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L’église catholique africaine est-elle menacée par l’expansion des évangéliques ?

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Josué

Josué
Administrateur

L’église catholique africaine est-elle menacée par l’expansion des évangéliques ?
Propos recueillis par Elise Barthet

LE MONDE Le 30.11.2015 à 16h58

Le pape François salue la foule sur le tarmac de l'aéroport de Bangui (Centrafrique) , le 29 novembre 2015.
Le pape François achève, lundi 30 novembre, sa première tournée africaine. Un voyage qui l’a mené au Kenya, en Ouganda puis en République centrafricaine. Pour Cédric Mayrargue, chercheur associé au laboratoire Les Afrique dans le monde (LAM, rattaché au CNRS et à Sciences Po Paris) et spécialiste du renouveau chrétien en Afrique, « des zones entières du continent sont encore appréhendées comme des terres d’évangélisation ».

Que pèse l’église catholique en Afrique, de plus en plus concurrencée par les églises évangéliques ?

Cédric Mayrargue L’église catholique reste un acteur central du paysage religieux africain. Bien que ses estimations doivent être prises avec une grande prudence, le Pew Forum estimait en 2010 la proportion de catholiques sur l’ensemble du continent à 21 % (soit 16 % de la population catholique mondiale), contre 36 % de protestants. Cette dernière catégorie regroupe un ensemble très disparate : églises protestantes historiques, églises évangéliques et pentecôtistes, églises prophétiques locales…

Localement, l’église catholique peut avoir un poids démographique encore plus important, notamment dans certains pays francophones d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique centrale où elle est historiquement plus implantée. La République démocratique du Congo (RDC) est le pays africain qui compte le plus de catholiques, une communauté estimée à 32 millions de personnes.

Lire aussi : A Bangui, le pape dénonce « la haine aveugle que le démon déchaîne »

Comment expliquer la croissance des églises protestantes ?

L’évangélisme met l’accent sur la conversion individuelle, la relation normative à la Bible et le prosélytisme. C’est le cas, notamment, de la mouvance pentecôtiste, centrée sur les manifestations du Saint-Esprit et l’attente de « miracles ». Il faut toutefois relativiser l’expansion de ces églises. D’une part, leur montée en puissance n’est pas un phénomène nouveau, symptôme d’une rupture qui se serait opérée ces dernières années. Leur implantation sur le continent africain remonte à plusieurs décennies. Des missionnaires pentecôtistes y sont arrivés dès la fin des années 1910, soit peu de temps après l’émergence de ces églises aux Etats-Unis. Quant aux mouvements évangéliques d’aujourd’hui, essentiellement endogènes, ils prennent souvent racine dans des dynamiques qui remontent aux années 1960-1970.

D’autre part, on observe une grande diversité de situations à l’échelle du continent. La bande sahélo-saharienne, fortement islamisée, est peu touchée, de même que le Maghreb. Il faut ensuite distinguer l’Est et l’Ouest. La situation de concurrence apparaît sans doute aujourd’hui plus forte dans les pays francophones du fait du poids historique important de l’église catholique et de l’expansion plus tardive de l’évangélisme. On observe alors une certaine déperdition et des passages de l’église catholique aux mouvements pentecôtistes et évangéliques, ainsi que des conversions de personnes socialisées partiellement dans un milieu catholique.

Le catholicisme continue de progresser en Afrique. A quoi cela est-il dû ?

Il y a d’abord un facteur démographique, lié à l’accroissement important de la population sur le continent africain, qui pourrait voir le nombre de ses habitants doubler d’ici 2050. Indépendamment de cela, il existe toujours des potentiels de conversion pour les religions monothéistes, notamment auprès de populations qui pratiquent les religions dites « traditionnelles ». Des zones entières sont encore appréhendées comme des terres d’évangélisation.

L’église catholique dispose par ailleurs d’instruments pour faire face à cette concurrence, notamment avec les mouvements charismatiques qui se développent depuis les années 1980 en Afrique. Ils proposent une forme de religiosité qui, tout en étant insérée et contrôlée par l’institution catholique, s’apparente à bien des égards à l’offre pentecôtiste, en mettant l’accent sur l’Esprit saint, la guérison, le miracle, le changement individuel, en générant une pratique extrêmement expressive. Sans être explicitement présenté comme tel, le développement de ces groupes constitue bien un outil dans cette compétition religieuse.

Enfin, on observe, au niveau des fidèles, des formes de circulation et de mobilité religieuse, ce qui produit notamment des retours vers le catholicisme, car l’expérience évangélique ou pentecôtiste n’est pas toujours fructueuse. Les allégeances religieuses doivent de plus en plus être appréhendées comme pouvant être relatives, précaires et réversibles.

