Commercialisé en France depuis environ 2 mois, le hand spinner est qualifié de «dispositif possédant des vertus apaisantes» voire thérapeutiques, notamment pour les enfants avec autisme.
Petite toupie plate constituée de 3 branches tournant sur elle-même grâce à un système de roulement à billes, le hand spinner est le nouveau gadget tendance. On le retrouve chez les plus jeunes, dans les écoles et les cours de récréation mais aussi chez les plus grands, lui prêtant des bienfaits déstressants et relaxants. Les parents d’enfants avec autisme ou ayant des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) parlent aussi «d’un moyen d’aider leurs enfants à se concentrer», d’autres expliquent qu’il «fixe la concentration et les apaise en procurant un bien-être tactile» ou bien encore qu’il s’agit «d’un moyen de canaliser leur énergie».
Il n’existe cependant, pour le moment, aucune étude scientifique mettant en évidence les vertus tant vantés du hand spinner. Que dire donc de ces témoignages?
Le hand spinner: un jouet sans propriétés thérapeutiques avérées
«Le hand spinner reste de l’ordre du gadget tendance» déclare Nathalie Franc, pédopsychiatre au CHU de Montpellier. Cette spécialiste des troubles de l’attention avait déjà évoqué l’absence d’études scientifiques et par conséquent de données cliniques concernant les apports de ce jouet chez les enfants avec autisme ou TDAH. Nathalie Franc établit une «connexion» entre la stéréotypie dont font preuve certains enfants avec autisme (le fait de répéter certains mouvements, comme le balancement des jambes) et l’idée d’exploiter l’action rotative continue de la toupie pour canaliser leur instabilité motrice. Mais elle demeure très claire sur un point: «Cela reste un postulat uniquement. On ne peut rien dire sans données scientifiques (...) ce n’est qu’un jouet pour le moment».
C’est également l’avis du psychiatre nantais Olivier Bonnot, travaillant avec les enfants et adolescents. Le spécialiste place même le hand spinner au même niveau que les bracelets raimbow loom (des petits élastiques qui se combinent pour fabriquer des bracelets): «Ce sont des objets qui ont beaucoup plu, dont on a beaucoup parlé et auxquels on a prêté des avantages mais que l’on a oublié aujourd’hui. Je parie que d’ici la fin de l’été, il en sera de même pour le hand spinner. Certes, il focalise l’attention, il ne fait pas de mal, il n’est pas dangereux mais ce n’est qu’un adjuvant et en aucun cas un dispositif médical».
Pour déterminer si cette toupie a une quelconque efficacité thérapeutique, il faudrait la comparer avec un autre objet dont les effets sur l’anxiété ont été démontrés et voir s’il y a des différences significatives entre les deux dispositifs. Et si un effet est établi, il faudrait ensuite pousser la recherche pour comprendre son mode de fonctionnement.
Une étude américaine publiée en 2016 dans la revue Child Neuropsychology met en avant le fait qu’une activité physique permettrait d’avoir un meilleur contrôle cognitif dans les cas de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité. «Une activité motrice devant être bien plus importante que celle consistant à faire tourner un hand spinner» déclare le professeur Dustin E. Sarver (University of Mississippi Medical Center), également auteur d’une étude sur les TDAH.
A ce jour, cette toupie n’est donc qu’un simple dispositif d’amusement sans propriétés thérapeutiques mais avec lequel il est cependant possible de bien s’amuser, notamment en réalisant tout une multitude de figures, comme le démontre le nombre élevé de vidéos à ce sujet sur le web.
Un produit issu d’un duo mère-fille
C’est en 1997 qu’est né le hand spinner mais sous une toute autre forme que celle que l’on connaît aujourd’hui. Fait de journaux et de morceaux d’adhésifs, il fut mis au point par une mère de famille américaine, Catherine Hettinger. Souffrant de faiblesses musculaires, Catherine peinait à jouer avec sa fille. Elle avait donc cherché à créer un jouet avec lequel elles pourraient s’amuser toutes les deux.
En raison de problèmes financiers, la toupie ne fut pas commercialisée tout de suite. Ce ne sera donc que 20 ans plus tard que le jouet fera le bonheur des enfants dans les cours de récréation.
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