Les sectes vues par Charles Taze Russell
Depuis longtemps déjà, les sectes chrétiennes prolifèrent. C’est la raison pour laquelle j’aimerais donner ici l’opinion de quelqu’un qui a été et qui est toujours fortement critiqué, parce qu’il a été, bien malgré lui, considéré comme le fondateur des témoins de Jéhovah. Il s’agit de Charles Taze Russel, ancien Adventiste du septième jour, qui a quitté ce mouvement, afin de pouvoir étudier la Bible, en toute liberté. Suite à cela, et avec quelques amis qui étudièrent avec lui, il créa le groupement des Etudiants de la Bible qui, au fil du temps, longtemps après sa mort (1916), aboutit aux témoins de Jéhovah (1931).
Charles Taze Russell a écrit de nombreux ouvrages et parmi eux, « l’Etude dans les Ecritures », qui se compose de six volumes de commentaires bibliques sur des sujets variés. Sa connaissance et sa compréhension du contenu de la Bible est assez extraordinaire et ce sont ses écrits qui ont servi et qui servent encore toujours de base à l’éducation biblique des adeptes de la secte des témoins de Jéhovah ; mais beaucoup de ceux-ci l’ignorent. Certains passages de ses écrits sont particulièrement dérangeants, et de ce fait, ils ne seront jamais analysés par eux et particulièrement ceux où Charles Taze Russell parle des sectes, qui de son temps étaient essentiellement protestantes.
En voici quelques passages :
Lorsque Charles Taze Russell parle de la parabole de l’ivraie (Matthieu 13 : 24 à 30), il fait les commentaires suivants :
Le monde chrétien ou chrétienté (catholicisme et protestantisme), comme on l’appelle parfois, forme ce que la parabole (dite de l’ivraie) désigne par l’expression « le champ, c’est le monde » ; c’est, en un mot, le froment et l’ivraie réunis (l’ivraie étant beaucoup plus nombreuse).
Il précise que le froment est formé des véritables enfants du Royaume, des véritables consacrés, des héritiers (dans l’Apocalypse, les 144.000 personnes marquées du sceau), tandis que l’ivraie est formée par l’Eglise nominale qui n’est pas véritablement l’Eglise du Christ ou future Epouse.
Pour lui, ces enfants du Royaume, peuvent se trouver dans n’importe quel groupement religieux du monde : catholicisme, protestantisme, sectes chrétiennes. Il écrit qu’aucune organisation terrestre (à l’exception des Mormons et des Christadelphiens,) à son époque, et aujourd’hui, des témoins de Jéhovah) n’oserait encore moins prétendre qu’elle renferme tout le froment.
Il dénonce l’esprit d’une secte et de ceux qui la dirigent, lorsqu’il écrit que l’esprit de cette dernière (l’Eglise nominale ou chrétienne) pousse ceux qui la forment à rechercher la grandeur et l’ostentation sectaires plutôt que l’obéissance et la fidélité individuelle à Dieu. En conséquence, les vérités présentes dont elles découvrent de suite la tendance à condamner tout sectarisme et à éprouver chaque individu, sont énergiquement rejetées et combattues par elle.
Elles (les sectes) mettent leur emprise lentement, avec précaution, mais avec force autour de toute pensée et étude individuelle sur des sujets religieux.
Il ajoute qu’il n’est pas nécessaire d’appartenir à une religion ou à une secte pour être approuvé par Dieu. Il dit bien que chacun sera jugé individuellement et non pas suivant son appartenance.
L’épreuve qui déterminera si nous sommes dignes des honneurs du Royaume sera individuelle : c’est une épreuve de fidélité individuelle envers Dieu et envers sa vérité et non pas une épreuve de sectes pour savoir laquelle est la vraie (qui, d’ailleurs, pourrait le déterminer avec certitude ?).
Mais la force de la secte et plus particulièrement aujourd’hui, celle des témoins de Jéhovah, c’est qu’elles ont cherché à persuader chacun qu’il était essentiel pour être sauvé de se joindre à l’une d’elles, peu importe laquelle. C’est ainsi qu’elles combinent la notion de responsabilité individuelle avec l’esclavage sectaire.
