« Journées du halal » pour les musulmans de France
Malo Tresca, le 18/05/2017 à 16h56
Mis à jour le 19/05/2017 à 14h26
La quatrième édition de cet événement, qui fait intervenir écoles, associations et responsables musulmans, se tient du jeudi 18 au dimanche 21 mai dans divers établissements de la filière halal.
L’occasion, pour ses organisateurs, de sensibiliser « à l’importance de manger halal et de se nourrir sainement ».
Boucherie halal à Lille. / Philippe Huguen/AFP
Entre les fervents défenseurs de la cause animale opposés à l’abattage rituel, les identitaires qui craignent « une islamisation des papilles françaises » et les musulmans qui défendent « une injonction divine », la consommation des produits halal en France prête, sans cesse, à débat.
Pour tenter d’y couper court, ou simplement pour donner des éléments d’éclairage au grand public, la quatrième édition des « Journées du halal » se tient du jeudi 18 au dimanche 21 mai, au sein de divers établissements de professionnels de cette filière alimentaire.
Pendant quatre jours, des exploitants agricoles, des industriels, des gérants d’abattoirs, des organismes de certifications, des bouchers, des distributeurs mais des aussi commerces ouvrent gratuitement leurs portes au grand public pour mieux faire connaître « les fondements du halal alimentaire, sa culture, ses caractéristiques ainsi que les process utilisés par chacun pour garantir le caractère halal de leurs services », peut-on lire sur le site de l’événement. L’an dernier, 1 250 personnes s’étaient inscrites aux ateliers proposés.
Une « forte demande » de la communauté musulmane
« Ce sont notamment les montées au créneau du Front national, en 2014, sur le marché halal, qui nous ont poussés à imaginer cet événement ludique, pour créer une zone propice aux débats », explique Lynda Ayadi, la dirigeante de l’agence de conseil et de marketing Heaven Strategy, organisatrice des « Journées du halal ». Cet événement est sponsorisé par l’annuaire Pages Halal, l’association de protection de l’environnement Green Heaven, la marque de viande Sévial et les sauces Mum’s.
« Nous sentions une forte demande de la communauté musulmane d’avoir des éléments d’éclairage, d’informations sur la filière halal », poursuit-elle. « Cela a été renforcé, plus récemment encore, par la polémique liée à la diffusion, par l’association de protection animale L214, de vidéos tournées dans des abattoirs français et pointant du doigt la souffrance animale », précise-t-elle encore.
LIRE AUSSI : Abattoirs, le procès de la maltraitance animale
Faire directement parler les professionnels concernés
Visites de boucheries, ateliers de cuisine, de dégustation de produits… « Nous avons choisi de faire intervenir des professionnels transparents sur leurs pratiques, parce que nous estimons que ce sont eux les plus aptes à parler du sujet », continue Lynda Ayadi. Outre ces derniers, certains imams axeront leurs prêches du vendredi sur cette question.
Un débat, entre experts et professionnels, se tiendra enfin à huis clos dimanche 21 mai pour réfléchir plus largement à la question « de la consommation de produits d’origine carnée » et des moyens d’interagir avec les animaux. Brigitte Gothière, la cofondatrice de l’association L.214 Éthique et animaux, y participera notamment.
Un événement de « propagande » ?
Mais la tenue de ces « Journées du halal » est loin de faire l’unanimité. « Bien que présentées sous un angle essentiellement commercial et ludique, elles s’inscrivent dans les nouvelles stratégies des religions et notamment des courants intégralistes de se servir du marché mondialisé pour élargir leur influence et en retirer des bénéfices financiers », pointe l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, chargée de recherche au CNRS à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Aix-Marseille Université) et auteur de l’ouvrage Le Marché halal ou l’invention d’une tradition (1).
« Ces nouveaux entrepreneurs religieux du halal qui divisent le monde entre choses et activités licites (halal) et illicites (haram) sont parfaitement à l’aise avec les codes et les stratégies du marketing, poursuit-elle encore. Ils bénéficient de points d’appui chez ceux qui n’ont pas la moindre idée de ce qui anime ces entrepreneurs religieux et du projet séparatiste qu’ils portent : c’est pourquoi on retrouve, comme ici, au côté d’imams très conservateurs une militante de L214, des invités et autres spécialistes qui sont des produits d’appel pour un événement en réalité prosélyte ».
