Pourquoi les Égyptiens de l'Antiquité étaient-ils représentés de profil ?
Marine Cestes 29/06/2024, 18:00 Histoire
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Un bras devant, un bras derrière, un seul œil au milieu du visage… Si l’art égyptien est aussi singulier, c’est avant tout une question de croyances. Que raconte l'histoire de l'art égyptien ?
Qui ne s’est jamais essayé le temps d’une photo à la pose égyptienne, en contorsionnant ses bras et jambes pour ressembler à une peinture antique ? Autant que la richesse visuelle de ces fresques vieilles de plusieurs millénaires, c’est l’étrangeté qu’elles véhiculent qui les rend toujours aussi fascinantes. La civilisation des hiéroglyphes avait trouvé en son temps un moyen tout particulier de représenter le corps, qui échappe à nos conceptions modernes sur l’art et l’image.
Quel sens les Égyptiens accordaient-ils à la représentation des figures humaines ? Focus sur l'aspectivité
Pour comprendre la standardisation de la représentation des corps de profil sous l’Égypte antique, il faut comprendre ce que signifiaient pour eux les images dépeintes sur les fresques et les bas-reliefs que les archéologues ont pu exhumer. À cette époque, la notion de perspective dans l’image n’est pas encore véritablement assimilée, ce qui a même poussé l’égyptologue allemande Emma Tanner-Braut à inventer le néologisme d’"aspectivité" (en opposition à la perspective) pour désigner le concept de perspective développé par les Égyptiens. C’est ce qui explique l’impression étrange qui se dégage de ces images échappant à l’aspect normatif que nous connaissons.
Pourquoi les Égyptiens peignaient-ils les pharaons de profil sur leurs dessins ?
Cette manière de représenter les personnages de profil, visage et corps, obéit également à la conception religieuse qui anime la normalisation de la représentation. Les systèmes de croyances sous l’Égypte antique accordent une part importante à la réincarnation et aux cycles naturels. Or, selon les Égyptiens, l’image doit offrir la représentation la plus complète possible du corps humain, et donc composer en deux dimensions un corps en trois dimensions. Ce type de représentation de profil permet alors de figurer le mouvement, mais doit tout de même incorporer la présence de tous les membres du corps. Par superstition, la représentation la plus complète d’un corps humain ouvrait la porte à une réincarnation complète ; à l’inverse, un corps humain représenté avec un bras ou une jambe en moins risquait de le perdre dans son prochain cycle d’existence.
Les Égyptiens représentaient-ils tout de profil ?
L’art égyptien composait donc ses images dans un souci de condenser chaque perspective en une image plane, ce qui a conduit à un art extrêmement normalisé : les égyptologues ont trouvé des reliques de grilles préliminaires de dessins, censées aider les artistes à gérer les dimensions de leurs œuvres. Mais à travers ce souci d’exhaustivité, on peut découvrir que tout dans les œuvres d’art égyptiennes ne s’accordait pas à la représentation de profil : par exemple, si les bras, jambes ou pieds sont peints de profil, les yeux et les torses sont eux peints de face. Les yeux en particulier sont très souvent dessinés de face, car ils permettent de figurer l’intention : indiquer la direction du regard, montrer si l'œil est ouvert ou fermé… C’est ce mélange si particulier qui définit l’aspectivité propre au style égyptien.
Marine Cestes 29/06/2024, 18:00 Histoire
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Un bras devant, un bras derrière, un seul œil au milieu du visage… Si l’art égyptien est aussi singulier, c’est avant tout une question de croyances. Que raconte l'histoire de l'art égyptien ?
Qui ne s’est jamais essayé le temps d’une photo à la pose égyptienne, en contorsionnant ses bras et jambes pour ressembler à une peinture antique ? Autant que la richesse visuelle de ces fresques vieilles de plusieurs millénaires, c’est l’étrangeté qu’elles véhiculent qui les rend toujours aussi fascinantes. La civilisation des hiéroglyphes avait trouvé en son temps un moyen tout particulier de représenter le corps, qui échappe à nos conceptions modernes sur l’art et l’image.
Quel sens les Égyptiens accordaient-ils à la représentation des figures humaines ? Focus sur l'aspectivité
Pour comprendre la standardisation de la représentation des corps de profil sous l’Égypte antique, il faut comprendre ce que signifiaient pour eux les images dépeintes sur les fresques et les bas-reliefs que les archéologues ont pu exhumer. À cette époque, la notion de perspective dans l’image n’est pas encore véritablement assimilée, ce qui a même poussé l’égyptologue allemande Emma Tanner-Braut à inventer le néologisme d’"aspectivité" (en opposition à la perspective) pour désigner le concept de perspective développé par les Égyptiens. C’est ce qui explique l’impression étrange qui se dégage de ces images échappant à l’aspect normatif que nous connaissons.
Pourquoi les Égyptiens peignaient-ils les pharaons de profil sur leurs dessins ?
Cette manière de représenter les personnages de profil, visage et corps, obéit également à la conception religieuse qui anime la normalisation de la représentation. Les systèmes de croyances sous l’Égypte antique accordent une part importante à la réincarnation et aux cycles naturels. Or, selon les Égyptiens, l’image doit offrir la représentation la plus complète possible du corps humain, et donc composer en deux dimensions un corps en trois dimensions. Ce type de représentation de profil permet alors de figurer le mouvement, mais doit tout de même incorporer la présence de tous les membres du corps. Par superstition, la représentation la plus complète d’un corps humain ouvrait la porte à une réincarnation complète ; à l’inverse, un corps humain représenté avec un bras ou une jambe en moins risquait de le perdre dans son prochain cycle d’existence.
Les Égyptiens représentaient-ils tout de profil ?
L’art égyptien composait donc ses images dans un souci de condenser chaque perspective en une image plane, ce qui a conduit à un art extrêmement normalisé : les égyptologues ont trouvé des reliques de grilles préliminaires de dessins, censées aider les artistes à gérer les dimensions de leurs œuvres. Mais à travers ce souci d’exhaustivité, on peut découvrir que tout dans les œuvres d’art égyptiennes ne s’accordait pas à la représentation de profil : par exemple, si les bras, jambes ou pieds sont peints de profil, les yeux et les torses sont eux peints de face. Les yeux en particulier sont très souvent dessinés de face, car ils permettent de figurer l’intention : indiquer la direction du regard, montrer si l'œil est ouvert ou fermé… C’est ce mélange si particulier qui définit l’aspectivité propre au style égyptien.