Pourquoi, citer les témoins de Jéhovah aussi souvent ? Simplement parce qu’ils sont l’aboutissement des enseignements de Charles Taze Russell, mais de ses enseignements judicieusement filtrés, ne retenant que ce qui sert les intérêts de la secte et non pas les intérêts de Dieu. Seuls ces enseignements filtrés son transmissibles et partout, ici et là, où existe une réunion d’études bibliques pour adultes, si celui qui enseigne est assez sincère et indépendant pour s’écarter des leçons prescrites et s’occuper de sujets plus importants, propre à faire luire la vérité qu’elle soit ou non favorable à la confession de la secte, il est certain que son pasteur ou son supérieur immédiat, le considérera comme un moniteur indigne de confiance. Il est vrai que ceux qui enseignent ainsi sont dangereux pour l’élément sectaire et bientôt on leur retire le droit d’enseigner.
Ceux qui appartiennent à une secte quelconque sont obligés de se lier aux systèmes qu’ils ont appris à aimer, et croyant qu’ils seraient perdus s’ils n’étaient pas rattachés à eux. Et cela les empêche de s’en libérer.
Ceux qui appartiennent ou ont appartenu à la secte des témoins de Jéhovah savent particulièrement bien que chaque heure de loisir d’un sectaire zélé est consacrée à l’une des nombreuses réunions ou des nombreux projets de sorte qu’il ne reste aucun moment pour penser et pour étudier la Bible en toute liberté. Le but principal de ces réunions, distractions, etc., est de développer et de fortifier l’esprit sectaire ; le résultat final est d’amener l’asservissement dont nous avons parlé et qui empêche le véritable développement des enfants consacrés de Dieu, le froment. Ces liens deviennent de plus en plus forts, comme le prophète l’avait annoncé (Esaïe 28 : 22). Les gerbes sont formées par un peu de froment et beaucoup d’ivraie et chaque jour, il devient plus difficile d’en sortir.
C’est l’enseignement qui est l’arme principale, que ce soit d’une religion en place ou d’une secte chrétienne et ce péché, consistant à garder et à enseigner l’erreur en sacrifiant la vérité, est commun à toutes les sectes de l’Eglise nominale ; elles en sont toutes coupables sans exceptions (sauf les témoins de Jéhovah qui transmettent, partiellement, les enseignements de Charles Taze Russell et qui n’appartiennent pas à l’Eglise nominale). Où est la secte qui vous aidera à sonder diligemment les Ecritures pour croître par elles en grâce et en connaissance de la vérité ? Où est la secte qui ne gênera pas votre croissance, et par ses doctrines et par ses pratiques ? Où est la secte dans laquelle vous pouvez obéir aux paroles du Maître et laisser briller votre lumière ? Nous n’en connaissons point.
Si certains enfants de Dieu qui sont dans ces systèmes religieux ne s’aperçoivent pas des liens qui les emprisonnent, c’est parce qu’ils n’essaient pas de faire usage de leur liberté, parce qu’ils sont endormis à leur poste du devoir, au lieu d’être des intendants actifs et des sentinelles.
Comme le souligne encore Charles Taze Russell, si vous persistez à annoncer la bonne nouvelle (ce que les témoins de Jéhovah font aussi), à dévoiler les erreurs depuis longtemps établies, vous serez bientôt rejetés, mis à la porte pour le bien de la cause sectaire, ou bien vos libertés seront si entravées, que vous ne pourrez pas faire luire votre lumière dans cette assemblée. Dans ce cas, votre devoir est clair et net : Donnez pleinement votre témoignage d’amour, montrant la bonté et la sagesse du Seigneur manifestées dans son grand plan des Ages, puis retirez-vous d’eux publiquement en exposant vos motifs avec sobre bon sens et avec humilité.
Charles Taze Russell ne fait pas beaucoup de différence entre le catholicisme et le protestantisme. Pour lui, ils sont tous les deux coupables du même péché, car certains de ceux qui repousseraient avec indignation l’esclavage absolu de la conscience et de la raison individuelle dans l’Eglise romaine, sont tout à fait disposés à se laisser enchaîner par les confessions de foi et les dogmes de l’une ou l’autre des sectes protestantes et désireuses d’amener d’autres personnes dans ces mêmes liens. Il est vrai que leurs chaînes sont moins lourdes et moins longues que celles de Rome et des Ages des ténèbres ; c’est déjà un progrès - une réformation en vérité - c’est un pas de plus vers la liberté, vers la condition de l’Eglise du temps des Apôtres. Mais pourquoi porter encore des chaînes ? Pourquoi lier et limiter nos consciences ? Pourquoi ne pas demeurer fermes dans la pleine liberté par laquelle Christ nous affranchit ? Pourquoi ne pas rejeter tous les efforts d’humains faillibles, qui veulent enchaîner notre conscience et empêcher toute recherche ?
