*** it-1 p. 390-392 Canaan ***
Pourquoi Jéhovah décréta-t-il l’extermination des Cananéens ?
Le récit historique rapporte que les habitants des villes cananéennes conquises par les Israélites furent complètement anéantis (Nb 21:1-3, 34, 35 ; Jos 6:20, 21 ; 8:21-27 ; 10:26-40 ; 11:10-14). Des détracteurs de la Bible ont invoqué ce fait pour dire que les Écritures hébraïques, ou “ Ancien Testament ”, sont imprégnées de cruauté et truffées de massacres gratuits. Toutefois, la question en litige n’est autre que la reconnaissance ou non de la souveraineté de Dieu sur la terre et ses habitants. Jéhovah avait transféré le droit de posséder le pays de Canaan à la ‘ semence d’Abraham ’, selon les termes d’une alliance appuyée par un serment (Gn 12:5-7 ; 15:17-21 ; voir aussi Dt 32:8 ; Ac 17:26). Mais Dieu n’entendait pas seulement expulser ou déposséder les habitants de ce pays. Son droit d’agir en qualité de “ Juge de toute la terre ” (Gn 18:25), de condamner à la peine capitale ceux qui la méritaient et de faire exécuter une telle sentence, était aussi en cause.
Les conditions qui régnaient en Canaan au temps où les Israélites le conquirent confirmèrent pleinement la justice de la malédiction divine prononcée sur Canaan. Jéhovah avait laissé s’écouler 400 ans depuis l’époque d’Abraham pour que ‘ la faute des Amorites soit complète ’. (Gn 15:16.) Le fait que les femmes hittites d’Ésaü aient été “ un sujet d’amertume d’esprit pour Isaac et pour Rébecca ”, au point que celle-ci en vint à ‘ prendre sa vie en aversion à cause d’elles ’, est certainement une indication de la méchanceté déjà manifeste chez les Cananéens (Gn 26:34, 35 ; 27:46). Au fil des siècles qui suivirent, le pays de Canaan finit par être saturé de pratiques détestables, tels l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre. La religion des Cananéens était extraordinairement vile et perverse, leurs “ poteaux sacrés ” étaient de toute évidence des symboles phalliques et bon nombre de rites en usage sur leurs “ hauts lieux ” consistaient en immondes débordements sexuels et en perversion (Ex 23:24 ; 34:12, 13 ; Nb 33:52 ; Dt 7:5). L’inceste, la sodomie et la bestialité faisaient partie des ‘ agissements du pays de Canaan ’ qui le rendaient impur, faute pour laquelle il devait ‘ vomir ses habitants ’. (Lv 18:2-25.) Entre autres choses détestables, les Cananéens se livraient aussi à la magie et au spiritisme, ils liaient autrui par des sortilèges et faisaient passer leurs enfants par le feu. — Dt 18:9-12.
Baal était la plus éminente divinité adorée par les Cananéens (Jg 2:12, 13 ; voir aussi Jg 6:25-32 ; 1R 16:30-32). Les déesses cananéennes Ashtoreth (Jg 2:13 ; 10:6 ; 1S 7:3, 4), Ashéra et Anath sont présentées dans un texte égyptien à la fois comme des déesses-mères et comme des prostituées sacrées qui, paradoxalement, demeurent perpétuellement vierges (littéralement : “ les grandes déesses qui conçoivent, mais n’enfantent pas ”). Selon toute apparence, les services de prostituées sacrées faisaient invariablement partie de leur culte. Ces déesses personnifiaient la luxure, mais aussi la violence sadique et la guerre. Ainsi, dans un épisode du Cycle de Baal trouvé à Ougarit, la déesse Anath massacre des hommes, puis suspend des têtes autour d’elle en guise d’ornement et attache des mains d’hommes à sa ceinture tout en pataugeant joyeusement dans leur sang. Les figurines de la déesse Ashtoreth découvertes en Palestine sont celles d’une femme nue dont les organes génitaux sont grossièrement exagérés. Voici ce qu’a déclaré l’archéologue W. Albright à propos du culte phallique des Cananéens : “ Dans sa plus basse expression, [...] le caractère érotique de leur culte s’est forcément abîmé dans les profondeurs les plus sordides de la déchéance humaine. ” — Archaeology and the Religion of Israel, 1968, p. 76, 77 ; voir ASHTORETH ; BAAL No 4.
Entre autres pratiques dégradantes, il y avait les sacrifices d’enfants. Selon Merrill Unger, “ des fouilles effectuées en Palestine ont mis au jour des monceaux de cendres et des restes de squelettes de petits enfants dans les cimetières entourant les autels païens, ce qui montre l’étendue de cette abomination cruelle ”. (Archaeology and the Old Testament, 1964, p. 279.) On lit dans Halley’s Bible Handbook (1964, p. 161) : “ Les Cananéens adoraient leurs dieux en pratiquant devant eux des actes immoraux qui avaient valeur de rites religieux, et en assassinant leurs premiers-nés, qu’ils offraient en sacrifice à ces mêmes dieux. Il semble que le territoire cananéen soit, dans une grande mesure, devenu une sorte de Sodome et Gomorrhe à l’échelle nationale. [...] Une civilisation aussi répugnante et barbare avait-elle le droit de subsister plus longtemps ? [...] Les archéologues qui effectuent des fouilles dans les villes cananéennes s’étonnent que Dieu ne les ait pas détruites plus tôt.