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En Afrique, la croisade orthodoxe de Poutine

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Josué

Josué
Administrateur

[size=38]En Afrique, la croisade orthodoxe de Poutine[/size]
Enquête 
En perte de vitesse dans l’ancien bloc soviétique et à la faveur de la guerre en Ukraine, le Patriarcat de Moscou redéploie depuis plusieurs années son influence sur le continent africain. Une stratégie ambitieuse qui s’inscrit dans une offensive géopolitique plus globale du Kremlin.


  • Malo Tresca, 
  • le 29/05/2024 à 07:00




En Afrique, la croisade orthodoxe de Poutine 1465470-la-patriarche-kirill-lors-du-sommet-russie-afrique



La patriarche Kirill lors du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg le 27 juillet 2023.YEGOR ALEYEV / TASS/SIPA

27 juillet 2023. Vladimir Poutine vient de parler. Coiffé du klobouk brodé d’ailes de séraphins dorées, le patriarche Kirill de Moscou s’avance à son tour sur la scène du Centre des congrès de Saint-Pétersbourg. Devant lui, un parterre de chefs d’État, de gouvernement et de ministres venus de tout le continent africain pour le sommet économique Russie-Afrique.
« La Russie n’a jamais regardé le continent africain comme un espace dont elle pourrait profiter, ou qu’elle pourrait coloniser », entame le primat de l’Église orthodoxe russe. « Elle ne s’est jamais adressée aux peuples africains avec condescendance, n’a pas employé, avec eux, le langage de la supériorité ou de la force », poursuit-il, insistant sur les « relations anciennes et amicales » qui lient son pays à ceux de son auditoire.

Son discours, ce jour-là, dessine un axe de coopération culturelle et spirituelle fondé sur un attachement commun à des « valeurs morales intangibles » : le patriotisme, la tradition, la famille composée d’un homme et d’une femme, le rejet de l’homosexualité… face à un Occident jugé « décadent », gangrené par le relativisme moral et le culte de la consommation.
À mesure qu’il évoque le déploiement de l’Église russe en Afrique, ses appels du pied se font de moins en moins déguisés. « Le Patriarcat de Moscou est ouvert à toute initiative pouvant servir le bien des populations, l’établissement de la paix », conclut-il, non sans remercier au passage les autorités présentes de faciliter les procédures d’enregistrement des nouvelles paroisses russes sur leur territoire. Dans les rangs des dirigeants figurent notamment les présidents camerounais Paul Biya et centrafricain Faustin-Archange Touadéra.
Infiltrations de conseillers russes dans les sphères politiques, réseaux de propagande surfant sur la montée du sentiment antifrançais, exploitation minière… Greffée sur une offensive géopolitique plus globale du Kremlin, l’Eglise orthodoxe de Russie (EOR) se déploie, elle aussi, depuis quelques années en Afrique, suivant une géographie qui épouse souvent les percées des mercenaires du groupe Wagner, pour la plupart incorporés à l’armée russe. République de Centrafrique, Tchad… sur son site, elle affirme recenser désormais 200 paroisses, dans 25 pays africains.
Un processus d’implantation accéléré par la guerre en Ukraine pour développer un « soft power » religieux qui sert de relais d’influence au grand projet civilisationnel défendu par le régime de Poutine. « Le projet ecclésial intervient ici en soutien du politique. C’est une double opération, et la partie immergée de l’offensive de Moscou pour prendre le contrôle sur l’orthodoxie mondiale », corrobore le théologien et spécialiste Jean-François Colosimo (1).

