[size=38]Strasbourg : ce qu’il faut savoir sur un diocèse particulier[/size]
Analyse
Mgr Pascal Delannoy, jusqu’alors évêque de Saint-Denis, a été nommé archevêque de Strasbourg, mercredi 28 février. Il prendra la tête d’un diocèse atypique, concordataire et riche de nombreux clercs.
Une photographie prise le 7 juin 2023 montre la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, dans l’est de la France.PATRICK HERTZOG / AFP
Un diocèse particulier, riche en prêtres, qui connaît une grave crise depuis au moins deux ans. À Strasbourg, Mgr Pascal Delannoy, nommé, mercredi 28 février, archevêque, s’apprête à découvrir un territoire très spécifique. À commencer par son administration : en Alsace, comme en Moselle, les cultes sont toujours régis par le droit local et le Concordat, signé en 1801 entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII. Il place les établissements publics de culte sous la tutelle de l’État français.
À lire aussiMgr Pascal Delannoy, un archevêque discret et à l’écoute pour apaiser le diocèse de Strasbourg
Une exception à la loi de séparation des Églises et de l’État due à l’histoire : le 9 décembre 1905, lorsque cette loi est votée par le Parlement français, l’Alsace et la Moselle sont encore annexés par l’Empire allemand. En 1918, quand l’Alsace et la Moselle redeviennent françaises, la loi de 1905 n’y est pas appliquée et ce territoire conserve son droit local. Aujourd’hui, en France métropolitaine, le diocèse de Metz et celui de Strasbourg sont les seuls régis par le Concordat.
Du fait de ce régime concordataire, dans les trois départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, les prêtres sont rétribués par l’État tandis que les collectivités territoriales participent au financement du culte. Les catholiques ne sont pas les seuls soumis à ce régime puisque l’Alsace-Moselle reconnaît aussi les cultes protestant luthérien, protestant réformé et israélite. Les autres cultes, non statutaires (musulman, évangélique, bouddhiste…) peuvent s’organiser par le biais d’associations de droit local inscrites au registre des associations, et obtenir des subventions de l’État et des collectivités territoriales.
Les spécificités de ce régime sont régulièrement remises en cause. Dernière contestation en date : début décembre 2023, deux députés La France insoumise (LFI) ont déposé une proposition de loi visant à abroger ce régime local des cultes. En 2013, dans une décision du 21 février, le Conseil constitutionnel, saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité, avait jugé ce droit local conforme à la Constitution.
Le diocèse de Strasbourg compte, par ailleurs, un nombre particulièrement élevé de prêtres. La Conférence des évêques de France (CEF) en dénombre 431 en activité dans le diocèse, pour une population totale d’environ 1,915 million d’habitants. En comparaison, le diocèse de Lyon compte, selon la CEF, 348 prêtres en activité, pour une population de plus de deux millions d’habitants.
Depuis au moins deux ans, le diocèse de Strasbourg connaît une crise majeure. Le pape François a demandé, le 23 juin 2022, une visite apostolique pour enquêter sur le gouvernement du diocèse et le malaise du clergé. Une visite qui a entraîné, en avril 2023, la démission de Mgr Luc Ravel, l’archevêque. Plus récemment, le 14 février 2024, l’évêque auxiliaire Mgr Gilles Reithinger, mis en cause pour avoir dissimulé des agressions sexuelles, a renoncé à sa charge pour « problèmes de santé ».
Les défis seront donc multiples pour le nouvel archevêque. Dans un message publié le 28 février, Mgr Pascal Delannoy se dit « heureux à la perspective » de rejoindre ses futurs diocésains « pour découvrir toutes les richesses de notre diocèse et ses multiples particularités. Vous m’aiderez à découvrir le régime du Concordat qui, au-delà des aspects juridiques, permet de fréquentes rencontres avec les autorités civiles dans le désir de progresser ensemble dans la recherche du Bien commun », écrit-il, déjà tourné vers l’avenir, sans évoquer les crises du diocèse. Il sera installé dimanche 21 avril en la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. C’est alors que la mission d’administrateur apostolique du diocèse, assurée par Mgr Philippe Ballot, prendra fin.
Analyse
Mgr Pascal Delannoy, jusqu’alors évêque de Saint-Denis, a été nommé archevêque de Strasbourg, mercredi 28 février. Il prendra la tête d’un diocèse atypique, concordataire et riche de nombreux clercs.
