[size=30]Va-t-on supprimer le comptage des années à partir de la naissance du Christ ?[/size]
Plusieurs écoles britanniques ont décidé de substituer le système de datation enseigné aux élèves « avant ou après Jésus-Christ » par « avant ou après l’ère commune », afin de ne pas « offenser les non-chrétiens ». / maciejmatteo / stock.adobe.com
1 novembre 2017 no comment
Ce sont les « Standing Advisory Councils on Religious Education » (Conseils consultatifs permanents sur l’éducation religieuse, SACRE) de plusieurs localités qui ont ainsi recommandé de privilégier l’usage d’une datation plus neutre dans le cadre des cours de religion, afin de ne pas heurter « ceux qui ne sont pas chrétiens ». À noter que l’usage du terme « ère commune » est beaucoup plus répandu dans le monde anglo-saxon qu’ailleurs.
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Ces Conseils sont composés de représentants des autorités locales, de l’Église d’Angleterre et d’autres confessions religieuses.
Selon la recommandation du SACRE du Sussex de l’Est, « de nombreux chrétiens considèrent BCE et CE comme un affront au christianisme. Pourtant, (cette terminologie) est un train de se standardiser parmi les historiens. Les élèves doivent être capables de reconnaître ces termes lorsqu’ils les croiseront ».
C’est le moine scythe Denys le Petit (v. 470 – v. 540) qui, en s’essayant au calcul de la date de Pâques, va déterminer incidemment que le Christ serait né en l’an 753 de la fondation de Rome, définissant ainsi l’an 1 de l’ère chrétienne. Ses calculs – erronés : Denys le Petit s’est trompé de quelques années et le Christ serait né entre 6 et 4… avant Jésus-Christ – seront repris par saint Bède le Vénérable (v. 672 – 735), un moine anglais qui est le premier, en Occident, à utiliser un système prenant comme référence la naissance du Christ.
Il faudra toutefois attendre le tournant de l’an 1000 pour que cette façon de compter s’impose et qu’on cesse réellement de compter les années selon les règnes des rois.
Cette référence à la naissance du Christ est importante car elle signe une nouvelle façon d’envisager le temps. Dans l’Antiquité, en effet, le temps est cyclique et s’inscrit dans le sacré : les mêmes rites répétés de saison en saison, d’année en année, permettent de revivre un « Âge d’Or ».
À l’inverse, les chrétiens ont hérité du judaïsme une vision linéaire du temps où Dieu intervient directement dans l’histoire. L’Ancien Testament est ainsi la relecture, par le peuple juif, de l’action de Dieu dans son histoire. Une intervention de Dieu dans l’histoire qui culmine, pour les chrétiens, avec l’Incarnation de Jésus-Christ, Dieu fait homme.
À partir du XVIIIe siècle et de la prise en main du calcul du temps par le pouvoir politique au détriment du religieux, des mises en cause de l’origine chrétienne du calendrier vont se faire jour. La plus célèbre d’entre elles sera la tentative des révolutionnaires français d’imposer un calendrier républicain (1793-1805) de douze mois de trente jours.
Si le calendrier grégorien s’est imposé comme norme internationale, d’autres calendriers continuent néanmoins à être plus ou moins largement utilisés dans le monde. Ainsi, même si la Chine a officiellement adopté le calendrier grégorien en 1911, le calendrier traditionnel chinois demeure très utilisé, comme le souligne l’importance des célébrations du Nouvel An asiatique.
Par ailleurs, les calendriers musulman et hébraïque sont utilisés par les fidèles de ces religions, tout comme le calendrier persan, en Iran, ou le calendrier civil indien. Sur le plan religieux, le calendrier julien est également en usage dans de nombreuses Églises orthodoxes et orientales.
À lire : En Terre sainte, huit siècles de présence franciscaine
Marie Malzac (avec Nicolas Senèze)
Plusieurs écoles britanniques ont décidé de substituer le système de datation enseigné aux élèves « avant ou après Jésus-Christ » par « avant ou après l’ère commune », afin de ne pas « offenser les non-chrétiens ». / maciejmatteo / stock.adobe.com
1 novembre 2017 no comment
« Avant ou après Jésus-Christ ». Plusieurs écoles britanniques ont décidé de substituer le système de datation enseigné aux élèves à partir de la naissance du Christ par « avant ou après l’ère commune », afin de ne pas « offenser les non-chrétiens ».