« Aucune justification canonique »


Cette expansion cherche encore à s’institutionnaliser. En décembre 2021, la création d’un exarchat patriarcal d’Afrique a entériné un virage stratégique majeur. À l’époque, la décision avait résonné comme une nouvelle déflagration dans le paysage fracturé de l’orthodoxie mondiale : elle officialisait le refus, par Moscou, de reconnaître le territoire africain comme relevant de la juridiction canonique du Patriarcat d’Alexandrie, incontestée jusque-là.
Pourquoi ce revirement ? « Cette décision visait à sanctionner le patriarche Théodore II d’Alexandrie, proche de Constantinople, pour avoir reconnu en 2019 l’Église orthodoxe autocéphale d’Ukraine (OCU) – considérée comme schismatique par Moscou. Pour Kirill, qui communique avec un schismatique devient lui-même schismatique », résume Konstantinos Vetochnikov, docteur en théologie et en histoire à la bibliothèque byzantine du Collège de France. Kirill se serait saisi de ce « prétexte », selon lui, pour légitimer sa croisade en Afrique, alors que les justifications russes ne reposent « sur aucun fondement canonique ». L’EOR évoque, elle, un « retour » sur ses terres, faisant valoir sa présence de longue date en Abyssinie (dès le XIXe siècle), ou en Égypte (à partir de 1914).
À lire aussiLe Patriarcat de Moscou étend son influence en Afrique
Sur le terrain, Alexandrie et Moscou se livrent depuis trois ans à une lutte sans merci. En mars 2023, Théodore II s’insurgeait ainsi dans les colonnes du journal grec Parapolitika : « Lié inextricablement aux revendications politiques de l’État russe (…), le Patriarcat de Moscou, poussé par des tendances extrêmement autoritaires à dominer l’orthodoxie, est apparu en Afrique et y a pénétré, volant du jour au lendemain au mépris des institutions séculaires. » Sur sa chaîne Telegram, le métropolite russe Leonid (Gorbatchev) de Kline, exarque d’Afrique de 2021 à 2023, ripostait avoir « posé le pied sur un désert canonique » où, insistait-il, « les perspectives sont excellentes ».

Leonid, un proche de Wagner


Leonid de Kline : le choix même de ce religieux sulfureux pour incarner le visage de l’orthodoxie russe en Afrique est révélateur de l’imbrication des enjeux spirituels et géopolitiques sur ces territoires. Doté d’une formation militaire après un passage dans l’Armée rouge dans les années 1980, il a officié sur divers points chauds – dans le Caucase, en Serbie pendant la guerre des Balkans, en Égypte pendant le Printemps arabe… « Cet homme de terrain, soutenu par des éléments ultra-conservateurs du Patriarcat, était un proche de Evgueni Prigojine (1961-2023), le fondateur de Wagner, dont les exactions ne sont plus à prouver en Afrique », pointe Antoine Nivière, professeur de civilisation russe à l’université de Lorraine.

Et de fait, après la chute de Prigojine en 2023, Leonid a été écarté. « Il s’est mis à dos le clan Poutine et a été relevé de sa fonction d’exarque d’Afrique au motif de malversations financières qu’on lui aurait trouvées dans sa paroisse moscovite », précise le spécialiste. Un jeune évêque, Constantin de Zaraïsk, lui a succédé. « Il n’a pas la même envergure, mais Kirill l’a élevé au rang honorifique de métropolite », relève Antoine Nivière, identifiant là un autre signe de la volonté de Moscou de « fortifier sa politique d’entrisme » en Afrique.

Réalités mouvantes


Combien pèse réellement l’orthodoxie russe en Afrique ? Difficile de l’évaluer à l’échelle d’un continent brassant des réalités ecclésiales extrêmement hétéroclites et mouvantes. Certes très loin de l’essor massif des évangéliques, elle bénéficie toutefois d’un « terreau propice, avec l’avantage de ne pas être une Église de colonisation, d’avoir un clergé marié, et d’entretenir moins de méfiance vis-à-vis de pratiques locales comme le culte des ancêtres », identifie Jean-François Colosimo.
Quel crédit accorder à ce chiffre, revendiqué par Moscou, de 200 paroisses ayant basculé dans son giron ? Pour l’étayer, des photographies d’églises récemment inaugurées ou de terrains acquis – au Malawi, au Kenya, au Cameroun, au Niger, en Tanzanie… – inondent le site du nouvel exarchat russe pour l’Afrique. « Dans les faits, certains chantiers n’iront probablement pas au bout », récuse Mgr Gregorios, exarque du Patriarcat d’Alexandrie en Afrique centrale. De son siège à Yaoundé, celui qui est métropolite du Cameroun depuis 2004 observe un modus operandi bien établi : « Sous couvert d’aider les populations africaines en développant des infrastructures humanitaires (orphelinats, puits, dispensaires…), des missionnaires russes viennent régulièrement pour identifier nos faiblesses et s’engouffrer dans nos failles. »

