Ungersheim, un village en transition
TEXTE : JEAN-CLAUDE NOYÉ. PHOTOS : RAPHAËL HELLE / SIGNATURES POUR LA VIE
CRÉÉ LE 04/02/2016 / MODIFIÉ LE 04/02/2016 À 10H49
Au nord de Mulhouse, sous la houlette de leur maire, les habitants ont compris que la fin du tout pétrole était proche. Ils mettent en oeuvre un mode de vie moins consumériste, plus relié et porteur de sens.
Le bruit mat des sabots sur le macadam se rapproche et bientôt apparaît la charrette bâchée tirée par Richelieu, l'un des deux chevaux cantonniers d'Ungersheim, village de 2 400 habitants près de Mulhouse. David, un employé communal, gare l'attelage devant l'école élémentaire et attend qu'une poignée de bambins grimpent dans la carriole avant de les reconduire chez eux, au pas nonchalant de l'étalon. Outre le transport scolaire de la mi-journée, Richelieu et son compagnon Cozak servent pour l'arrosage des fleurs de la commune, l'élagage des arbres, ou pour travailler sur le terrain de 8 hectares prêtés gratuitement par la mairie à une association de réinsertion pour y faire, moyennant la création de 30 emplois, du maraîchage bio. « Le recours à ces chevaux, c'est un moyen essentiel pour sensibiliser les habitants à la nécessité de la transition », explique Jean-Claude Mensch dans la salle du conseil municipal. Sous l'impulsion de ce mineur retraité de 66 ans, maire de la localité depuis 1989, Ungersheim est devenu un exemple phare (et rare) en France du mouvement de la transition.
Celui-ci part du constat que la fin du pétrole est proche. En réponse, la transition entend mettre en oeuvre ensemble un mode de vie moins énergivore ou émetteur de gaz à effet de serre. Moins individualiste. Moins consumériste. « Le point de départ de notre action a été de baisser la facture d'électricité et de réaliser des économies d'énergie substantielles. Le but est désormais d'atteindre l'indépendance énergétique », souligne l'élu. Et de détailler les solutions mises en oeuvre : installation de 120 m² de panneaux solaires thermiques sur le toit de la piscine ; construction de la plus grande centrale photovoltaïque d'Alsace (5,4 mégawatts) et bientôt d'une deuxième de même envergure ; construction, également, d'une chaufferie à bois (540 kW) alimentant sept bâtiments communaux. Ou encore réduction de 40 % de l'éclairage public via des gradateurs et ampoules leds.
Nulle explication ne saurait remplacer la visite des lieux. En route donc pour Le Champré, où un éco-hameau sort de terre. Neuf familles y construisent des maisons « passives », à la consommation énergétique extrêmement basse, voire nulle. Outils en mains, Franck Thomas et sa compagne racontent leur parcours : propriétaires désireux de partager plus et mieux avec leurs voisins, ils ont ardemment souhaité s'inscrire dans une démarche d'habitat groupé. Démarche longue et semée d'embûches. Jusqu'au jour où ils ont rencontré Jean-Claude Mensch, lui-même désireux d'impulser un tel projet. Heureux de ce sérieux coup de pouce municipal (mise à disposition du foncier, assistance logistique, aide à la constitution d'un groupe de volontaires), le couple entend bien s'investir ensuite dans la vie locale par le biais des commissions participatives, qu'ont rejointes une cinquantaine d'Ungersheimois, auquel le conseil municipal soumet ses propositions. « C'est peu, sur 2 400 habitants, mais ça a le mérite d'exister », admet le maire.
Découverte à présent, à l'autre bout du village, de la future Maison des natures et des cultures. Jouxtant l'exploitation maraîchère bio, ce bâtiment construit uniquement avec des matériaux sains et, en partie, grâce à la mobilisation de plusieurs dizaines de bénévoles est notamment destiné à abriter une légumerie-conserverie. C'est un des éléments essentiels de la relocalisation de l'économie, plus précisément de la filière baptisée De la graine à l'assiette. « Sur les 900 hectares de terres agricoles qui entourent la commune, aucun n'est affecté à l'autosubsistance. Nous souhaitons faire en sorte que chacun puisse, à terme, acheter en quantité des produits cultivés et conditionnés sur place », observe avec force conviction le premier édile. Non sans évoquer la mise en place de la restauration scolaire 100 % bio, largement alimentée par la production locale de légumes et, à terme, de céréales et légumineuses cultivés selon les méthodes de la permaculture, via une régie agricole communale en gestation.
http://www.lavie.fr/actualite/economie/ungersheim-un-village-en-transition-04-02-2016-70319_6.php
TEXTE : JEAN-CLAUDE NOYÉ. PHOTOS : RAPHAËL HELLE / SIGNATURES POUR LA VIE
CRÉÉ LE 04/02/2016 / MODIFIÉ LE 04/02/2016 À 10H49
Au nord de Mulhouse, sous la houlette de leur maire, les habitants ont compris que la fin du tout pétrole était proche. Ils mettent en oeuvre un mode de vie moins consumériste, plus relié et porteur de sens.
