La Chine s’éveille aux excès du fangsheng, le rituel bouddhique de libération des animaux
Le « fangsheng » (littéralement « épargner la vie »), rite par lequel on sauve des animaux en captivité ou promis à la mort en les relâchant dans la nature, a pris ces dernières années en Chine des proportions extrêmes. Les défenseurs de la nature et les pouvoirs publics se mobilisent.
LE MONDE | 11.04.2017 à 06h46 • Mis à jour le 11.04.2017 à 10h10 |
Par Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)
Pour leur épargner la vie, un groupe de l’association Fangsheng du Guangdong relâche des poissons dans la rivière en 2016.
LETTRE DE PÉKIN
Déjà pratiqué dans la Chine précommuniste, très répandu à Taïwan et Hongkong, le rituel bouddhique du « fangsheng » (littéralement « épargner la vie »), par lequel on sauve des animaux en captivité ou promis à la mort en les relâchant dans la nature, a pris ces dernières années en Chine des proportions extrêmes, propres à une société aussi excessive dans sa quête de foi qu’elle l’est dans son envie de dépenser. Au point qu’il a commencé à mobiliser les défenseurs de la nature et alerter les pouvoirs publics sur ses effets néfastes et le besoin de le réglementer.
Des centaines d’associations, de monastères, mais aussi de petits groupes informels d’amis ou de collègues, s’adonnent dans les villes chinoises à cet acte de compassion envers poissons, tortues, oiseaux, reptiles ou même moutons. Les plus gros acteurs du secteur, comme le temple Yunju, non loin de Pékin, mettent en ligne une comptabilité précise de la miséricorde. Ainsi le 2 avril, celui-ci annonce avoir « délivré » près de cinq tonnes de plusieurs variétés de carpes, pas loin de 700 kg de tortues chinoises de petite et grande taille, 906 kg de poissons de vase, 32,5 kg d’anguilles asiatiques de marais et 550 kg de moules d’eau douce, le tout grâce à des dons d’environ 25 000 euros.
L’Association Fangsheng du Guangdong, la grande province méridionale autour de Canton où les traditions sont vivaces, a, elle, effectué 17 millions d’actions de fangsheng entre juin 2015 et juin 2016, selon un récent rapport d’activité.
Les excès du fangsheng n’en défraient pas moins régulièrement la chronique en Chine. Ainsi, le parc aquatique de Tianjin, immense zone de lacs et d’installations de loisir de cette mégalopole de l’est de la Chine, a dû mettre en place une équipe de surveillance jour et nuit en raison de la découverte de centaines de carpes mortes. Selon la télévision centrale chinohttp://www.lemonde.fr/planete/article/2017/04/11/la-chine-s-eveille-aux-exces-du-fangsheng-le-rituel-bouddhique-de-liberation-des-animaux_5109176_3244.htmlise qui a rapporté l’incident le 22 mars, ces poissons issus de la pisciculture...
Le « fangsheng » (littéralement « épargner la vie »), rite par lequel on sauve des animaux en captivité ou promis à la mort en les relâchant dans la nature, a pris ces dernières années en Chine des proportions extrêmes. Les défenseurs de la nature et les pouvoirs publics se mobilisent.
LE MONDE | 11.04.2017 à 06h46 • Mis à jour le 11.04.2017 à 10h10 |
Par Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)
Pour leur épargner la vie, un groupe de l’association Fangsheng du Guangdong relâche des poissons dans la rivière en 2016.
LETTRE DE PÉKIN
Déjà pratiqué dans la Chine précommuniste, très répandu à Taïwan et Hongkong, le rituel bouddhique du « fangsheng » (littéralement « épargner la vie »), par lequel on sauve des animaux en captivité ou promis à la mort en les relâchant dans la nature, a pris ces dernières années en Chine des proportions extrêmes, propres à une société aussi excessive dans sa quête de foi qu’elle l’est dans son envie de dépenser. Au point qu’il a commencé à mobiliser les défenseurs de la nature et alerter les pouvoirs publics sur ses effets néfastes et le besoin de le réglementer.
Des centaines d’associations, de monastères, mais aussi de petits groupes informels d’amis ou de collègues, s’adonnent dans les villes chinoises à cet acte de compassion envers poissons, tortues, oiseaux, reptiles ou même moutons. Les plus gros acteurs du secteur, comme le temple Yunju, non loin de Pékin, mettent en ligne une comptabilité précise de la miséricorde. Ainsi le 2 avril, celui-ci annonce avoir « délivré » près de cinq tonnes de plusieurs variétés de carpes, pas loin de 700 kg de tortues chinoises de petite et grande taille, 906 kg de poissons de vase, 32,5 kg d’anguilles asiatiques de marais et 550 kg de moules d’eau douce, le tout grâce à des dons d’environ 25 000 euros.
L’Association Fangsheng du Guangdong, la grande province méridionale autour de Canton où les traditions sont vivaces, a, elle, effectué 17 millions d’actions de fangsheng entre juin 2015 et juin 2016, selon un récent rapport d’activité.
Les excès du fangsheng n’en défraient pas moins régulièrement la chronique en Chine. Ainsi, le parc aquatique de Tianjin, immense zone de lacs et d’installations de loisir de cette mégalopole de l’est de la Chine, a dû mettre en place une équipe de surveillance jour et nuit en raison de la découverte de centaines de carpes mortes. Selon la télévision centrale chinohttp://www.lemonde.fr/planete/article/2017/04/11/la-chine-s-eveille-aux-exces-du-fangsheng-le-rituel-bouddhique-de-liberation-des-animaux_5109176_3244.htmlise qui a rapporté l’incident le 22 mars, ces poissons issus de la pisciculture...