Voyage du pape en Allemagne
Matthieu Mégevand - publié le 23/09/2011
Troisième visite dans son pays d’origine depuis son élection, le voyage du pape Benoît XVI en Allemagne du 22 au 25 septembre s’annonce compliqué, dans ce pays miné par les scandales de prêtres pédophiles.
Dès son arrivée à Berlin jeudi, le pape Benoît XVI a été confronté aux scandales des prêtres pédophiles. Le Saint Père a ainsi déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient comprendre ceux qui, face à de tels agissements, ne se reconnaissent plus dans leur Eglise. Une déclaration qui fait suite à l’action de dizaines de milliers de catholiques allemands ayant demandé à être officiellement rayés des registres des églises en guise de protestation face aux affaires des prêtres pédophiles.
Au-delà des croyants, catholiques et protestants, c’est toute une frange de la population allemande qui conteste et critique le pape Benoît XVI. Plusieurs associations (entre autres de défense des homosexuels) qui reprochent au pape ses positions conservatrices sur des sujets comme le préservatif, l’avortement ou l’homosexualité ont appelé à manifester jeudi après-midi sur la Potzdamer Platz à Berlin, avant le discours de Benoît XVI au Bundestag. Par ailleurs, une centaine d’élus du parlement ont boycotté l'allocution, rappelant que la Constitution prévoit une nette séparation entre l’Eglise et l’Etat.
Au sein même de l’Eglise, et pour des questions de théologie majeures, de plus en plus de voix discordantes se font entendre : ainsi, un nombre croissant de théologiens remettent en question le célibat des prêtres, la non-ordination des femmes ainsi que la position de rejet des divorcés remariés prônée par le Vatican. Egalement, la gouvernance même de l’Eglise est critiquée : "Il y a une immense dissension entre l’image que donne l’Eglise et la réalité. Le pape a rendu l’Eglise inaccessible pour les simples croyants ou les candidats à la prêtrise, et a introduit un culte de la personnalité qui rappelle celui de Vladimir Poutine, et cela en totale contradiction avec tout ce que l’on peut lire dans le Nouveau Testament" déclare le théologien suisse Hans Küng, cité par Der Spiegel.
Polémiques et difficultés mises à part, le voyage du pape - sans doute le dernier dans son pays natal - s’annonce extrêmement chargé pour cet homme de 84 ans, avec trois villes visitées, vingt rendez-vous prévus et dix-huit discours à prononcer. Au programme, Berlin la capitale, ville d’athéisme croissant, Erfurt, lieu d’étude du réformiste Martin Luther et symbole de la volonté œcuménique de l’Eglise, et enfin Fribourg-en-Brisgau, exemple de foyer catholique vif qui survit encore au cœur d’une Europe sécularisée.
source AFP
Matthieu Mégevand - publié le 23/09/2011
Troisième visite dans son pays d’origine depuis son élection, le voyage du pape Benoît XVI en Allemagne du 22 au 25 septembre s’annonce compliqué, dans ce pays miné par les scandales de prêtres pédophiles.
Dès son arrivée à Berlin jeudi, le pape Benoît XVI a été confronté aux scandales des prêtres pédophiles. Le Saint Père a ainsi déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient comprendre ceux qui, face à de tels agissements, ne se reconnaissent plus dans leur Eglise. Une déclaration qui fait suite à l’action de dizaines de milliers de catholiques allemands ayant demandé à être officiellement rayés des registres des églises en guise de protestation face aux affaires des prêtres pédophiles.
Au-delà des croyants, catholiques et protestants, c’est toute une frange de la population allemande qui conteste et critique le pape Benoît XVI. Plusieurs associations (entre autres de défense des homosexuels) qui reprochent au pape ses positions conservatrices sur des sujets comme le préservatif, l’avortement ou l’homosexualité ont appelé à manifester jeudi après-midi sur la Potzdamer Platz à Berlin, avant le discours de Benoît XVI au Bundestag. Par ailleurs, une centaine d’élus du parlement ont boycotté l'allocution, rappelant que la Constitution prévoit une nette séparation entre l’Eglise et l’Etat.
Au sein même de l’Eglise, et pour des questions de théologie majeures, de plus en plus de voix discordantes se font entendre : ainsi, un nombre croissant de théologiens remettent en question le célibat des prêtres, la non-ordination des femmes ainsi que la position de rejet des divorcés remariés prônée par le Vatican. Egalement, la gouvernance même de l’Eglise est critiquée : "Il y a une immense dissension entre l’image que donne l’Eglise et la réalité. Le pape a rendu l’Eglise inaccessible pour les simples croyants ou les candidats à la prêtrise, et a introduit un culte de la personnalité qui rappelle celui de Vladimir Poutine, et cela en totale contradiction avec tout ce que l’on peut lire dans le Nouveau Testament" déclare le théologien suisse Hans Küng, cité par Der Spiegel.
Polémiques et difficultés mises à part, le voyage du pape - sans doute le dernier dans son pays natal - s’annonce extrêmement chargé pour cet homme de 84 ans, avec trois villes visitées, vingt rendez-vous prévus et dix-huit discours à prononcer. Au programme, Berlin la capitale, ville d’athéisme croissant, Erfurt, lieu d’étude du réformiste Martin Luther et symbole de la volonté œcuménique de l’Eglise, et enfin Fribourg-en-Brisgau, exemple de foyer catholique vif qui survit encore au cœur d’une Europe sécularisée.
source AFP