Malgré plusieurs relances, les instances orthodoxes russes contactées n’ont pas souhaité répondre. Publiquement, elles ont toujours nié octroyer des financements informels pour recruter leur clergé. Quatre observateurs locaux interrogés par La Croix corroborent pourtant les propos de Mgr Gregorios – et indiquent, sans être en mesure d’apporter la preuve tangible de cette corrélation, avoir vu les finances de certaines paroisses orthodoxes « se porter beaucoup mieux » dans le sillage de leur allégeance à Moscou.

Quels critères de recrutement ?


Selon Mgr Gregorios, « les Russes ciblent en particulier des responsables d’Églises chrétiennes libres, vagabondes et opportunistes, comme il en existe des milliers en Afrique ». Mais pas seulement. Entre 2022 et 2023, 6 des 38 prêtres et diacres de son propre diocèse ont basculé côté russe. « Au-delà de l’attrait pour l’argent, certains savaient que j’étais en passe de les destituer pour des motifs variés : mœurs, insubordination… », explique-t-il. Pour acter leur rattachement à Moscou, ces derniers ont dû prêter serment par écrit, déclarant n’avoir subi « aucune pression extérieure », ni cherché aucun « bénéfice personnel » – et « avec le seul but de préserver (leur) âme du danger spirituel d’être associé au schisme en Ukraine ».

Parmi ces démissionnaires figure le père Jean Bessala, à Yaoundé. Sa porte d’entrée vers l’orthodoxie russe, il assure l’avoir trouvée via les réseaux sociaux. « Sur nos téléphones, nous pouvons voir comment Moscou célèbre, quels sont ses enseignements. C’est pour moi la seule Église qui respecte le rite, et restée attachée à la tradition apostolique », assène-t-il, peu enclin à creuser ces divergences théologiques.
Niant s’être vu proposer de l’argent, il insiste : c’est uniquement « guidé par sa foi » qu’il aurait « volontairement » quitté Alexandrie. Selon nos informations, des soupçons d’exorcismes illégaux, ainsi que de détournements de dons au sein d’un orphelinat placé sous sa responsabilité, pesaient sur lui à cette époque-là. Des allégations qu’il réfute aujourd’hui, concédant simplement avoir vécu par le passé « des petites querelles d’hommes ».
À lire aussiKirill, « chef d’État » à la tête de l’Église orthodoxe russe
Sur une photographie datant de février 2023, Jean Bessala pose au côté du missionnaire russe George Maximov – chargé d’évaluer les dossiers des candidats à la prêtrise – et d’un autre prêtre camerounais récemment incardiné dans l’EOR, Benoît Owona. Or d’après un acte officiel consulté par La Croix, ce dernier avait été destitué du clergé d’Alexandrie dès 2009, en raison d’« agissements et comportements irréguliers ». Signe enfin de la nébuleuse qui auréole le remaillage ecclésial russe en Afrique, le père Jean refuse à plusieurs reprises de donner le nom de l’église dans laquelle il officierait désormais : « Nous n’avons rien à cacher, mais je ne peux pas. »
L’avenir de ces paroisses pose plus largement question : survivront-elles à l’après-tandem « Poutine-Kirill » en Russie ? Ces prochains mois, Moscou devrait en tout cas enregistrer de nouvelles percées. À l’Expoforum de Saint-Pétersbourg, le patriarche Kirill a achevé son discours, et le voilà qui invoque désormais la « bénédiction divine » sur l’ensemble des dirigeants africains. Avant de se retirer du pupitre, sous une salve d’applaudissements.
(1)) Dernier livre : Occident, ennemi mondial n° 1, Albin Michel

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