Chers amis,
Je viens de placer un court article de ma main sur mon blog intitulé "Isaïe 9:6 - Qui est quoi ?"
http://alephetomega.blogspot.com/2011/04/isaie-96-qui-est-quoi.html
Il s'agit de 5 versions différente du texte.
C’est un exemple qui peut nous être utile lorsqu’on nous oppose la Traduction du Monde Nouveau aux autres versions en disant qu’elle cherche à dissimuler certaines « vérités », tordant le sens de l’hébreu ou du grec. On voit que le choix d’une traduction plutôt qu’une autre dépend en grande partie de la compréhension du traducteur et pas toujours de règles philologiques. La règle selon laquelle « avant la théologie il y a la philologie » a donc ses limites. Cette limite, si elle vaut pour les autres, vaut aussi pour nous et le comité de traduction Monde Nouveau a autant le droit de faire passer sa compréhension vis-à-vis du reste des Ecritures avant le soi-disant « sens naturel des mots »… (Je parle d’autres exemples qui nous sont reprochés comme Genèse 1 :1, Exode 3 :14, Luc 23 :43 ou Jean1 :1. Dans la TMN, Isaïe 9 :6 est bien traduit selon le sens philologique.)
Bonne lecture.
Fabien
Mon texte :
Le texte d’Isaïe 9:6 (ou 5 selon les versions) appliqué au Messie est couramment traduit comme suit : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; et la domination princière sera sur son épaule. Et on l’appellera du nom de Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de paix ».
Cependant, suivant les versions le texte peut prendre un sens très différent. Par exemple, Zadoc Kahn (cf. James Moffatt en anglais) traduit le texte ainsi : « C’est qu’un enfant nous est né, un fils nous est accordé: la souveraineté repose sur son épaule, et on l’a appelé Conseiller merveilleux, Héros divin, Père de la conquête, Prince de la Paix ». (cf. Chouraqui « Héros d’El ») Samuel Cahen choisi encore autre chose : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; la domination repose sur son épaule ; on le nome miracle, conseiller du Dieu Puissant, du Père éternel, du prince de la paix ».
Dans cette dernière version le Messie possède deux titres alors que les autres versions lui en confèrent quatre, les autres titres passant à Dieu lui-même (le Père). Il faut noter également que le titre Conseiller merveilleux passe au nombre de deux : miracle, conseiller (…). ’Él gibbôr* (Dieu fort) n’est plus le Messie mais le Père.
*Ce mot hébreu peut être traduit par « fort » mais aussi par « héros ». Il est appliqué aux Nephilims, « les hommes forts », hébreu haggibborim, en Genèse 6 :4 dans certaines versions telles que Chouraqui, Segond, Crampon ou TOB.
La vulgate dit : « Admirable, Conseiller, Dieu, Fort, Père éternel, Prince de paix ». Quand à la Septante, elle ne nous donne même pas l’ensemble exact des mots : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; dont le gouvernement est sur son épaule. Et il est appelé messager de grand conseil : Je veux apporter la paix sur les princes et sur lui la santé ». Aucune trace ni de « dieu » ni de « père éternel » et cette fois « paix » et « prince » ne sont les titres ni du Messie ni de Dieu mais sont intégrés dans une phrase au sens assez obscure…
Après vérification dans le texte massorétique, on s’aperçoit que dans l’ordre des mots on obtient, sans aucune ponctuation : miracle - conseiller - dieu - fort - père - éternel - prince - paix. Au traducteur de placer les mots et ponctuations selon sa compréhension du texte. En tout cas, ce qu’il faut retenir c’est qu’aucune de ces versions, pas même Cahen, n’est remise en question malgré le fait que le texte souffre au moins de cinq traductions différentes.
On comprend donc que le choix d’une traduction plutôt qu’une autre dépend en grande partie de la compréhension et de la sensibilité du traducteur. La règle selon laquelle « avant la théologie il y a la philologie » aurait-elle donc ses limites ? Très probablement. Cependant je crois davantage en une règle plus étendue : « avant la théologie il y a la philologie et les découvertes scientifiques récentes ». Ce sont en effet les conclusions liées aux travaux récents qui font l'équilibre entre ce qu'affirme la tradition et la langue du texte.
