Polémique autour de l'ouverture du centre interreligieux KAICIID
Tristan Denonne - publié le 06/12/2012
Essentiellement financé par l’Arabie saoudite, le Centre international Roi Abdullah Ben Abdelaziz, inauguré à Vienne en Autriche le 26 novembre dernier, suscite le débat
Montrer l’autre du doigt « n'est pas une stratégie politique pour un pays, un continent ou un monde sains », s’est justifié le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le 26 novembre à Vienne. Il inaugurait un nouveau centre controversé, financé par l'Arabie saoudite et visant à promouvoir le dialogue interreligieux. Cette initiative a surpris, en Autriche et même en Europe : le royaume wahhabite, tenant d’un islam ultra orthodoxe, est l’un des rares pays à ne pas autoriser la présence d’autres religions sur son territoire, ni par conséquent la construction de lieux de culte.
Les opposants craignent que ce « Centre international Roi Abdullah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel » ne soit utilisé pour promouvoir le wahhabisme en Europe. Un petit groupe de manifestants, membres de l’opposition politique autrichienne ou d’associations musulmanes, s’est rassemblé devant l’édifice pour protester. En parallèle, rapporte La Croix, le centre a lancé une offensive médiatique pour convaincre de son impartialité. Selon son texte fondateur, il entend agir « comme un carrefour facilitant le dialogue et la compréhension interreligieux et interculturels », renforcer la coopération, respecter la diversité, la justice et la paix.
D’après une analyse du Monde, cette démarche n’est pas aussi ambiguë qu’elle peut paraître. Elle « s'inscrit dans la suite logique du 11 septembre et la volonté de rayonnement mise en œuvre depuis lors par l'Arabie Saoudite, soucieuse d'apparaitre comme un pays plus "clean" », estime Fatiha Dazi, spécialiste des pays du Golfe. « Le centre de Vienne est une tentative pour redorer le blason de l'islam, comme religion du débat et de la rencontre », confirme un expert au ministère des affaires étrangères. « On peut considérer que c'est une vitrine, mais, étant donnée la place particulière qu'occupe l'Arabie Saoudite dans le monde musulman, cette initiative est significative. C'est aussi pour le roi, convaincu de l'importance de ce dialogue, une sorte de testament, en dehors de visées géopolitiques ».
Le centre a été créé conjointement avec l’Espagne et l’Autriche et aura un statut d’organisation internationale. Par ailleurs, le Vatican a adhéré comme État observateur. Lors de l’inauguration, le cardinal Jean-Louis Tauran a déclaré que cela « représente une nouvelle opportunité d’aborder ouvertement la question de la liberté religieuse partout dans le monde », et qu’il serait « particulièrement attentif au sort des chrétiens dans les pays où cette liberté ne leur est pas garantie. » Un pari important à l’heure où les chrétiens d’Orient s’estiment particulièrement menacés.
Tristan Denonne - publié le 06/12/2012
Essentiellement financé par l’Arabie saoudite, le Centre international Roi Abdullah Ben Abdelaziz, inauguré à Vienne en Autriche le 26 novembre dernier, suscite le débat
Montrer l’autre du doigt « n'est pas une stratégie politique pour un pays, un continent ou un monde sains », s’est justifié le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le 26 novembre à Vienne. Il inaugurait un nouveau centre controversé, financé par l'Arabie saoudite et visant à promouvoir le dialogue interreligieux. Cette initiative a surpris, en Autriche et même en Europe : le royaume wahhabite, tenant d’un islam ultra orthodoxe, est l’un des rares pays à ne pas autoriser la présence d’autres religions sur son territoire, ni par conséquent la construction de lieux de culte.
Les opposants craignent que ce « Centre international Roi Abdullah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel » ne soit utilisé pour promouvoir le wahhabisme en Europe. Un petit groupe de manifestants, membres de l’opposition politique autrichienne ou d’associations musulmanes, s’est rassemblé devant l’édifice pour protester. En parallèle, rapporte La Croix, le centre a lancé une offensive médiatique pour convaincre de son impartialité. Selon son texte fondateur, il entend agir « comme un carrefour facilitant le dialogue et la compréhension interreligieux et interculturels », renforcer la coopération, respecter la diversité, la justice et la paix.
D’après une analyse du Monde, cette démarche n’est pas aussi ambiguë qu’elle peut paraître. Elle « s'inscrit dans la suite logique du 11 septembre et la volonté de rayonnement mise en œuvre depuis lors par l'Arabie Saoudite, soucieuse d'apparaitre comme un pays plus "clean" », estime Fatiha Dazi, spécialiste des pays du Golfe. « Le centre de Vienne est une tentative pour redorer le blason de l'islam, comme religion du débat et de la rencontre », confirme un expert au ministère des affaires étrangères. « On peut considérer que c'est une vitrine, mais, étant donnée la place particulière qu'occupe l'Arabie Saoudite dans le monde musulman, cette initiative est significative. C'est aussi pour le roi, convaincu de l'importance de ce dialogue, une sorte de testament, en dehors de visées géopolitiques ».
Le centre a été créé conjointement avec l’Espagne et l’Autriche et aura un statut d’organisation internationale. Par ailleurs, le Vatican a adhéré comme État observateur. Lors de l’inauguration, le cardinal Jean-Louis Tauran a déclaré que cela « représente une nouvelle opportunité d’aborder ouvertement la question de la liberté religieuse partout dans le monde », et qu’il serait « particulièrement attentif au sort des chrétiens dans les pays où cette liberté ne leur est pas garantie. » Un pari important à l’heure où les chrétiens d’Orient s’estiment particulièrement menacés.