De jeunes bouddhistes en "pleine conscience" avec la nature
Élise Saint-Jullian - publié le 21/07/2015
Le 30 mai à Paris se tenait la 11e Fête du bouddhisme avec, au cœur du programme, les Assises de l'écologie. Un thème cher à la jeune génération de pratiquants du dharma, qui allie, au quotidien, enseignements du Bouddha et respect de l'environnement.
Comme chaque année, la pagode du Bois de Vincennes, accueillait ses fidèles pour la 11e Fête du bouddhisme. En plus de séances de méditation, de la célébration de la veillée du Vesak et d’autres activités proposées pendant tout le week-end, l'Union Bouddhiste de France (UBF) organisait une table ronde autour de la protection de l'environnement.
Une semaine plus tôt, Olivier Wang-Genh, le président de l’UBF, s'était déjà exprimé au Sénat lors d’un colloque sur le climat et les religions, rappelant deux principes fondamentaux hérités du Bouddha : la nature impermanente de l'inivers et l'interdépendance de toute chose sur la Terre. « Prendre pleinement conscience de cette impermanence, c'est arrêter d'agir comme si les ressources naturelles étaient éternelles », déclarait-il, évoquant le nombre de 60 milliards d'animaux terrestres et marins, sacrifiés chaque année à l’appétit des humains. « Nous sommes le climat et si nous voulons que les processus en cours changent, nous devons d'abord changer nous mêmes », ajoutait-il, invitant chacun à développer altruisme, compassion et bienveillance à l'égard de tous les êtres, ainsi qu'à montrer l’exemple aux générations futures.
« Ces jeunes sont très concernés »
Une jeunesse qui, dans les centres bouddhistes, est très tôt éduquée au respect de l’environnement. À l'image des Éclaireurs de la Nature, le premier mouvement de scouts bouddhistes, créé en 2007, et qui rassemble aujourd'hui environ 350 jeunes en France. « L'écologie est l’un des trois piliers, en plus de l'apprentissage de la vie en groupe et de l'enseignement des valeurs du Bouddha », explique Georges Lançon, président et fondateur du mouvement.
Sur les camps, les groupes consomment des produits biologiques et locaux, et les repas sont végétariens. « On ne mange pas de viande, car nous avons fait prendre conscience aux jeunes de la souffrance des animaux », souligne-t-il. Tables construites en morceaux de bois, douches solaires, toutes les activités du camp se veulent en interaction avec la nature. Cette dernière sera d'ailleurs le thème central du prochain camp d'automne. « Ce n'est pas à cause de COP 21 (la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui aura lieu à Paris, du 30 novembre au 11 décembre) que nous avons décidé cela. Mais ce sera l'occasion de porter un peu plus loin notre message vis-à-vis des jeunes que l'on encadre », observe Georges Lançon.
Au village des Pruniers également, fondé en Dordogne en 1982 par le moine vietnamien Thich Nhat Hanh, les moines et moniales accueillent chaque année des visiteurs pour des retraites méditatives. Parmi eux se trouvent de plus en plus de jeunes, selon sœur Dao Nghiên, présente à la fête.
« Avec les frères, nous avons mis en place depuis quelques années une ferme bio au village - Happy Farm - et de la permaculture - production agricole durable et respectueuse de l'écosystème. Nous offrons ainsi la possibilité à beaucoup de jeunes d’aider et d’apprendre. Cet hiver, durant la retraite de trois mois, une soixantaine sont venus. »
Ce mois-ci, le centre recevra à nouveau des pratiquants pour cette retraite, baptisée Permaculture, écologie durable et pleine conscience, mêlant méditations assises, entraînements à la pleine conscience et initiation à l'art de cultiver la terre. « Ces jeunes sont très concernés par la protection de la planète, ils ne sont plus dans l'illusion. Ils se dirigent vers quelque chose qui a du sens. Beaucoup ressentent aussi ce besoin de fraternité, de faire des choses ensemble », se réjouit sœur Dao Nghiên.
Wake Up, pour une « société saine et compatissante »
Depuis une dizaine d'années s'est même développé le mouvement Wake Up, directement inspiré des enseignements et pratiques du village des Pruniers et dirigé par de jeunes adultes. Créé pour tendre vers « une société saine et compatissante », il se base sur la pratique des cinq entraînements à la pleine conscience. Des entraînements qui invitent, entre autres, au respect de la vie, à consommer moins et de façon plus éthique.
« Le maître Thich Nhat Hanh a initié ce mouvement afin de transmettre les clés du bouddhisme aux jeunes, à ceux qui construisent la société de demain », raconte Louis Nagot, une vingtaine d’années, fondateur du groupe Wake Up Paris en 2013. Chaque semaine, son groupe se retrouve pour des séances de méditation collective, de marches méditatives et de réunions de partage.
D'autres Wake Up organisent également des journées sans voitures, des ateliers « écologie profonde », ou créent des potagers biologiques dans les centres-villes. Et si les évènements organisés ne sont pas toujours liés à l'écologie, ils invitent à vivre en harmonie avec la Terre.
« Les séances de méditation m'ont permis de me sentir davantage relié à la nature », témoigne Sophie, membre de Wake Up Paris. Des changements d'attitudes et de façons de vivre qui ont trouvé un écho chez de nombreux jeunes, bouddhistes ou non. Plusieurs groupes se développent désormais dans les villes de France, mais aussi en Espagne, en Belgique, aux États-Unis, en Colombie, au Canada, ou encore en Australie.