Le calendrier n’est-il pas assez laïque ? Plusieurs écoles britanniques ont en tout cas décidé de supprimer les mentions « BC » (de l’anglais « Before Christ », avant Jésus-Christ) et « AD » (du latin « Anno domini », en l’année du Seigneur) de leur enseignement et de les remplacer par des formules jugées plus consensuelles : « Before Common Era » (avant l’ère commune, avant notre ère) ou « Common Era » (ère commune).Ce sont les « Standing Advisory Councils on Religious Education » (Conseils consultatifs permanents sur l’éducation religieuse, SACRE) de plusieurs localités qui ont ainsi recommandé de privilégier l’usage d’une datation plus neutre dans le cadre des cours de religion, afin de ne pas heurter « ceux qui ne sont pas chrétiens ». À noter que l’usage du terme « ère commune » est beaucoup plus répandu dans le monde anglo-saxon qu’ailleurs.
À lire : « Lieux saints partagés » : coexistence religieuse au Musée de l’histoire de l’immigration
Ces Conseils sont composés de représentants des autorités locales, de l’Église d’Angleterre et d’autres confessions religieuses.
Selon la recommandation du SACRE du Sussex de l’Est, « de nombreux chrétiens considèrent BCE et CE comme un affront au christianisme. Pourtant, (cette terminologie) est un train de se standardiser parmi les historiens. Les élèves doivent être capables de reconnaître ces termes lorsqu’ils les croiseront ».
Référence tardive à la naissance du Christ
Le comptage des années à partir de la naissance du Christ est apparu assez tardivement dans le monde chrétien. L’Empire romain comptait les années à partir de la fondation de Rome (753 av. J.-C.) mais, plus habituellement, en fonction des consuls de l’année en question. L’an 1 de l’ère chrétienne est ainsi pour les Romains l’année du consulat de Caius Iulius Caesar (petit-fils d’Auguste) et Lucius Aemilius Paullus…C’est le moine scythe Denys le Petit (v. 470 – v. 540) qui, en s’essayant au calcul de la date de Pâques, va déterminer incidemment que le Christ serait né en l’an 753 de la fondation de Rome, définissant ainsi l’an 1 de l’ère chrétienne. Ses calculs – erronés : Denys le Petit s’est trompé de quelques années et le Christ serait né entre 6 et 4… avant Jésus-Christ – seront repris par saint Bède le Vénérable (v. 672 – 735), un moine anglais qui est le premier, en Occident, à utiliser un système prenant comme référence la naissance du Christ.
Il faudra toutefois attendre le tournant de l’an 1000 pour que cette façon de compter s’impose et qu’on cesse réellement de compter les années selon les règnes des rois.
Cette référence à la naissance du Christ est importante car elle signe une nouvelle façon d’envisager le temps. Dans l’Antiquité, en effet, le temps est cyclique et s’inscrit dans le sacré : les mêmes rites répétés de saison en saison, d’année en année, permettent de revivre un « Âge d’Or ».
À l’inverse, les chrétiens ont hérité du judaïsme une vision linéaire du temps où Dieu intervient directement dans l’histoire. L’Ancien Testament est ainsi la relecture, par le peuple juif, de l’action de Dieu dans son histoire. Une intervention de Dieu dans l’histoire qui culmine, pour les chrétiens, avec l’Incarnation de Jésus-Christ, Dieu fait homme.
À partir du XVIIIe siècle et de la prise en main du calcul du temps par le pouvoir politique au détriment du religieux, des mises en cause de l’origine chrétienne du calendrier vont se faire jour. La plus célèbre d’entre elles sera la tentative des révolutionnaires français d’imposer un calendrier républicain (1793-1805) de douze mois de trente jours.
Norme internationale
Aujourd’hui, le calendrier est régi par la norme ISO 8601, dont la dernière mise à jour remonte à 2004, et qui définit le calendrier grégorien comme norme internationale. Officiellement, toutefois, le point de référence du calendrier grégorien n’est plus la naissance du Christ mais, selon la norme ISO, le jour de la signature de la Convention du mètre (20 mai 1875) qui établit un système international de poids et mesures.Si le calendrier grégorien s’est imposé comme norme internationale, d’autres calendriers continuent néanmoins à être plus ou moins largement utilisés dans le monde. Ainsi, même si la Chine a officiellement adopté le calendrier grégorien en 1911, le calendrier traditionnel chinois demeure très utilisé, comme le souligne l’importance des célébrations du Nouvel An asiatique.
Par ailleurs, les calendriers musulman et hébraïque sont utilisés par les fidèles de ces religions, tout comme le calendrier persan, en Iran, ou le calendrier civil indien. Sur le plan religieux, le calendrier julien est également en usage dans de nombreuses Églises orthodoxes et orientales.
À lire : En Terre sainte, huit siècles de présence franciscaine
Marie Malzac (avec Nicolas Senèze)