/2012
Malgré sa reconnaissance officielle en juillet 2011, l'Eglise protestante d'Algérie se heurte toujours à la mauvaise volonté, voire pire, des autorités algériennes. Un nouvel exemple ces jours-ci dans la ville de Mostaganem.
ALGERIE: LES PROTESTANTS TOUJOURS SUSPECTS
C'était en décembre 2011. Le président de l'Eglise protestante d'Algérie, reçu dans les colonnes de La Vie par Henrik Lindell, partageait sa joie de voir les protestants d'Algérie enfin reconnus par le pays: "Nous avons enfin, formellement, le droit d'exister. Avant, nous étions dans une zone grise. Nous bénéficions d’un certificat de conformité pour les 27 communautés protestantes qui forment notre Eglise protestante. Les préfets ne pourront plus exiger de façon arbitraire la fermeture des lieux de culte et nous interdire de pratiquer notre foi sous prétexte que nous ne serions pas une Eglise autorisée". Le printemps protestant algérien aurait-il fait long feu? Toujours est-il que le même Mustapha Krim vient de saisir la justice à propos du temple de Mostaganem. "Cela s'appelle de la spoliation, nous n’allons pas nous taire et une plainte a été déjà déposée au niveau du parquet de Mostaganem alors que le ministère des affaires religieuses a été saisi sur cette affaire", dit-il dans le communiqué de presse repris par plusieurs médias algériens.
> L'affaire remonte à 1976. Cette année-là, l'Eglise protestante d'Algérie, propriétaire en bonne et due forme du local sis 25 rue Saidouni Larbi, accepte de mettre ce bâtiment à la disposition du Centre de santé de la ville, à titre gracieux. En janvier 2012, le Centre de santé déménage. L'EPA décide donc de reprendre possession des murs afin de le rendre au culte et envoie un gardien sur les lieux. Celui-ci se voit intimer par la police l'ordre de quitter immédiatement les lieux, tandis que l'EPA apprend que d'autres associations de la ville se sont installées dans le local après en avoir forcé puis changé les serrures, le tout avec la bénédiction des autorités du cru, dont le procureur de Mostaganem qui a ordonné que le lieu soit fermé au culte.
> Il n'en a guère fallu davantage pour que, dans la presse algérienne, le spectre de la "menace évangélique" revienne. Ainsi dans cet article du grand quotidien national Réflexion: "Questionnés à ce sujet, les riverains sont catégoriquement contre la réouverture de cette église dans leur quartier. Ils se disent choqués par la violence des tenants de l’église protestante en Algérie qui ont essayé de s’approprier par la force le bâtiment de l’ex-centre de santé. Tout en insistant sur le caractère musulman de leur quartier, les habitants n’ont nullement nié aux chrétiens le droit de pratiquer leur culte en toute liberté. Cependant, ils considèrent que cette affaire cache un plan d’évangélisation de la société Mostaganémoise. De ce fait et par peur pour leurs enfants, ils demandent aux autorités de se décider, réhabiliter le centre de santé ou le transformer en salle de prières pour les musulmans".
> Dans un éditorial, le même journal va plus loin: "Mais même si la liberté de culte est tolérée par l’état, alors pourquoi ces religieux protestants osent-ils s’accaparer des biens du peuple algérien, un bien acquis à coup de sueur et de sang?" Apparemment la parfaite légalité des titres de propriété de l'EPA n'y change rien: ainsi que le remarque Mustapha Krim, "on continue à considérer les chrétiens d’Algérie comme des colons".