Pourquoi ne pas vouloir en revenir à ce qu’était l’Eglise des Apôtres ? - libre de croître en connaissance, aussi bien qu’en grâce et en amour lorsque le temps marqué du Seigneur révèle de plus en plus pleinement son plan gracieux ?
Chacun sait certainement qu’en s’unissant à une de ces organisations humaines, en acceptant sa confession de foi il s’engage à croire ce qui est exprimé dans cette Confession, rien de plus, rien de moins. Si malgré l’esclavage ainsi accepté volontairement, il voulait penser pour soi-même et recevoir la lumière d’autres sources, et plus développée que la lumière dont jouit la secte à laquelle il s’est joint, ou bien il doit se prouver malhonnête à l’égard de celle-ci et envers son alliance avec elle de ne rien croire de contraire à sa confession, ou bien il doit en toute honnêteté abandonner et rejeter la Confession qu’il a dépassée et sortir d’une telle secte. Pour faire cela, la grâce est nécessaire et les efforts sont coûteux, entraînant souvent la rupture de relations agréables, et le chercheur honnête de la vérité se voit sottement accusé d’être un traître à sa secte, un renégat, un mal affermi, etc. ; lorsque quelqu’un se joint à une secte, son esprit est sensé s’abandonner entièrement à elle et il ne lui appartient plus. La secte se charge de décider pour lui ce qui est vérité et ce qui est erreur et s’il veut être un membre fidèle, sincère et zélé, il doit accepter les décisions de sa secte, dans le futur comme dans le passé, sur toute question religieuse; il doit ignorer ses opinions personnelles, éviter de faire des recherches personnelles, car il ne doit pas croître en connaissance, de peur que sa secte ne perde un membre de plus. Cet esclavage de la conscience, à une secte, à une Confession est souvent admirablement dépeint lorsque quelqu’un déclare qu’il appartient à telle secte.
S’il continue encore à croître en grâce et en connaissance, et aime la vérité, s’il apprend à apprécier la liberté pour laquelle Christ nous a affranchis, il se peut que vous le trouviez bientôt en dehors de toute organisation humaine, associé simplement au Seigneur et à ses Saints, liés seulement par les liens tendres mais solides de l’amour et de la vérité, comme l’Eglise primitive.
Le sentiment de malaise et d’insécurité, s’il n’est pas lié par les chaînes d’une secte quelconque, est général. Il provient, à l’origine, de la fausse idée romaine, promulguée par la papauté, qu’il est nécessaire, vital même, d’être membre d’une organisation terrestre si l’on veut plaire au Seigneur et obtenir la vie éternelle. Ces diverses organisations terrestres et humaines si différentes des simples associations sans entraves, du temps des Apôtres, sont considérées involontairement et presque inconsciemment par les chrétiens comme autant de compagnies d’assurance pour le Ciel.
Mais alors, où se trouve, aujourd’hui, cette Eglise dont on parle dans les Ecritures grecques chrétiennes ? Pour lui, tous sont forcés d’admettre que la véritable Eglise est celle dont les membres ont leur nom inscrit dans les Cieux et non sur la terre. Les systèmes religieux trompent le monde en prétendant qu’il est nécessaire de venir à Christ par eux, qu’il est nécessaire de devenir membre de quelque corps ou organisation sectaire pour devenir membre du corps de Christ, la véritable Eglise. Au contraire, si le Seigneur n’a jamais refusé d’accepter aucun disciple qui vint à lui en passant par une secte, il n’a jamais renvoyé à vide un véritable chercheur de la vérité, et il nous dit que nous n’avons pas besoin de telles entraves, que nous aurions pu venir à lui directement et beaucoup plus aisément.
Nous aurions dû avoir écouté ses avertissements plus tôt, nous aurions évité les lourds fardeaux de ces sectes, leurs impasses du désespoir, leurs châteaux de doute, leurs foires de vanités, leurs lions de l’esprit du monde, etc.
Que chacun médite ce texte et puisse en tirer profit pour lui-même, mais aussi pour les autres. Jésus disait : Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous en vêtement de brebis, mais qui sont en réalité des loups ravisseurs (Matthieu 7 : 15).