Le bruit mat des sabots sur le macadam se rapproche et bientôt apparaît la charrette bâchée tirée par Richelieu, l'un des deux chevaux cantonniers d'Ungersheim, village de 2 400 habitants près de Mulhouse. David, un employé communal, gare l'attelage devant l'école élémentaire et attend qu'une poignée de bambins grimpent dans la carriole avant de les reconduire chez eux, au pas nonchalant de l'étalon. Outre le transport scolaire de la mi-journée, Richelieu et son compagnon Cozak servent pour l'arrosage des fleurs de la commune, l'élagage des arbres, ou pour travailler sur le terrain de 8 hectares prêtés gratuitement par la mairie à une association de réinsertion pour y faire, moyennant la création de 30 emplois, du maraîchage bio. « Le recours à ces chevaux, c'est un moyen essentiel pour sensibiliser les habitants à la nécessité de la transition », explique Jean-Claude Mensch dans la salle du conseil municipal. Sous l'impulsion de ce mineur retraité de 66 ans, maire de la localité depuis 1989, Ungersheim est devenu un exemple phare (et rare) en France du mouvement de la transition.
Celui-ci part du constat que la fin du pétrole est proche. En réponse, la transition entend mettre en oeuvre ensemble un mode de vie moins énergivore ou émetteur de gaz à effet de serre. Moins individualiste. Moins consumériste. « Le point de départ de notre action a été de baisser la facture d'électricité et de réaliser des économies d'énergie substantielles. Le but est désormais d'atteindre l'indépendance énergétique », souligne l'élu. Et de détailler les solutions mises en oeuvre : installation de 120 m² de panneaux solaires thermiques sur le toit de la piscine ; construction de la plus grande centrale photovoltaïque d'Alsace (5,4 mégawatts) et bientôt d'une deuxième de même envergure ; construction, également, d'une chaufferie à bois (540 kW) alimentant sept bâtiments communaux. Ou encore réduction de 40 % de l'éclairage public via des gradateurs et ampoules leds.
Nulle explication ne saurait remplacer la visite des lieux. En route donc pour Le Champré, où un éco-hameau sort de terre. Neuf familles y construisent des maisons « passives », à la consommation énergétique extrêmement basse, voire nulle. Outils en mains, Franck Thomas et sa compagne racontent leur parcours : propriétaires désireux de partager plus et mieux avec leurs voisins, ils ont ardemment souhaité s'inscrire dans une démarche d'habitat groupé. Démarche longue et semée d'embûches. Jusqu'au jour où ils ont rencontré Jean-Claude Mensch, lui-même désireux d'impulser un tel projet. Heureux de ce sérieux coup de pouce municipal (mise à disposition du foncier, assistance logistique, aide à la constitution d'un groupe de volontaires), le couple entend bien s'investir ensuite dans la vie locale par le biais des commissions participatives, qu'ont rejointes une cinquantaine d'Ungersheimois, auquel le conseil municipal soumet ses propositions. « C'est peu, sur 2 400 habitants, mais ça a le mérite d'exister », admet le maire.
Découverte à présent, à l'autre bout du village, de la future Maison des natures et des cultures. Jouxtant l'exploitation maraîchère bio, ce bâtiment construit uniquement avec des matériaux sains et, en partie, grâce à la mobilisation de plusieurs dizaines de bénévoles est notamment destiné à abriter une légumerie-conserverie. C'est un des éléments essentiels de la relocalisation de l'économie, plus précisément de la filière baptisée De la graine à l'assiette. « Sur les 900 hectares de terres agricoles qui entourent la commune, aucun n'est affecté à l'autosubsistance. Nous souhaitons faire en sorte que chacun puisse, à terme, acheter en quantité des produits cultivés et conditionnés sur place », observe avec force conviction le premier édile. Non sans évoquer la mise en place de la restauration scolaire 100 % bio, largement alimentée par la production locale de légumes et, à terme, de céréales et légumineuses cultivés selon les méthodes de la permaculture, via une régie agricole communale en gestation.
http://www.lavie.fr/actualite/economie/ungersheim-un-village-en-transition-04-02-2016-70319_6.php