Publicité : bataille pour le “temps de cerveau disponible“ des enfants
YOANN LABROUX-SATABIN publié le 28/11/2016
Le Sénat discutera le 7 décembre de la possibilité d’interdire la pub dans les programmes jeunesse. Plongée dans l'univers de ces réclames qui disent de moins en moins leur nom.
Il est 7 heures du matin. Dans le salon, la télévision propose d’être « à la pointe de la mode » : « Seras-tu à la hauteur ? » « Vite ! » intime-t-elle soudain, poursuivant ses exclamations à l’impératif : « Retrouve tes héros préférés ! », « Récupère un max de médaillons ! » Le public cible ? Les enfants qui, entre deux tranches de dessins animés, cèdent bien malgré eux un peu de « temps de cerveau disponible ».
Un marketing agressif envers les publics les plus fragiles que dénonçait déjà en 2000 la journaliste canadienne Naomi Klein dans son best-seller altermondialiste No logo : la tyrannie des marques, moins de vingt ans après l’apparition de ces publicités télévisées destinées aux enfants.
Distance face au message
Alors que les enfants sont plus que jamais sollicités par les annonceurs en cette période précédant les fêtes, la proposition de loi du sénateur écologiste André Gattolin, visant à supprimer toute publicité dans les programmes jeunesse du service public, est à nouveau examinée au Sénat le 7 décembre. En la matière, certains pays européens ont déjà adopté des mesures radicales, comme la Suède, où la publicité à la télévision en direction des moins de 12 ans est strictement interdite. La simple interpellation d’un enfant dans un spot y est prohibée. En France, la proposition de loi ne vise que France Télévisions.
« C’est un premier pas, soutient Élisabeth Baton-Hervé, consultante et formatrice en éducation à l’image et aux médias. Les chaînes publiques doivent montrer l’exemple et être à la pointe de la déontologie. » Si France 5 propose déjà des programmes sans interruption publicitaire, les autres antennes du groupe ont encore une marge de progrès. France 3 diffuse ainsi cinq minutes de réclame toutes les demi-heures. Ce qui reste bien inférieur à sa consœur privée Gulli, où, d’après nos calculs, la publicité peut atteindre 18 minutes par heure !
http://www.lavie.fr/culture/television/publicite-bataille-pour-le-temps-de-cerveau-disponible-des-enfants-28-11-2016-78115_31.php
YOANN LABROUX-SATABIN publié le 28/11/2016
Le Sénat discutera le 7 décembre de la possibilité d’interdire la pub dans les programmes jeunesse. Plongée dans l'univers de ces réclames qui disent de moins en moins leur nom.
Il est 7 heures du matin. Dans le salon, la télévision propose d’être « à la pointe de la mode » : « Seras-tu à la hauteur ? » « Vite ! » intime-t-elle soudain, poursuivant ses exclamations à l’impératif : « Retrouve tes héros préférés ! », « Récupère un max de médaillons ! » Le public cible ? Les enfants qui, entre deux tranches de dessins animés, cèdent bien malgré eux un peu de « temps de cerveau disponible ».
Un marketing agressif envers les publics les plus fragiles que dénonçait déjà en 2000 la journaliste canadienne Naomi Klein dans son best-seller altermondialiste No logo : la tyrannie des marques, moins de vingt ans après l’apparition de ces publicités télévisées destinées aux enfants.
Distance face au message
Alors que les enfants sont plus que jamais sollicités par les annonceurs en cette période précédant les fêtes, la proposition de loi du sénateur écologiste André Gattolin, visant à supprimer toute publicité dans les programmes jeunesse du service public, est à nouveau examinée au Sénat le 7 décembre. En la matière, certains pays européens ont déjà adopté des mesures radicales, comme la Suède, où la publicité à la télévision en direction des moins de 12 ans est strictement interdite. La simple interpellation d’un enfant dans un spot y est prohibée. En France, la proposition de loi ne vise que France Télévisions.
« C’est un premier pas, soutient Élisabeth Baton-Hervé, consultante et formatrice en éducation à l’image et aux médias. Les chaînes publiques doivent montrer l’exemple et être à la pointe de la déontologie. » Si France 5 propose déjà des programmes sans interruption publicitaire, les autres antennes du groupe ont encore une marge de progrès. France 3 diffuse ainsi cinq minutes de réclame toutes les demi-heures. Ce qui reste bien inférieur à sa consœur privée Gulli, où, d’après nos calculs, la publicité peut atteindre 18 minutes par heure !
http://www.lavie.fr/culture/television/publicite-bataille-pour-le-temps-de-cerveau-disponible-des-enfants-28-11-2016-78115_31.php