Lire aussi : Le pape appelle les Centrafricains à « résister à la peur de l’autre »

A quoi tient cette « mobilité » religieuse ?

Plus encore qu’à la fragmentation de l’offre religieuse, qui démultiplie les possibilités d’affiliation, elle est sans doute liée aux dynamiques d’individualisation qui caractérisent de plus en plus les sociétés africaines. Les parcours religieux témoignent de démarches individuelles, d’expérimentations, parfois de cumuls d’expériences, d’accommodements dans les pratiques quotidiennes.

Par ailleurs, certains mouvements, notamment dans la sphère évangélique, participent pleinement de cette dynamique, en insistant sur l’individualisation de la conversion et du salut ou en valorisant l’épanouissement et la réussite personnelle, appréhendée comme un signe de bénédiction divine. La théologie de la prospérité, d’origine nord-américaine et répandue notamment en milieu anglophone, associe étroitement succès, y compris financier, et élection divine. Certaines églises, tournées notamment vers les classes moyennes et les élites, accompagnent des processus d’ascension sociale et diffusent une culture entrepreneuriale, participant ainsi d’une reconfiguration de la place de l’individu dans la société.

La concurrence entre catholiques et évangéliques se retrouve-t-elle dans le champ politique ?

Historiquement, l’église catholique, dans les pays où elle était fortement implantée, a joué un rôle important dans la formation et l’encadrement des élites politiques, quand ses prélats ne participaient pas directement au jeu politique. Encore au début des années 1990, ce sont des prêtres catholiques qui, suivant l’exemple de Mgr de Souza au Bénin, présidèrent les conférences nationales organisées dans plusieurs pays francophones en vue de favoriser la démocratisation des régimes.

Toutefois, depuis une vingtaine d’années, on observe une transformation nette de la relation des églises évangéliques à l’espace public et à la sphère politique avec un interventionnisme croissant, au point que l’élaboration des politiques publiques peut en être affectée. Ainsi, dans les années 2000, en Ouganda, des acteurs évangéliques ont pu influer sur la législation en matière de lutte contre le VIH. La politique antérieure encourageait l’abstinence, la fidélité et l’utilisation du préservatif. Cette dernière disposition a disparu de la nouvelle législation grâce à l’action de réseaux évangéliques disposant de relais au Parlement.

Plus récemment, la révision constitutionnelle permettant au président congolais Denis Sassou N’Guesso de briguer un nouveau mandat a été activement soutenue par de nombreux acteurs évangéliques, alors que plusieurs évêques catholiques s’étaient publiquement prononcés contre cette révision.

Au Burundi, pays pourtant à dominante catholique, le président Pierre Nkurunziza, évangélique, use abondamment, dans le cadre de la grave crise politique actuelle, d’une rhétorique religieuse pour légitimer son action.

La tolérance affichée par le pape envers les homosexuels et les divorcés-remariés ne risque-t-elle pas de lui aliéner des fidèles ?

Il est certain qu’il existe un décalage entre le pape et la hiérarchie catholique en Afrique qui défend des positions très rigoureuses sur les questions de mœurs. Les responsables catholiques africains suivent des positions très conservatrices, comme on a pu encore l’observer lors du récent synode sur la famille. En cela, il n’y a pas nécessairement de différences fortes avec le discours évangélique, quand bien même celui-ci se veut souvent plus intransigeant et critique vis-à-vis des supposées faiblesses catholiques en la matière.

Lire aussi : Synode sur la famille : les Africains pour le statu quo

Cependant, si les fidèles catholiques africains sont susceptibles d’être perturbés par les discours du pape sur ces questions, rien ne permet d’affirmer que cela nuira à l’image de l’église catholique et pourra profiter aux églises évangéliques. L’humilité et la simplicité que François dégage peuvent même contraster positivement, aux yeux des fidèles, avec l’attitude de certains prélats et prêtres africains.

Comment l’église catholique peut-elle se réinventer sur le continent africain ?

Sur la question de la concurrence, ou des relations à avoir, avec les églises évangéliques et pentecôtistes, il n’est pas indifférent de noter que le pape François, argentin, est originaire d’un sous-continent profondément travaillé par ces courants chrétiens depuis de nombreuses décennies. Il apparaît ainsi sans aucun doute plus armé que ses prédécesseurs européens pour affronter cette question, ou du moins l’appréhender.

Si tout laisse penser que l’Afrique jouera à l’avenir un rôle croissant dans le monde catholique – le continent est déjà devenu un important pourvoyeur de prêtres pour l’Europe, suppléant l’effondrement des vocations, en France tout particulièrement –, encore trop peu de réflexions ou d’expérimentations africaines sont parvenues à réellement féconder le catholicisme mondial.
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/30/l-eglise-catholique-africaine-est-elle-menacee-par-l-expansion-des-evangeliques_4820839_3212.html

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