Les infarctus sont plus fréquents et plus graves le matin
Le Point.fr - Publié le 29/04/2011 à 15:47 - Modifié le 29/04/2011 à 15:48
En plus des facteurs de risque connus - obésité, diabète, tabagisme... - notre horloge biologique influe sur l'apparition des infarctus.
Par ANNE JEANBLANC
Selon une étude publiée jeudi en ligne par la revue Heart, un infarctus du myocarde qui se produit le matin risque d'être plus grave que s'il survient le soir. Pour arriver à ce constat, une équipe de chercheurs madrilènes conduite par le Dr Borja Ibañez s'est intéressée à plus de 800 patients admis dans l'unité de soins coronaires de l'hôpital San Carlos de Madrid, entre 2003 et 2009. Ceux qui avaient la plus grande quantité de tissu cardiaque détruit avaient subi un infarctus entre 6 heures du matin et midi. Commentaires du Pr Étienne Aliot, chef du département de cardiologie du CHU de Nancy.
Le Point.fr : Les résultats de ce travail vous surprennent-ils ?
Pr Étienne Aliot : On sait depuis longtemps qu'il existe un rythme circadien - sur 24 heures - pour différents événements cardiovasculaires comme l'infarctus du myocarde, la mort subite ou encore l'apparition de thromboses sous stent (ces petits ressorts mis en place dans les artères obstruées par de l'athérosclérose pour les maintenir ouvertes). Cela s'explique par la présence d'une horloge biologique. La nuit, notre organisme est sous la dépendance du système vagal, qui a un impact ralentisseur très fort ; pendant la journée c'est le système adrénergique, l'adrénaline, qui prend le relais et fait que tout s'accélère. Voilà pourquoi la tension artérielle et la fréquence cardiaque, entre autres, sont relativement basses la nuit et augmentent le matin, même en l'absence d'activité physique.
D'ailleurs le rôle de l'horloge interne est confirmé chez les personnes effectuant de courts séjours à l'étranger. Car de nombreuses observations indiquent que les accidents cardiaques, quand ils surviennent chez ces voyageurs, se manifestent surtout au moment de la transition nuit/jour de leur pays d'origine.
Comment cela explique-t-il la gravité des infarctus matinaux ?
D'abord, on peut imaginer que les soins sont prodigués moins rapidement aux aurores que pendant le reste de la journée. Mais, dans cette étude, cela ne semble pas être le cas. D'autres travaux ont montré récemment, chez l'animal, qu'il y avait un mécanisme moléculaire de sauvetage, à l'intérieur des cellules, qui était aussi affecté par ce rythme jour-nuit. En pratique, quand une cellule est agressée, elle développe un mécanisme de protection ; or l'horloge circadienne influence également ses capacités à se défendre au cours de la journée. Cela explique sans doute pourquoi, chez l'homme comme chez l'animal de laboratoire, les lésions sont plus importantes le matin.
Quels sont les autres éléments qui pourraient influencer la survenue d'un infarctus ?
Certaines publications indiquent que ce type d'accident vasculaire serait plus fréquent le lundi que les autres jours de la semaine. Cela pourrait être lié aux changements de nourriture et d'activité physique au cours du week-end. Enfin, d'autres études mettent en évidence une augmentation du nombre d'infarctus du myocarde pendant les jours les plus sombres de l'hiver. En revanche, des travaux menés en Asie et en Australie montrent un accroissement de ce type d'accident lors des jours les plus froids de l'été. En l'absence d'études vraiment scientifiques, il est donc difficile de tirer des conclusions. Il n'empêche que la baisse des températures pourrait avoir un effet néfaste.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/les-infarctus-sont-plus-frequents-et-plus-graves-le-matin-29-04-2011-1324839_57.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20110430
Le Point.fr - Publié le 29/04/2011 à 15:47 - Modifié le 29/04/2011 à 15:48
En plus des facteurs de risque connus - obésité, diabète, tabagisme... - notre horloge biologique influe sur l'apparition des infarctus.
Par ANNE JEANBLANC
Selon une étude publiée jeudi en ligne par la revue Heart, un infarctus du myocarde qui se produit le matin risque d'être plus grave que s'il survient le soir. Pour arriver à ce constat, une équipe de chercheurs madrilènes conduite par le Dr Borja Ibañez s'est intéressée à plus de 800 patients admis dans l'unité de soins coronaires de l'hôpital San Carlos de Madrid, entre 2003 et 2009. Ceux qui avaient la plus grande quantité de tissu cardiaque détruit avaient subi un infarctus entre 6 heures du matin et midi. Commentaires du Pr Étienne Aliot, chef du département de cardiologie du CHU de Nancy.
Le Point.fr : Les résultats de ce travail vous surprennent-ils ?
Pr Étienne Aliot : On sait depuis longtemps qu'il existe un rythme circadien - sur 24 heures - pour différents événements cardiovasculaires comme l'infarctus du myocarde, la mort subite ou encore l'apparition de thromboses sous stent (ces petits ressorts mis en place dans les artères obstruées par de l'athérosclérose pour les maintenir ouvertes). Cela s'explique par la présence d'une horloge biologique. La nuit, notre organisme est sous la dépendance du système vagal, qui a un impact ralentisseur très fort ; pendant la journée c'est le système adrénergique, l'adrénaline, qui prend le relais et fait que tout s'accélère. Voilà pourquoi la tension artérielle et la fréquence cardiaque, entre autres, sont relativement basses la nuit et augmentent le matin, même en l'absence d'activité physique.
D'ailleurs le rôle de l'horloge interne est confirmé chez les personnes effectuant de courts séjours à l'étranger. Car de nombreuses observations indiquent que les accidents cardiaques, quand ils surviennent chez ces voyageurs, se manifestent surtout au moment de la transition nuit/jour de leur pays d'origine.
Comment cela explique-t-il la gravité des infarctus matinaux ?
D'abord, on peut imaginer que les soins sont prodigués moins rapidement aux aurores que pendant le reste de la journée. Mais, dans cette étude, cela ne semble pas être le cas. D'autres travaux ont montré récemment, chez l'animal, qu'il y avait un mécanisme moléculaire de sauvetage, à l'intérieur des cellules, qui était aussi affecté par ce rythme jour-nuit. En pratique, quand une cellule est agressée, elle développe un mécanisme de protection ; or l'horloge circadienne influence également ses capacités à se défendre au cours de la journée. Cela explique sans doute pourquoi, chez l'homme comme chez l'animal de laboratoire, les lésions sont plus importantes le matin.
Quels sont les autres éléments qui pourraient influencer la survenue d'un infarctus ?
Certaines publications indiquent que ce type d'accident vasculaire serait plus fréquent le lundi que les autres jours de la semaine. Cela pourrait être lié aux changements de nourriture et d'activité physique au cours du week-end. Enfin, d'autres études mettent en évidence une augmentation du nombre d'infarctus du myocarde pendant les jours les plus sombres de l'hiver. En revanche, des travaux menés en Asie et en Australie montrent un accroissement de ce type d'accident lors des jours les plus froids de l'été. En l'absence d'études vraiment scientifiques, il est donc difficile de tirer des conclusions. Il n'empêche que la baisse des températures pourrait avoir un effet néfaste.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/les-infarctus-sont-plus-frequents-et-plus-graves-le-matin-29-04-2011-1324839_57.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20110430