La religion dans la campagne américaine qui nous amène6 aujourd'hui à Salt Lake City. À bord du train California Zephyr, qui relie Chicago à San Francisco, la religion s'affiche avec des croyants habillés en costumes d'époque : les Amish. Ils sont 300.000 aux États-Unis. Pour faire simple, ils refusent la modernité... et les interviews. Nous aurons l'interdiction formelle de les interroger face caméra.
Nous sommes dans l'Utah, mélange de désert et de montagnes vertes. Dans cet État, 76% des Américains sont directement rattachés à une religion. C'est un record aux États-Unis et la plupart d'entre eux, à Salt Lake City, sont attachés à l'Église mormone. Au pied de son bâtiment administratif, des dizaines de missionnaires sont présents ; comme on le voit dans le reportage en tête de cet article. Il faut dire qu'on arrive le jour défilé en l'honneur des Mormons, ces dissidents chrétiens pour qui le peuple américain est élu de Dieu.
La foule est dense et dans cet État plutôt conservateur, personne n'oublie la présidentielle."Trump ! Trump ! Trump !", s'écrie un participant. "Vive Dieu et la famille ! Parce que la famille, c'est ce qu'il y a de plus important. Il ne faut pas qu'on leur lègue le triste héritage de nos vies actuelles. Nos petits-enfants méritent mieux", explique-t-il à notre micro.
Dans une rue adjacente, le stand d'autres Mormons, démocrates ceux-là, avec des gâteaux pour attirer les électeurs. Ils soutiennent un candidat pour les élections locales. "Notre candidat, Brian est membre des Mormons. Il s'exprime parfaitement sur sa foi qui alimente sa propre politique. Il n'est pas démocrate et en plus mormon. Il est d'abord mormon avant d'être démocrate", assure un candidat.
Tout doit être relié à Dieu et à la Bible. Et si tu as ça en tête, ça te permettra de naviguer et choisir politiquement
Un fidèle d'une église évangélique
Dans le public qui assiste au défilé, il y a aussi des catholiques et des protestants. Beaucoup disent, à l'image de Joshua, que c'est Dieu qui les aidera à choisir le bon candidat : "C'est en priant que je vais faire le bon choix, vraiment. Qu'est-ce qu'il faut faire pour que ce pays s'en sorte mieux ? Et comment, moi aussi, je peux faire pour m'en sortir ?"
Interroger les Américains sur leur foi et leur vote, c'est questionner le pays sur la place qu'il souhaite accorder à la Bible. Même pendant la messe, dans une église évangéliste. La présidentielle s'invite pour le sermon après les chants religieux. "Les gens me demandent : 'Si Jésus était vivant aujourd'hui, serait-il républicain ou démocrate ?' Chacun a son opinion. Rien ne divise autant que la politique, parce que rien ne divise plus que la peur", proclame le pasteur.
"Tout doit être relié à Dieu et à la Bible. Et si tu as ça en tête, ça te permettra de naviguer et choisir politiquement", nous confie un fidèle. 70% des électeurs de Donald Trump pensent justement que la Bible doit influencer les lois. Un sentiment très partagé à Salt Lake City, qui compte 240 églises, y compris des grecques et des japonaises.
Du coup, ceux qui n'ont pas de religion se sentent parfois bien seuls pour parler de laïcité. "Je dirais que la religion ici inspire beaucoup les lois votées dans notre État. Et de cette manière, ça met en avant, ça perpétue les valeurs religieuses. Dans les faits, par exemple, on limite beaucoup la consommation d'alcool ici", confie un homme athée. "Si on regarde aussi les droits des homosexuels, clairement, ils ne les défendent pas autant qu'ils pourraient, parce que de leur point de vue religieux, être gay, c'est pas bien", appuie sa compagne.
"Je veux me sentir libre" : François-Xavier Ménage à la rencontre des électeurs américains des villes fantômes
À Salt Lake City, le poids de l'église est prépondérant dans les lois locales. Il est aussi conséquent pour gérer une crise qui secoue tout le pays : celle du fentanyl, cette drogue de synthèse 50 fois plus puissante que l'héroïne et qui, en quelques doses, détruit le corps et l'esprit. Dans ce quartier, ils sont plusieurs centaines de consommateurs en déshérence à réclamer de l'aide auprès des paroisses. L'une d'elles distribue repas et boissons chaudes à 7000 bénéficiaires chaque mois. Parmi eux, Jessica, 30 ans, ancienne commerciale, sans logement depuis cinq ans, sans aide de l'État, avec juste un coup de main de l'église : "Elle essaie, mais c'est clairement pas assez. À mon avis, il faudrait vite que les gens de l'église et les dirigeants politiques bossent ensemble." Religieux et politique main dans la main pour lutter contre la drogue, c'est aussi ça la campagne présidentielle américaine en 2024.
Tristan MICHEL | Reportage TF1 François-Xavier Ménage, Didier Pires
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"Je veux me sentir libre" : François-Xavier Ménage à la rencontre des électeurs américains des villes fantômes(nouvelle fenêtre)
Publié le 23 septembre 2024 à 12h20
Accueil-Élection présidentielle américaine-REPORTAGE - "En priant, je ferai le bon choix" : François-Xavier Ménage à la rencontre des électeurs américains
Nous sommes dans l'Utah, mélange de désert et de montagnes vertes. Dans cet État, 76% des Américains sont directement rattachés à une religion. C'est un record aux États-Unis et la plupart d'entre eux, à Salt Lake City, sont attachés à l'Église mormone. Au pied de son bâtiment administratif, des dizaines de missionnaires sont présents ; comme on le voit dans le reportage en tête de cet article. Il faut dire qu'on arrive le jour défilé en l'honneur des Mormons, ces dissidents chrétiens pour qui le peuple américain est élu de Dieu.
La foule est dense et dans cet État plutôt conservateur, personne n'oublie la présidentielle."Trump ! Trump ! Trump !", s'écrie un participant. "Vive Dieu et la famille ! Parce que la famille, c'est ce qu'il y a de plus important. Il ne faut pas qu'on leur lègue le triste héritage de nos vies actuelles. Nos petits-enfants méritent mieux", explique-t-il à notre micro.
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Interroger les Américains sur leur foi et leur vote, c'est questionner le pays sur la place qu'il souhaite accorder à la Bible. Même pendant la messe, dans une église évangéliste. La présidentielle s'invite pour le sermon après les chants religieux. "Les gens me demandent : 'Si Jésus était vivant aujourd'hui, serait-il républicain ou démocrate ?' Chacun a son opinion. Rien ne divise autant que la politique, parce que rien ne divise plus que la peur", proclame le pasteur.
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Du coup, ceux qui n'ont pas de religion se sentent parfois bien seuls pour parler de laïcité. "Je dirais que la religion ici inspire beaucoup les lois votées dans notre État. Et de cette manière, ça met en avant, ça perpétue les valeurs religieuses. Dans les faits, par exemple, on limite beaucoup la consommation d'alcool ici", confie un homme athée. "Si on regarde aussi les droits des homosexuels, clairement, ils ne les défendent pas autant qu'ils pourraient, parce que de leur point de vue religieux, être gay, c'est pas bien", appuie sa compagne.
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