Le rapport, commandé par l'agence fédérale américaine d'aide au développement USAID --mais qui n'a pas été publié officiellement-- affirme que le séisme du 12 janvier 2010 a fait entre 46.000 et 85.000 morts. Or, le bilan officiel du gouvernement haïtien est de 316.000 morts, même si la fourchette de 200.000 à 250.000 morts est plus couramment citée.
"Plus il y a de morts, plus un séisme a de visibilité. C'est ce que nous appelons 'l'effet CNN'", explique David Hargitt, responsable de la collecte de données au Cred (Centre for Research on the Epidemiology of Disasters), un centre de recherche sur les catastrophes basé en Belgique.
L'USAID a insisté mercredi auprès de l'AFP sur le fait que ce rapport avait été commandé "à un organisme extérieur" pour évaluer l'état des logements afin d'y reloger les Haïtiens, et que "tout commentaire sur le bilan des morts (...) ne faisait pas partie de la commande et n'engage que son auteur".
Debarati Guha-Sapir, directrice du Cred, a expliqué à l'AFP que le chiffre de 316.000 victimes provenait d'un haut responsable de la protection civile haïtienne mais n'avait pas été confirmé scientifiquement. "En l'absence de possibilité d'aller compter les corps nous-mêmes, nous devons faire confiance à ce que nous disent nos sources", a-t-elle expliqué.
Or, le décompte des cadavres n'était pas la priorité au lendemain du séisme: les autorités haïtiennes étaient trop occupées à dégager les gravats, porter secours aux personnes prises dans les décombres et aux innombrables sans-abri.
Le chiffre de la protection civile haïtienne a été calculé en partie à partir du nombre de cadavres pouvant être entassés dans un camion-benne et du nombre de camions qui les ont déversés dans des charniers, des images traumatisantes restées dans les mémoires des Haïtiens.
Mais les auteurs du rapport considèrent que leur évaluation du nombre de morts ne doit pas diminuer la gravité de la tragédie.
"Les gens ont tendance à exagérer les chiffres et je ne pense pas que cela soit une bonne chose", estime David Hargitt. "Quoi? 200.000 n'est pas assez pour attirer l'attention? Il faut arriver à 300.000? Qu'est-ce qui va se passer lors de la prochaine catastrophe? Est-ce qu'il faudra qu'on arrive à 500.000?", s'indigne-t-il.
Timothy Schwartz, le principal auteur du rapport réalisé par le cabinet LTL Strategies de Washington, souligne que même son estimation la plus basse représente "énormément de morts, de vie détruites, une tragédie". "Je ne vois pas en quoi, finalement, cela change quoi que ce soit", écrit-il.
Richard Garfield, professeur de santé publique à l'Université Columbia, pense que les estimations du gouvernement ont été faites "au doigt mouillé". Pour lui, les coupables sont avant tout les ONG internationales qu'il accuse d'exagérer les bilans pour obtenir plus de dons.
"Plus le chiffre est élevé, plus la possibilité de lever des fonds s'accroît. La mentalité consiste à se dire que si tout le monde gonfle les chiffres, il faut le faire aussi", dit-il.
Il travaille avec des chercheurs de l'Institut Karolinska de Suède à une modélisation du nombre des victimes en fonction de la quantité de téléphones portables en circulation avant et après le séisme, mais n'a publié aucune estimation pour le moment.
"Ce n'est pas que nous ayons décidé de ne pas en publier, mais d'autres problèmes sont plus importants", explique-t-il, craignant aussi que "cela ne devienne un sujet politique".
"Plus il y a de morts, plus un séisme a de visibilité. C'est ce que nous appelons 'l'effet CNN'", explique David Hargitt, responsable de la collecte de données au Cred (Centre for Research on the Epidemiology of Disasters), un centre de recherche sur les catastrophes basé en Belgique.
L'USAID a insisté mercredi auprès de l'AFP sur le fait que ce rapport avait été commandé "à un organisme extérieur" pour évaluer l'état des logements afin d'y reloger les Haïtiens, et que "tout commentaire sur le bilan des morts (...) ne faisait pas partie de la commande et n'engage que son auteur".
Debarati Guha-Sapir, directrice du Cred, a expliqué à l'AFP que le chiffre de 316.000 victimes provenait d'un haut responsable de la protection civile haïtienne mais n'avait pas été confirmé scientifiquement. "En l'absence de possibilité d'aller compter les corps nous-mêmes, nous devons faire confiance à ce que nous disent nos sources", a-t-elle expliqué.
Or, le décompte des cadavres n'était pas la priorité au lendemain du séisme: les autorités haïtiennes étaient trop occupées à dégager les gravats, porter secours aux personnes prises dans les décombres et aux innombrables sans-abri.
Le chiffre de la protection civile haïtienne a été calculé en partie à partir du nombre de cadavres pouvant être entassés dans un camion-benne et du nombre de camions qui les ont déversés dans des charniers, des images traumatisantes restées dans les mémoires des Haïtiens.
Mais les auteurs du rapport considèrent que leur évaluation du nombre de morts ne doit pas diminuer la gravité de la tragédie.
"Les gens ont tendance à exagérer les chiffres et je ne pense pas que cela soit une bonne chose", estime David Hargitt. "Quoi? 200.000 n'est pas assez pour attirer l'attention? Il faut arriver à 300.000? Qu'est-ce qui va se passer lors de la prochaine catastrophe? Est-ce qu'il faudra qu'on arrive à 500.000?", s'indigne-t-il.
Timothy Schwartz, le principal auteur du rapport réalisé par le cabinet LTL Strategies de Washington, souligne que même son estimation la plus basse représente "énormément de morts, de vie détruites, une tragédie". "Je ne vois pas en quoi, finalement, cela change quoi que ce soit", écrit-il.
Richard Garfield, professeur de santé publique à l'Université Columbia, pense que les estimations du gouvernement ont été faites "au doigt mouillé". Pour lui, les coupables sont avant tout les ONG internationales qu'il accuse d'exagérer les bilans pour obtenir plus de dons.
"Plus le chiffre est élevé, plus la possibilité de lever des fonds s'accroît. La mentalité consiste à se dire que si tout le monde gonfle les chiffres, il faut le faire aussi", dit-il.
Il travaille avec des chercheurs de l'Institut Karolinska de Suède à une modélisation du nombre des victimes en fonction de la quantité de téléphones portables en circulation avant et après le séisme, mais n'a publié aucune estimation pour le moment.
"Ce n'est pas que nous ayons décidé de ne pas en publier, mais d'autres problèmes sont plus importants", explique-t-il, craignant aussi que "cela ne devienne un sujet politique".