[size=32] Prier, c'est respirer en pleine conscience »[/size]
Propos recueillis par Julie Klotz - publié le 22/08/2018
La tradition orthodoxe de l'hésychasme enseigne l'importance de prier dans le souffle, la vigilance et l'invocation du nom. Pour le philosophe, théologien et prêtre orthodoxe Jean-Yves Leloup, cette prière du coeur invite à aller vers nous-même.
La pratique de l'hésychasme (du grec hesychia, « le calme, le silence, le repos ») nous amène, par la prière du coeur, à nous retirer du monde. En quoi répond-elle à un besoin essentiel de l'être humain ?
À l'origine de toute quête spirituelle, il y a une soif, un désir. « La Source a soif d'être bue », disait saint Augustin. Quatre grands désirs habitent le coeur humain. Le désir de grande santé peut nous ouvrir, au-delà de notre vitalité, à un désir de vie « non mortelle ». Il y a aussi un désir de connaissance qui est plus qu'une accumulation de savoirs, mais un désir de vérité et d'éveil. Il existe encore un désir de liberté, « une démangeaison des ailes » qui est un besoin d'espace, de silence. Enfin, un désir d'aimer et d'être aimé de façon plus inconditionnelle. Ces quatre grands désirs sont souvent insatisfaits dans ce qu'on appelle « le monde » et nous poussent à creuser plus profond, à nous retirer, à aller vers nous-mêmes, vers la Source de toute vie, de toute conscience, de toute liberté et de tout amour.
Arsène, l'un des Pères du désert, demande à Jésus ce qu'il faut faire pour être sauvé. Celui-ci lui répond « fuge » (fuis), « tace » (tais-toi) et « quiesce » (repose-toi). Pouvez-vous nous commenter cette histoire ?
« Fuge » nous invite à fuir ce qui nous entrave et nous disperse pour aller vers le meilleur de nous-même. Le retrait et la solitude font partie de cette fuite. « Tace » nous invite au silence..
Édition n° 91
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