La querelle trinitaire atteindra son paroxysme au début du IVe siècle de notre ère. À cette époque, les principaux personnages en présence sont trois théologiens-philosophes d’Alexandrie, en Égypte: d’un côté Arius, de l’autre Alexandre et Athanase. Arius nie que le Fils est de même substance ou de même essence que le Père. Pour lui, le Christ est vraiment fils. Autrement dit, il a eu un commencement. Arius tient le Saint-Esprit pour une personne, mais à son avis celui-ci n’est consubstantiel ni au Père ni au Fils; il est plutôt inférieur à l’un et à l’autre. Il parle bien d’une “Triade” ou d’une “Trinité”, mais il estime qu’elle se compose de personnes inégales et que seul le Père est incréé.
Alexandre et Athanase, pour leur part, affirment que les trois personnes divines sont de même substance et qu’il ne s’agit donc pas de trois Dieux, mais d’un seul. Athanase accuse même Arius de réintroduire le polythéisme en les séparant.
En ce temps-là, Constantin, empereur de Rome, espère bien se servir du christianisme déviant pour ‘cimenter’ son empire, qui menace de se disloquer. Ce débat théologique lui paraît contraire à ses intérêts. Il en parle comme d’“une dispute insensée sur des nuances insignifiantes”. La lettre spéciale qu’il a envoyée à Alexandrie en 324 n’ayant pas réussi à réconcilier les deux partis, il convoque un concile universel de l’Église pour régler l’affaire dans un sens ou dans l’autre. Lors de ce premier concile œcuménique, qui se tiendra en 325 à Nicée, en Asie Mineure, les évêques assemblés se déclareront ouvertement pour Alexandre et Athanase en adoptant le credo trinitaire de Nicée. Aujourd’hui encore, l’Église catholique, l’Église orthodoxe et la plupart des Églises protestantes souscrivent à ce credo, avec quelques aménagements apportés, semble-t-il, en 381. C’est ainsi que la chrétienté est passée du christianisme à l’adoration d’une entité mystérieuse et inconcevable, d’un “Dieu inconnu” en trois personnes.
Les conséquences à long terme
Le concile de Nicée n’a pas mis fin à la controverse trinitaire, tant s’en faut. Après lui, l’arianisme (qui n’était déjà plus le vrai christianisme) est réapparu plusieurs fois au cours de l’Histoire. Les tribus germaniques qui ont envahi l’Empire romain sur son déclin professaient le “christianisme” d’Arius, et elles l’ont propagé dans une bonne partie de l’Europe et de l’Afrique du Nord, où il a continué de prospérer jusqu’au VIe siècle, et même plus tard dans certaines régions.
Le dogme de la Trinité a continué de diviser la chrétienté pendant des siècles. Lors de divers conciles œcuméniques, les théologiens ont abondamment philosophé pour définir la nature et le rôle précis du Fils, ou encore pour déterminer si le Saint-Esprit procédait à la fois du Père et du Fils ou du Père seul. Toutes ces disputes n’ont fait que rendre encore plus confuse l’idée que la plupart des gens se font du Créateur.
De fait, la doctrine de la Trinité a tellement jeté le trouble dans l’esprit des croyants que la foi de beaucoup en a été sérieusement ébranlée, pour ne pas dire complètement démolie. En ce qui vous concerne, peut-être vous demandez-vous ce que les Écritures disent vraiment sur le Père, le Fils et l’esprit saint?