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LES CONTROVERSES DU CHRISTIANISME
De la prédestination à la liberté totale
HENRIK LINDELL
CRÉÉ LE 08/07/2015 / MODIFIÉ LE 09/07/2015 À 16H09
Peu après la mort de l'évêque d'Hippone, en 430, plusieurs monastères manifestèrent leur incompréhension à l'égard de la théologie d'Augustin. Vers la fin de sa vie, en effet, il avait radicalisé sa conception de la grâce au point de la réserver seulement à un petit nombre prédestiné par Dieu. À quoi serviraient donc les efforts consentis dans l'ascèse ? se demandèrent-ils, craignant notamment le fatalisme. Un petit mouvement anti-augustinien a ainsi gagné les monastères des îles d'Hyères et de Lérins. Pour ces moines, l'homme et Dieu pouvaient coopérer dans l'effort de salut. On pouvait faire le premier pas vers Dieu, qui, ensuite, pouvait accroître la foi. Cette théologie, appelée semi-pélagianisme, est considérée aujourd'hui comme acceptable par l'Église. Surtout, elle est parfaitement conforme à la théologie de l'Église orthodoxe ! Bien plus tard, un augustinisme modéré l'emportera doctrinalement. Saint Thomas expliquera que Dieu trouvera les moyens qu'il faut - donc pas seulement le baptême - pour sauver les hommes.
À la Réforme, les idées radicales d'Augustin sont à nouveau lues et discutées. Martin Luther a trouvé chez Augustin la fameuse justification par la foi, le sola fide constitutif du protestantisme. En l'occurrence, il s'agit d'une interprétation radicale d'Augustin. Ce dernier précisait bien que c'est aussi la charité dans son obéissance à la loi qui nous justifie. Les calvinistes ont quant à eux repris l'idée de la prédestination.
Troisième rebondissement : le jansénisme. Dans son Augustinus, Jansénius (1585-1638) prône une conception extrême de la grâce comme expression de la puissance arbitraire de Dieu, refusant à la nature humaine et à la liberté toute consistance. Certains auteurs, comme Jean-Marie Salamito, suggèrent que, paradoxalement, certains groupes sectaires au sein du protestantisme, mais aussi les jansénistes, ont emprunté aux pélagiens leur côté légaliste et élitiste.
De la prédestination à la liberté totale
HENRIK LINDELL
CRÉÉ LE 08/07/2015 / MODIFIÉ LE 09/07/2015 À 16H09
Peu après la mort de l'évêque d'Hippone, en 430, plusieurs monastères manifestèrent leur incompréhension à l'égard de la théologie d'Augustin. Vers la fin de sa vie, en effet, il avait radicalisé sa conception de la grâce au point de la réserver seulement à un petit nombre prédestiné par Dieu. À quoi serviraient donc les efforts consentis dans l'ascèse ? se demandèrent-ils, craignant notamment le fatalisme. Un petit mouvement anti-augustinien a ainsi gagné les monastères des îles d'Hyères et de Lérins. Pour ces moines, l'homme et Dieu pouvaient coopérer dans l'effort de salut. On pouvait faire le premier pas vers Dieu, qui, ensuite, pouvait accroître la foi. Cette théologie, appelée semi-pélagianisme, est considérée aujourd'hui comme acceptable par l'Église. Surtout, elle est parfaitement conforme à la théologie de l'Église orthodoxe ! Bien plus tard, un augustinisme modéré l'emportera doctrinalement. Saint Thomas expliquera que Dieu trouvera les moyens qu'il faut - donc pas seulement le baptême - pour sauver les hommes.
À la Réforme, les idées radicales d'Augustin sont à nouveau lues et discutées. Martin Luther a trouvé chez Augustin la fameuse justification par la foi, le sola fide constitutif du protestantisme. En l'occurrence, il s'agit d'une interprétation radicale d'Augustin. Ce dernier précisait bien que c'est aussi la charité dans son obéissance à la loi qui nous justifie. Les calvinistes ont quant à eux repris l'idée de la prédestination.
Troisième rebondissement : le jansénisme. Dans son Augustinus, Jansénius (1585-1638) prône une conception extrême de la grâce comme expression de la puissance arbitraire de Dieu, refusant à la nature humaine et à la liberté toute consistance. Certains auteurs, comme Jean-Marie Salamito, suggèrent que, paradoxalement, certains groupes sectaires au sein du protestantisme, mais aussi les jansénistes, ont emprunté aux pélagiens leur côté légaliste et élitiste.