[size=45]En Israël, la conscription fragilise le gouvernement[/size]
Marianne Meunier , le 13/03/2018 à 6h01
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Manifestation d’ultra-orthodoxes contre la conscription, le 8 mars, à Jérusalem. / Ahmad Gharabli/AFP
Quelles sont les raisons des dissensions au sein du gouvernement ?
Le gouvernement israélien, coalition de droite formée de six partis de tendances très diverses, doit approuver le budget 2019, d’ici à la fin du mois de mars. Mais les formations ultra-orthodoxes qui le composent ont menacé de rejeter ce budget si une loi prolongeant l’exemption du service militaire pour les étudiants des séminaires talmudiques n’était pas adoptée.
Inversement, le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, membre de la formation nationaliste laïque Israël Beiteinou, a laissé entendre qu’il quitterait la coalition si un tel texte était voté. De même, Moshe Kahlon, ministre des finances et membre du parti de centre droit Koulanu, a averti qu’il recommanderait à son parti de « quitter le gouvernement » si le budget n’était pas adopté à la fin du mois de mars.
À lire aussi
Les ultraorthodoxes israéliens vont-ils faire leur service militaire ?
Un compromis a toutefois été trouvé dimanche 12 mars avec les ultra-orthodoxes. Il s’agirait d’entériner leur exemption du service militaire en empêchant la justice de refuser des demandes de reports. Reste à savoir si ce compromis sera accepté par le reste du gouvernement.
Quelles sont les règles actuelles du service militaire pour les ultra-orthodoxes ?
En Israël, la question du service militaire cristallise les tensions depuis près de cinq ans. D’une durée de deux ans et huit mois pour les hommes et de deux ans pour les femmes, il est obligatoire à partir de l’âge de 18 ans. Toutefois, les étudiants des écoles talmudiques en ont longtemps été exemptés afin de pouvoir se consacrer exclusivement à l’étude de la Torah. Les ultra-orthodoxes considèrent en effet la conscription comme une source de tentations pour les jeunes, qui sortent alors du monde de la prière et de l’étude religieuse.
L’exception a pris fin une première fois en 2014, quand le Parlement a voté une loi visant à annuler cette exemption en invoquant l’égalité entre les citoyens, dans un contexte où le nombre d’ultra-orthodoxes s’accroît au sein de la population. Le texte prévoyait notamment des sanctions judiciaires en cas de refus. Mais en 2015, un revirement a rétabli l’exemption, avant un nouveau rebondissement en septembre dernier. Cette fois-ci, c’est la Cour suprême qui a annulé l’exemption dans un délai d’un an.
Des élections anticipées sont-elles possibles ?
D’après le calendrier électoral, les prochaines législatives sont prévues en novembre 2019. Mais les menaces de démission pourraient entraîner une chute du gouvernement, ce qui avancerait le scrutin. Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, s’est toutefois dit hostile à ce scénario avant de s’envoler pour Washington, le 4 mars.
Mais depuis, des développements dans des enquêtes pour corruption le concernant l’ont placé dans une situation délicate vis-à-vis de ses partenaires de coalition. Dans le même temps, des sondages montrent que le premier ministre conserve une bonne cote de popularité. Pour cette raison, plusieurs responsables ont accusé Benyamin Netanyahou de favoriser la crise afin de provoquer un scrutin pour conforter sa légitimité par les urnes.
« Il se peut que, pour des raisons personnelles, certains aient intérêt à perpétuer cette crise et mener à des élections mais au final, une seule personne décidera si elle veut ou non des élections et c’est le premier ministre », a résumé le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, chef du Foyer juif, parti nationaliste religieux.
Marianne Meunier
Marianne Meunier , le 13/03/2018 à 6h01
[size=20]L’exemption du service militaire pour les ultra-orthodoxes divise les partis au pouvoir. Le premier ministre est accusé de favoriser la crise pour provoquer des élections anticipées.[/size]
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Manifestation d’ultra-orthodoxes contre la conscription, le 8 mars, à Jérusalem. / Ahmad Gharabli/AFP
Quelles sont les raisons des dissensions au sein du gouvernement ?
Le gouvernement israélien, coalition de droite formée de six partis de tendances très diverses, doit approuver le budget 2019, d’ici à la fin du mois de mars. Mais les formations ultra-orthodoxes qui le composent ont menacé de rejeter ce budget si une loi prolongeant l’exemption du service militaire pour les étudiants des séminaires talmudiques n’était pas adoptée.
Inversement, le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, membre de la formation nationaliste laïque Israël Beiteinou, a laissé entendre qu’il quitterait la coalition si un tel texte était voté. De même, Moshe Kahlon, ministre des finances et membre du parti de centre droit Koulanu, a averti qu’il recommanderait à son parti de « quitter le gouvernement » si le budget n’était pas adopté à la fin du mois de mars.
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Les ultraorthodoxes israéliens vont-ils faire leur service militaire ?
Un compromis a toutefois été trouvé dimanche 12 mars avec les ultra-orthodoxes. Il s’agirait d’entériner leur exemption du service militaire en empêchant la justice de refuser des demandes de reports. Reste à savoir si ce compromis sera accepté par le reste du gouvernement.
Quelles sont les règles actuelles du service militaire pour les ultra-orthodoxes ?
En Israël, la question du service militaire cristallise les tensions depuis près de cinq ans. D’une durée de deux ans et huit mois pour les hommes et de deux ans pour les femmes, il est obligatoire à partir de l’âge de 18 ans. Toutefois, les étudiants des écoles talmudiques en ont longtemps été exemptés afin de pouvoir se consacrer exclusivement à l’étude de la Torah. Les ultra-orthodoxes considèrent en effet la conscription comme une source de tentations pour les jeunes, qui sortent alors du monde de la prière et de l’étude religieuse.
L’exception a pris fin une première fois en 2014, quand le Parlement a voté une loi visant à annuler cette exemption en invoquant l’égalité entre les citoyens, dans un contexte où le nombre d’ultra-orthodoxes s’accroît au sein de la population. Le texte prévoyait notamment des sanctions judiciaires en cas de refus. Mais en 2015, un revirement a rétabli l’exemption, avant un nouveau rebondissement en septembre dernier. Cette fois-ci, c’est la Cour suprême qui a annulé l’exemption dans un délai d’un an.
Des élections anticipées sont-elles possibles ?
D’après le calendrier électoral, les prochaines législatives sont prévues en novembre 2019. Mais les menaces de démission pourraient entraîner une chute du gouvernement, ce qui avancerait le scrutin. Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, s’est toutefois dit hostile à ce scénario avant de s’envoler pour Washington, le 4 mars.
Mais depuis, des développements dans des enquêtes pour corruption le concernant l’ont placé dans une situation délicate vis-à-vis de ses partenaires de coalition. Dans le même temps, des sondages montrent que le premier ministre conserve une bonne cote de popularité. Pour cette raison, plusieurs responsables ont accusé Benyamin Netanyahou de favoriser la crise afin de provoquer un scrutin pour conforter sa légitimité par les urnes.
« Il se peut que, pour des raisons personnelles, certains aient intérêt à perpétuer cette crise et mener à des élections mais au final, une seule personne décidera si elle veut ou non des élections et c’est le premier ministre », a résumé le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, chef du Foyer juif, parti nationaliste religieux.
Marianne Meunier