Je viens de placer un court article de ma main sur mon blog intitulé "Isaïe 9:6 - Qui est quoi ?"
http://alephetomega.blogspot.com/2011/04/isaie-96-qui-est-quoi.html
Il s'agit de 5 versions différente du texte.
C’est un exemple qui peut nous être utile lorsqu’on nous oppose la Traduction du Monde Nouveau aux autres versions en disant qu’elle cherche à dissimuler certaines « vérités », tordant le sens de l’hébreu ou du grec. On voit que le choix d’une traduction plutôt qu’une autre dépend en grande partie de la compréhension du traducteur et pas toujours de règles philologiques. La règle selon laquelle « avant la théologie il y a la philologie » a donc ses limites. Cette limite, si elle vaut pour les autres, vaut aussi pour nous et le comité de traduction Monde Nouveau a autant le droit de faire passer sa compréhension vis-à-vis du reste des Ecritures avant le soi-disant « sens naturel des mots »… (Je parle d’autres exemples qui nous sont reprochés comme Genèse 1 :1, Exode 3 :14, Luc 23 :43 ou Jean1 :1. Dans la TMN, Isaïe 9 :6 est bien traduit selon le sens philologique.)
Bonne lecture.
Fabien
Mon texte :
Le texte d’Isaïe 9:6 (ou 5 selon les versions) appliqué au Messie est couramment traduit comme suit : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; et la domination princière sera sur son épaule. Et on l’appellera du nom de Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de paix ».
Cependant, suivant les versions le texte peut prendre un sens très différent. Par exemple, Zadoc Kahn (cf. James Moffatt en anglais) traduit le texte ainsi : « C’est qu’un enfant nous est né, un fils nous est accordé: la souveraineté repose sur son épaule, et on l’a appelé Conseiller merveilleux, Héros divin, Père de la conquête, Prince de la Paix ». (cf. Chouraqui « Héros d’El ») Samuel Cahen choisi encore autre chose : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; la domination repose sur son épaule ; on le nome miracle, conseiller du Dieu Puissant, du Père éternel, du prince de la paix ».
Dans cette dernière version le Messie possède deux titres alors que les autres versions lui en confèrent quatre, les autres titres passant à Dieu lui-même (le Père). Il faut noter également que le titre Conseiller merveilleux passe au nombre de deux : miracle, conseiller (…). ’Él gibbôr* (Dieu fort) n’est plus le Messie mais le Père.
*Ce mot hébreu peut être traduit par « fort » mais aussi par « héros ». Il est appliqué aux Nephilims, « les hommes forts », hébreu haggibborim, en Genèse 6 :4 dans certaines versions telles que Chouraqui, Segond, Crampon ou TOB.
La vulgate dit : « Admirable, Conseiller, Dieu, Fort, Père éternel, Prince de paix ». Quand à la Septante, elle ne nous donne même pas l’ensemble exact des mots : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; dont le gouvernement est sur son épaule. Et il est appelé messager de grand conseil : Je veux apporter la paix sur les princes et sur lui la santé ». Aucune trace ni de « dieu » ni de « père éternel » et cette fois « paix » et « prince » ne sont les titres ni du Messie ni de Dieu mais sont intégrés dans une phrase au sens assez obscure…
Après vérification dans le texte massorétique, on s’aperçoit que dans l’ordre des mots on obtient, sans aucune ponctuation : miracle - conseiller - dieu - fort - père - éternel - prince - paix. Au traducteur de placer les mots et ponctuations selon sa compréhension du texte. En tout cas, ce qu’il faut retenir c’est qu’aucune de ces versions, pas même Cahen, n’est remise en question malgré le fait que le texte souffre au moins de cinq traductions différentes.
On comprend donc que le choix d’une traduction plutôt qu’une autre dépend en grande partie de la compréhension et de la sensibilité du traducteur. La règle selon laquelle « avant la théologie il y a la philologie » aurait-elle donc ses limites ? Très probablement. Cependant je crois davantage en une règle plus étendue : « avant la théologie il y a la philologie et les découvertes scientifiques récentes ». Ce sont en effet les conclusions liées aux travaux récents qui font l'équilibre entre ce qu'affirme la tradition et la langue du texte.