Un dernier point dont se défend Lynda Ayadi, en arguant « ne pas vouloir faire de propagande » et en invitant les éventuels détracteurs de l’événement « à venir participer aux débats ».
http://www.la-croix.com/Religion/Islam/Journees-du-halal-pour-les-musulmans-de-France-2017-05-18-1200848220
Malo Tresca, le 18/05/2017 à 16h56
Mis à jour le 19/05/2017 à 14h26
La quatrième édition de cet événement, qui fait intervenir écoles, associations et responsables musulmans, se tient du jeudi 18 au dimanche 21 mai dans divers établissements de la filière halal.
L’occasion, pour ses organisateurs, de sensibiliser « à l’importance de manger halal et de se nourrir sainement ».
Boucherie halal à Lille. / Philippe Huguen/AFP
Entre les fervents défenseurs de la cause animale opposés à l’abattage rituel, les identitaires qui craignent « une islamisation des papilles françaises » et les musulmans qui défendent « une injonction divine », la consommation des produits halal en France prête, sans cesse, à débat.
Pour tenter d’y couper court, ou simplement pour donner des éléments d’éclairage au grand public, la quatrième édition des « Journées du halal » se tient du jeudi 18 au dimanche 21 mai, au sein de divers établissements de professionnels de cette filière alimentaire.
Pendant quatre jours, des exploitants agricoles, des industriels, des gérants d’abattoirs, des organismes de certifications, des bouchers, des distributeurs mais des aussi commerces ouvrent gratuitement leurs portes au grand public pour mieux faire connaître « les fondements du halal alimentaire, sa culture, ses caractéristiques ainsi que les process utilisés par chacun pour garantir le caractère halal de leurs services », peut-on lire sur le site de l’événement. L’an dernier, 1 250 personnes s’étaient inscrites aux ateliers proposés.
Une « forte demande » de la communauté musulmane
« Ce sont notamment les montées au créneau du Front national, en 2014, sur le marché halal, qui nous ont poussés à imaginer cet événement ludique, pour créer une zone propice aux débats », explique Lynda Ayadi, la dirigeante de l’agence de conseil et de marketing Heaven Strategy, organisatrice des « Journées du halal ». Cet événement est sponsorisé par l’annuaire Pages Halal, l’association de protection de l’environnement Green Heaven, la marque de viande Sévial et les sauces Mum’s.
« Nous sentions une forte demande de la communauté musulmane d’avoir des éléments d’éclairage, d’informations sur la filière halal », poursuit-elle. « Cela a été renforcé, plus récemment encore, par la polémique liée à la diffusion, par l’association de protection animale L214, de vidéos tournées dans des abattoirs français et pointant du doigt la souffrance animale », précise-t-elle encore.
LIRE AUSSI : Abattoirs, le procès de la maltraitance animale
Faire directement parler les professionnels concernés
Visites de boucheries, ateliers de cuisine, de dégustation de produits… « Nous avons choisi de faire intervenir des professionnels transparents sur leurs pratiques, parce que nous estimons que ce sont eux les plus aptes à parler du sujet », continue Lynda Ayadi. Outre ces derniers, certains imams axeront leurs prêches du vendredi sur cette question.
Un débat, entre experts et professionnels, se tiendra enfin à huis clos dimanche 21 mai pour réfléchir plus largement à la question « de la consommation de produits d’origine carnée » et des moyens d’interagir avec les animaux. Brigitte Gothière, la cofondatrice de l’association L.214 Éthique et animaux, y participera notamment.
Un événement de « propagande » ?
Mais la tenue de ces « Journées du halal » est loin de faire l’unanimité. « Bien que présentées sous un angle essentiellement commercial et ludique, elles s’inscrivent dans les nouvelles stratégies des religions et notamment des courants intégralistes de se servir du marché mondialisé pour élargir leur influence et en retirer des bénéfices financiers », pointe l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, chargée de recherche au CNRS à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Aix-Marseille Université) et auteur de l’ouvrage Le Marché halal ou l’invention d’une tradition (1).
« Ces nouveaux entrepreneurs religieux du halal qui divisent le monde entre choses et activités licites (halal) et illicites (haram) sont parfaitement à l’aise avec les codes et les stratégies du marketing, poursuit-elle encore. Ils bénéficient de points d’appui chez ceux qui n’ont pas la moindre idée de ce qui anime ces entrepreneurs religieux et du projet séparatiste qu’ils portent : c’est pourquoi on retrouve, comme ici, au côté d’imams très conservateurs une militante de L214, des invités et autres spécialistes qui sont des produits d’appel pour un événement en réalité prosélyte ».
Un dernier point dont se défend Lynda Ayadi, en arguant « ne pas vouloir faire de propagande » et en invitant les éventuels détracteurs de l’événement « à venir participer aux débats ».
http://www.la-croix.com/Religion/Islam/Journees-du-halal-pour-les-musulmans-de-France-2017-05-18-1200848220