Réponse via le livre Etude Perspicace :
Volume 2
Prescience, prédétermination, prédestination
Page 641 - ...
Dieu sait-il d’avance tout ce que les humains vont faire ?
Une question se pose donc : Dieu exerce-t-il sa prescience de manière absolue, illimitée ? Voit-il et connaît-il d’avance toutes les actions de toutes ses créatures, les esprits comme les humains ? Et prédétermine-t-il ces actions, voire prédestine-t-il le sort final de toutes ses créatures, faisant même cela avant qu’elles ne viennent à l’existence ?
Ou bien Dieu exerce-t-il sa prescience de manière sélective et discrétionnaire, autrement dit, voit-il et connaît-il d’avance uniquement ce qu’il choisit de voir et de connaître d’avance ? Au lieu de décider de la destinée éternelle de ses créatures avant qu’elles ne viennent à l’existence, n’attend-il pas de juger de leur vie et de leurs réactions effectives dans l’épreuve ? Les réponses à ces questions doivent nécessairement venir des Écritures elles-mêmes et des renseignements qu’elles donnent sur les actions de Dieu et sur ses relations avec ses créatures, notamment de ce qui fut révélé par l’intermédiaire de son Fils, Christ Jésus. — 1Co 2:16.
Le prédestinianisme. La doctrine selon laquelle Dieu exerce sa prescience de manière absolue et détermine à l’avance la vie et la destinée de chacun est appelée prédestinianisme. Elle s’appuie sur l’argument suivant : la divinité et la perfection de Dieu exigent qu’il soit omniscient (qu’il sache tout) non seulement sur le passé et le présent, mais aussi sur l’avenir. Selon ce concept, si Dieu ne connaissait pas à l’avance tout jusque dans les moindres détails, c’est qu’il serait imparfait. Les tenants de cette doctrine invoquent des exemples comme celui d’Ésaü et Jacob, jumeaux d’Isaac, afin de montrer que Dieu prédestine ses créatures avant leur naissance (Rm 9:10-13), et ils citent des textes comme Éphésiens 1:4, 5 pour démontrer que Dieu connaissait d’avance et prédétermina l’avenir de toutes ses créatures avant même le commencement de la création.
Pour être exacte, cette doctrine devrait bien sûr concorder avec tous les facteurs mentionnés précédemment, dont l’exposé que fait la Bible des qualités, des normes et des desseins de Dieu, ainsi que de sa justice dans ses relations avec ses créatures (Ré 15:3, 4). Il convient donc d’analyser les implications de la doctrine prédestinianiste.
Ce concept signifierait qu’avant de créer les anges ou l’homme tiré du sol Dieu exerça ses pouvoirs de prescience et qu’il vit et sut d’avance tout ce qui résulterait de cette création, en particulier la rébellion d’un de ses fils du monde des esprits, puis la rébellion du premier couple humain en Éden (Gn 3:1-6 ; Jn 8:44), et toutes les conséquences de cette rébellion jusqu’à ce jour et après. Cela voudrait forcément dire que toute la méchanceté qui a fait l’Histoire (les crimes et l’immoralité, l’oppression et les souffrances qu’elle entraîne, le mensonge et l’hypocrisie, le faux culte et l’idolâtrie) exista un jour, avant le commencement de la création, seulement dans la pensée de Dieu, sous la forme de sa prescience du futur dans les moindres détails.
Si le Créateur de l’humanité utilisa vraiment son pouvoir de connaître d’avance tout ce qu’a vu l’Histoire depuis la création de l’homme, alors c’est lui qui mit en œuvre sciemment la totalité de la méchanceté apparue ensuite quand il prononça ces mots : “ Faisons l’homme. ” (Gn 1:26). Ces faits amènent à douter que le concept du prédestinianisme soit plausible et logique ; d’autant plus que, d’après le disciple Jacques, le désordre et d’autres choses viles ne proviennent pas du ciel, de la présence de Dieu, mais sont d’origine “ terrestre, animale, démoniaque ”. — Jc 3:14-18.