- Charlotte Gambert,
- le 28/02/2024 à 18:47
Une photographie prise le 7 juin 2023 montre la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, dans l’est de la France.PATRICK HERTZOG / AFP
- [url=https://twitter.com/intent/tweet?&text=Strasbourg%C2%A0: ce qu%E2%80%99il faut savoir sur un dioc%C3%A8se][/url]
Un diocèse particulier, riche en prêtres, qui connaît une grave crise depuis au moins deux ans. À Strasbourg, Mgr Pascal Delannoy, nommé, mercredi 28 février, archevêque, s’apprête à découvrir un territoire très spécifique. À commencer par son administration : en Alsace, comme en Moselle, les cultes sont toujours régis par le droit local et le Concordat, signé en 1801 entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII. Il place les établissements publics de culte sous la tutelle de l’État français.
À lire aussiMgr Pascal Delannoy, un archevêque discret et à l’écoute pour apaiser le diocèse de Strasbourg
Une exception à la loi de séparation des Églises et de l’État due à l’histoire : le 9 décembre 1905, lorsque cette loi est votée par le Parlement français, l’Alsace et la Moselle sont encore annexés par l’Empire allemand. En 1918, quand l’Alsace et la Moselle redeviennent françaises, la loi de 1905 n’y est pas appliquée et ce territoire conserve son droit local. Aujourd’hui, en France métropolitaine, le diocèse de Metz et celui de Strasbourg sont les seuls régis par le Concordat.
Le statut spécifique des ministres du culte
Du fait de ce régime concordataire, dans les trois départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, les prêtres sont rétribués par l’État tandis que les collectivités territoriales participent au financement du culte. Les catholiques ne sont pas les seuls soumis à ce régime puisque l’Alsace-Moselle reconnaît aussi les cultes protestant luthérien, protestant réformé et israélite. Les autres cultes, non statutaires (musulman, évangélique, bouddhiste…) peuvent s’organiser par le biais d’associations de droit local inscrites au registre des associations, et obtenir des subventions de l’État et des collectivités territoriales.
Les spécificités de ce régime sont régulièrement remises en cause. Dernière contestation en date : début décembre 2023, deux députés La France insoumise (LFI) ont déposé une proposition de loi visant à abroger ce régime local des cultes. En 2013, dans une décision du 21 février, le Conseil constitutionnel, saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité, avait jugé ce droit local conforme à la Constitution.
Un diocèse riche en prêtres
Le diocèse de Strasbourg compte, par ailleurs, un nombre particulièrement élevé de prêtres. La Conférence des évêques de France (CEF) en dénombre 431 en activité dans le diocèse, pour une population totale d’environ 1,915 million d’habitants. En comparaison, le diocèse de Lyon compte, selon la CEF, 348 prêtres en activité, pour une population de plus de deux millions d’habitants.
De multiples crises
Depuis au moins deux ans, le diocèse de Strasbourg connaît une crise majeure. Le pape François a demandé, le 23 juin 2022, une visite apostolique pour enquêter sur le gouvernement du diocèse et le malaise du clergé. Une visite qui a entraîné, en avril 2023, la démission de Mgr Luc Ravel, l’archevêque. Plus récemment, le 14 février 2024, l’évêque auxiliaire Mgr Gilles Reithinger, mis en cause pour avoir dissimulé des agressions sexuelles, a renoncé à sa charge pour « problèmes de santé ».
Un nouveau départ ?
Les défis seront donc multiples pour le nouvel archevêque. Dans un message publié le 28 février, Mgr Pascal Delannoy se dit « heureux à la perspective » de rejoindre ses futurs diocésains « pour découvrir toutes les richesses de notre diocèse et ses multiples particularités. Vous m’aiderez à découvrir le régime du Concordat qui, au-delà des aspects juridiques, permet de fréquentes rencontres avec les autorités civiles dans le désir de progresser ensemble dans la recherche du Bien commun », écrit-il, déjà tourné vers l’avenir, sans évoquer les crises du diocèse. Il sera installé dimanche 21 avril en la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. C’est alors que la mission d’administrateur apostolique du diocèse, assurée par Mgr Philippe Ballot, prendra fin.