*** w73 1/6 p. 349-350 Questions de lecteurs ***
Dieu pardonna-t-il à Lot de s’être enivré et d’avoir engendré des fils par ses propres filles ?
Pour trouver la réponse à cette question, il faut tenir compte des événements qui ont précédé cet incident, en rapport avec d’autres passages des Écritures.
Lot et ses deux filles furent les seuls survivants de la destruction de Sodome et de Gomorrhe. Après ce désastre, ils résidèrent d’abord à Tsoar, mais, pour une certaine raison, Lot n’osa pas demeurer dans cette ville, aussi alla-t-il habiter dans une caverne avec ses deux filles (Gen. 19:30). Par la suite, l’aînée dit à la plus jeune : “Notre père est vieux ; et il n’y a point d’homme dans la contrée, pour venir vers nous, selon l’usage de tous les pays. Viens, faisons boire du vin à notre père, et couchons avec lui, afin que nous conservions la race de notre père.” — Gen. 19:31, 32.
Le fait qu’elles cherchèrent à enivrer leur père laisse supposer qu’elles se rendaient compte qu’il n’aurait jamais accepté d’avoir des relations sexuelles avec elles, s’il n’avait pas été ivre. Mais étant donné les circonstances, elles jugèrent que c’était le seul moyen d’empêcher l’extinction de la famille de Lot. Elles étaient étrangères dans le pays et il n’y avait aucun homme de leur parenté avec qui elles auraient pu se marier et perpétuer la lignée familiale. Il ne faut pas non plus oublier qu’elles avaient résidé parmi les habitants moralement dépravés de Sodome. Compte tenu de ces différents facteurs, il leur aurait été facile de justifier leur conduite en leur for intérieur. En conséquence, pourquoi les Écritures relatent-elles cet incident ?
Ce récit n’a pas été consigné dans la Bible pour stimuler les pensées érotiques, mais pour faire connaître les liens de parenté unissant les Moabites et les Ammonites aux descendants d’Abraham, connus plus tard sous le nom d’Israélites. Les Moabites et les Ammonites étaient apparentés aux Israélites parce qu’ils descendaient des deux fils que Lot, neveu d’Abraham, avait eus de ses deux filles (Gen. 11:27). Par la suite, ces liens de parenté influencèrent Israël dans ses rapports avec Moab et Ammon. Par exemple, lorsque les Israélites traversèrent le pays à l’est du Jourdain, ils s’en tinrent strictement aux ordres divins, en ne passant pas sur les terres appartenant aux Ammonites et aux Moabites. — Deut. 2:9, 18, 19, 37.
Le lecteur sincère de la Bible est-il laissé dans le doute quant à la conclusion à tirer de l’histoire de Lot et de ses filles ? Peut-il en déduire que Dieu a peut-être approuvé une telle conduite ?
Il est vrai que le chapitre 19 de la Genèse rapporte les faits historiques sans donner le moindre commentaire indiquant si Dieu a approuvé ou désapprouvé les deux actes incestueux commis par Lot, en état d’ivresse. Toutefois, dans d’autres passages des Écritures rédigés par la suite, Dieu condamne catégoriquement et à maintes reprises l’ivrognerie (Prov. 20:1 ; 23:20, 21, 29-35 ; I Cor. 6:9, 10). Pareillement, lorsqu’il donna plus tard sa Loi à Israël, Dieu interdit formellement l’inceste ; il dit en effet : “Nul de vous ne s’approchera de sa parente, pour découvrir sa nudité (...). Tu ne découvriras pas la nudité de ton père, ni la nudité de ta mère.” (Lév. 18:6, 7). Toute transgression de la loi sur l’inceste était punie de mort (Lév. 18:29). Bien que Lot et ses filles n’aient pas été assujettis à la Loi, celles-ci savaient néanmoins qu’elles commettaient un acte indécent en ayant des relations avec leur père ; la preuve en est qu’elles l’ont d’abord enivré.
En ce cas, pourquoi Lot est-il appelé un “homme juste” dans II Pierre 2:8 ? Certainement pas parce que Dieu l’a approuvé de s’être enivré et d’avoir commis l’inceste à deux reprises, car il a condamné une telle conduite. Mais rien n’indique, dans le récit, que Lot avait l’habitude de s’enivrer ou de se livrer à des actes incestueux. Il avait la réputation d’être un “homme juste”, et Dieu le considérait comme tel, car il sonde les cœurs. Lot déplorait vivement la “conduite dissolue” des gens de Sodome. D’autre part, pour que Celui qui sonde les cœurs le considère comme juste, il est évident que Lot a dû regretter amèrement la mauvaise conduite dans laquelle il s’était laissé entraîner.
Le fait que l’histoire de Lot et de ses filles ait été incluse dans le récit biblique devrait certainement nous aider à reconnaître que la Bible est un livre de vérité. Même quand des personnes connues pour être des serviteurs de Jéhovah se sont livrées à des actes indécents, la Bible ne cache pas les faits. Toutefois, ceux-ci sont rapportés, non pour nourrir ou stimuler le désir de pratiquer l’immoralité, mais pour permettre de mieux comprendre d’autres événements.