L’exercice absolu de la prescience ? L’argument selon lequel Dieu serait imparfait s’il ne connaissait pas d’avance dans le détail tous les événements et toutes les situations à venir trahit en fait une conception arbitraire de la perfection. La perfection, dans sa définition exacte, ne doit pas forcément s’entendre dans un sens aussi absolu et aussi large, puisqu’en réalité quelque chose est parfait à condition de correspondre complètement aux normes d’excellence fixées par quelqu’un qui est habilité à en juger (voir PERFECTION). En dernier ressort, ce ne sont pas les opinions ni les façons de voir des hommes, mais la volonté et le bon plaisir de Dieu qui constituent les critères décisifs de la perfection de quelque chose. — Dt 32:4 ; 2S 22:31 ; Is 46:10.
Voici un exemple : la toute-puissance de Dieu est indéniablement parfaite et d’une capacité infinie (1Ch 29:11, 12 ; Jb 36:22 ; 37:23). Pourtant, la perfection de sa force ne lui impose pas d’utiliser son omnipotence dans sa pleine mesure ou dans tous les cas. Ce n’est manifestement pas dans ses habitudes d’agir ainsi ; autrement, ce ne sont pas quelques villes antiques ou quelques nations qui auraient été détruites, mais la terre et tout ce qu’elle contient auraient depuis longtemps été annihilés par l’exécution des jugements de Dieu, avec de puissantes démonstrations de réprobation et de colère, comme au déluge ou en d’autres cas (Gn 6:5-8 ; 19:23-25, 29 ; voir aussi Ex 9:13-16 ; Jr 30:23, 24). Pour Dieu, l’exercice de la puissance ne se réduit pas à un déchaînement de force irrépressible ; non, il est subordonné constamment à son dessein et, lorsque l’intervention est méritée, il est tempéré par sa miséricorde. — Ne 9:31 ; Ps 78:38, 39 ; Jr 30:11 ; Lm 3:22 ; Éz 20:17.
De même, si dans certains domaines Dieu choisit d’exercer sa faculté absolue de prescience d’une manière sélective et au degré qui lui plaît, assurément aucun humain ni aucun ange n’a le droit de lui dire : “ Que fais-tu ? ” (Jb 9:12 ; Is 45:9 ; Dn 4:35). En somme, le problème ne porte pas sur les capacités de Dieu, sur ce que Dieu est capable de voir, de connaître et de déterminer d’avance, puisqu’“ à Dieu tout est possible ”. (Mt 19:26.) Le problème est de savoir ce qu’il juge bon de voir, de connaître et de déterminer d’avance, puisque “ tout ce qu’il a pris plaisir à faire, il l’a fait ”. — Ps 115:3.
L’exercice sélectif de la prescience. L’antithèse du prédestinianisme, à savoir l’exercice sélectif ou discrétionnaire que fait Dieu de ses pouvoirs de prescience, doit cadrer avec les normes justes de Dieu et concorder avec ce qu’il révèle sur lui-même dans sa Parole. À l’encontre de la théorie du prédestinianisme, il se dégage de nombreux textes que, dans une situation qui se présente, Dieu analyse les faits et prend sa décision à partir de cette analyse.
Ainsi, en Genèse 11:5-8 on voit Dieu diriger son attention sur la terre, observant la situation à Babel, et, à ce moment-là, décider de ce qu’il va faire pour interrompre le projet injuste qui est en cours. Quand la méchanceté se fut répandue à Sodome et Gomorrhe, Jéhovah informa Abraham de sa décision d’enquêter (par l’intermédiaire de ses anges) pour, précisa-t-il, “ voir s’ils agissent tout à fait selon la clameur à ce sujet, qui est venue jusqu’à moi ; et, sinon, je peux le savoir ”. (Gn 18:20-22 ; 19:1.) Dieu dit qu’il avait ‘ fait la connaissance d’Abraham ’, et après que celui-ci fut allé jusqu’à tenter de sacrifier Isaac, Jéhovah dit : “ Car à présent je sais vraiment que tu crains Dieu, puisque tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. ” — Gn 18:19 ; 22:11, 12 ; voir aussi Ne 9:7, 8 ; Ga 4:9.
Une prescience sélective suppose que Dieu puisse décider de ne pas connaître d’avance absolument tous les actes de ses créatures. Partant, au lieu que toute l’histoire depuis la création soit simplement la reprise d’un scénario déjà prévu et prédéterminé, Dieu put, en toute sincérité, proposer au premier couple humain la perspective de vivre éternellement sur une terre exempte de méchanceté. Lorsqu’il donna pour instructions à son premier fils et à sa première fille humains, en qualité d’instruments parfaits et sans péché, de remplir la terre de leurs descendants et d’en faire un paradis tout en exerçant l’autorité sur la création animale, ce fut réellement de sa part le don bienveillant d’un privilège et l’expression de son souhait sincère envers eux ; il ne leur confiait pas simplement une mission qui, en ce qui les concernait, était vouée à l’échec. La mise en place d’une épreuve au moyen de “ l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais ” et la création de “ l’arbre de vie ” dans le jardin d’Éden ne furent pas non plus des actes aberrants ou désabusés, ce qui l’aurait été si Dieu avait su d’avance que l’homme et la femme pécheraient et ne mangeraient jamais de “ l’arbre de vie ”. — Gn 1:28 ; 2:7-9, 15-17 ; 3:22-24.
Il est hypocrite et cruel d’offrir à quelqu’un une chose très désirable à des conditions dont on sait d’avance qu’il ne les respectera pas. La perspective de la vie éternelle est présentée dans la Parole de Dieu comme un objectif proposé à tous et accessible. Après avoir exhorté ses auditeurs à ‘ continuer à demander et à chercher ’ les bonnes choses de Dieu, Jésus fit remarquer qu’un père ne donne pas une pierre ou un serpent à son enfant qui lui demande du pain ou un poisson. Montrant ce que pense son Père du fait de décevoir les espérances légitimes de quelqu’un, Jésus ajouta : “ Si donc vous, bien que vous soyez méchants, vous savez donner des dons qui sont bons à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent ! ” — Mt 7:7-11.
Par conséquent, Dieu est de bonne foi lorsqu’il invite tous les hommes à recevoir les bienfaits et les bénédictions éternelles qu’il leur propose (Mt 21:22 ; Jc 1:5, 6). C’est en toute sincérité qu’il engage les humains ‘ à revenir de leur transgression et à rester en vie ’, comme il y engagea le peuple d’Israël (Éz 18:23, 30-32 ; voir aussi Jr 29:11, 12). En toute logique, il ne pourrait pas agir ainsi s’il savait d’avance qui est destiné à mourir pour sa méchanceté (voir Ac 17:30, 31 ; 1Tm 2:3, 4). D’ailleurs, Jéhovah dit aux Israélites : “ Je n’ai pas non plus dit à la semence de Jacob : ‘ Cherchez-moi tout simplement pour rien. ’ Je suis Jéhovah, qui dit ce qui est juste, qui révèle ce qui est droit. [...] Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre. ” — Is 45:19-22.
Dans le même ordre d’idées, l’apôtre Pierre écrivit : “ Jéhovah n’est pas lent en ce qui concerne sa promesse [relative au jour où il faudra rendre des comptes], comme certains considèrent la lenteur, mais il est patient avec vous, parce qu’il ne veut pas que qui que ce soit périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance. ” (2P 3:9). S’il était vrai que, des millénaires à l’avance, Dieu avait déjà prévu et prédestiné précisément qui il vouerait au salut éternel et qui à la destruction éternelle, on pourrait se demander à quoi sert sa ‘ patience ’ et s’il veut réellement que “ tous parviennent à la repentance ”. Sous l’inspiration divine, l’apôtre Jean écrivit que “ Dieu est amour ”, et l’apôtre Paul déclara que l’amour “ espère tout ”. (1Jn 4:8 ; 1Co 13:4, 7.) Compte tenu de cette qualité remarquable, certainement que Dieu se montre sincèrement ouvert et bon envers tous les humains, désireux de les voir obtenir le salut, jusqu’à ce qu’ils s’en avèrent eux-mêmes indignes, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à espérer (voir 2P 3:9 ; Hé 6:4-12). D’où ces paroles de l’apôtre Paul : “ La bonté de Dieu veut te conduire à la repentance. ” — Rm 2:4-6.
Enfin, si Dieu, par sa prescience, avait déjà fermé irrévocablement l’accès aux bienfaits du sacrifice rédempteur de Christ Jésus à un certain nombre d’humains (peut-être des millions) avant même leur naissance, de sorte qu’ils ne puissent jamais s’en montrer dignes, on ne pourrait guère dire que la rançon a été offerte pour tous les hommes (2Co 5:14, 15 ; 1Tm 2:5, 6 ; Hé 2:9). L’impartialité de Dieu n’est assurément pas un vain mot. “ En toute nation l’homme qui [...] craint [Dieu] et pratique la justice est agréé de lui. ” (Ac 10:34, 35 ; Dt 10:17 ; Rm 2:11). C’est vraiment et sincèrement qu’il offre à tous les hommes de ‘ chercher Dieu, si toutefois ils le cherchent à tâtons et le trouvent réellement, bien qu’en fait il ne soit pas loin de chacun de nous ’. (Ac 17:26, 27.) Ce n’est donc pas un faux espoir ni une vaine promesse qui sont proposés à la fin du livre de la Révélation où Dieu lance cette invitation : “ Que quiconque entend dise : ‘ Viens ! ’ Et que quiconque a soif vienne ; que quiconque le veut prenne l’eau de la vie gratuitement. ” — Ré 22:17.
Ce qui est connu et déterminé d’avance. D’un bout à l’autre du récit biblique, Dieu exerce toujours sa prescience et la prédestination en rapport avec ses desseins et sa volonté. Un “ dessein ” est un objectif qu’on place devant soi, un but qu’on se propose d’atteindre (le terme grec prothésis, qui est traduit par “ dessein ”, signifie littéralement “ action de placer [quelque chose] devant ”). Puisque ses desseins se réalisent infailliblement, Dieu peut en connaître d’avance les résultats, l’aboutissement, et il peut les déterminer d’avance ainsi que les étapes par lesquelles il juge bon de les mener à bien (Is 14:24-27). C’est pourquoi il est dit que Jéhovah ‘ forme ’ ou ‘ façonne ’ (de l’hébreu yatsar, apparenté au mot qui signifie “ potier ” [Jr 18]) son dessein concernant des événements ou des actions à venir (2R 19:25 ; Is 46:11 ; voir aussi Is 45:9-13, 18). Étant le Grand Potier, Dieu “ opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté ”, en harmonie avec son dessein (Ép 1:11), et “ fait coopérer toutes ses œuvres ” pour le bien de ceux qui l’aiment (Rm 8:28). C’est donc spécialement en rapport avec ses desseins prédéterminés que Dieu “ dès le commencement révèle la conclusion, et dès les temps anciens les choses qui n’ont pas été faites ”. — Is 46:9-13.
Dieu créa le premier couple humain parfait. Lorsqu’il contempla le résultat de son œuvre créatrice, il la trouva ‘ très bonne ’. (Gn 1:26, 31 ; Dt 32:4.) Loin de s’inquiéter avec méfiance de la façon dont les deux premiers humains agiraient, il ‘ se mit à se reposer ’, dit le récit biblique (Gn 2:2). Il le pouvait, car, en raison de sa toute-puissance et de sa sagesse suprême, aucun acte, aucune situation, aucun événement imprévu ne serait de nature à dresser un obstacle insurmontable ou à poser un problème insoluble susceptible d’entraver l’accomplissement de son dessein souverain (2Ch 20:6 ; Is 14:27 ; Dn 4:35). Les Écritures n’appuient donc pas le raisonnement des tenants du prédestinianisme : pour eux, en se retenant d’exercer sa prescience de cette manière, Dieu compromettait ses desseins, les rendait “ toujours sujets à être ruinés faute de prévoyance, et s’obligeait à remettre continuellement de l’ordre dans son système à mesure qu’il se dégraderait à cause des imprévus dus aux actes de ses créatures douées du libre arbitre ”. L’exercice sélectif par Dieu de sa prévision ne donnerait pas davantage à ses créatures le pouvoir de “ faire échec aux mesures [divines], [de] l’amener constamment à changer d’avis, [de] le contrarier et de le mettre dans l’embarras ”, comme les partisans du prédestinianisme le prétendent (Cyclopædia, par J. M’Clintock et J. Strong, 1894, vol. VIII, p. 556). Si même les serviteurs terrestres de Dieu n’ont pas vraiment besoin de ‘ s’inquiéter du lendemain ’, il va sans dire que leur Créateur, pour qui les nations puissantes sont comme “ une goutte d’un seau ”, n’a jamais eu et n’a toujours pas de souci de ce genre. — Mt 6:34 ; Is 40:15.