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Sunday Assembly : la "messe laïque" à Paris

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Josué

Josué
Administrateur

Sunday Assembly : la "messe laïque" à Paris
Matthieu Stricot - publié le 19/12/2014

Une messe sans prêtre ni Dieu, est-ce possible ? C'est en tout cas le concept de la Sunday Assembly, né en 2013 en Grande-Bretagne. L'objectif ? Se réunir le dimanche matin pour chanter, s'instruire, échanger. Le tout calqué sur le modèle d'une messe, mais sans distinction de croyances. En France, le phénomène en est encore à ses balbutiements. Le 30 novembre, Le Monde des Religions s'est rendu à la seconde « assemblée du dimanche » parisienne.
Une messe laïque, je trouve le concept bizarre », s’étonne Marie. L'étudiante en sociologie de 19 ans est venue « par curiosité », comme bon nombre de participants à cette seconde Sunday Assembly parisienne. Ils étaient une cinquantaine à braver le froid, dimanche 30 novembre, pour être présents à 11 h à la Maison du Japon, dans la Cité Universitaire.

Pas de cantique pour lancer la cérémonie. À la place : Cloclo ! Comme au karaoké, les paroles d'Alexandrie Alexandra défilent grâce à un vidéo-projecteur. Les participants se lèvent. Nicky et Francis, les animateurs, usent de leurs micros pour chauffer la salle. « Chanter pour être détendu, c'est la première étape pour créer du lien social », révèle Jonathan, l'un des organisateurs de l'évènement, reconnaissable au triangle vert – symbole de l'association – qu'il porte sur sa chemise.

« Ici, certains sont croyants, d'autres agnostiques ou encore athées, précise Chelsea Williams, la présidente de l'association parisienne. Nous ne sommes pas là pour dire si Dieu existe ou non. Nous sommes là pour créer une communauté autour de valeurs communes. » Une idée nouvelle en France, mais qui fait sensation en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. À l'origine, deux comédiens britanniques : Pippa Evans et Sanderson Jones, qui ont organisé les premiers rassemblements en 2013. En septembre dernier, le charismatique Sanderson était venu prêter main forte aux organisateurs parisiens.

Le prêche du bonheur

Il faut maintenant faire sans lui. Nicky, jeune femme à l'accent anglophone, a pris le relais : « Vivre mieux, s'aider souvent, s'émerveiller plus. Voilà notre message », lance-t-elle à l'assemblée. Chelsea monte sur l'estrade pour lire un poème. Puis vient le moment du prêche, avec l'invité du jour : Claude Pinault. L'auteur du Syndrome du bocal est venu partager sa lutte contre la maladie de Guillain-Barré. Pendant plusieurs mois, Claude fut tétraplégique : « Un neurologue m'a dit que je ne remarcherai jamais. Mais un autre m'a prévenu que la médecine, ce n'était que des statistiques. Que je devais montrer ce que je pouvais faire contre la maladie. J'ai décidé de reprendre la clé de mon corps. » Sa foi en la guérison a eu raison de sa paralysie. « Même si j'ai une canne, je suis debout. C'est extraordinaire. » Claude Pinault souhaite aujourd'hui communiquer sa joie de vivre : « Le bonheur est contagieux. Je vous encourage à être heureux, et à ne surtout pas faire la gueule. »

Après le témoignage, place aux associations. L'auteur introduit un bénévole des dons du sang. Puis vient le temps de la réflexion. Cinq minutes de silence. Les notes d’un piano apaisent l'atmosphère. Les yeux fermés, un couple s'enlace tendrement.

Retour à la réalité : comme à l'église, une quête est organisée pour financer la location de la salle. La « messe » se clôt en musique. Sur les paroles de Love is all de Roger Glover, les participants rejoignent le fond de la salle, où des cafés, jus et gâteaux les attendent.

C’est l'occasion de partager les avis sur ce nouveau concept : « Une communion sans l'hostie, commente Raphaël, professeur d'anglais de 29 ans. Le partage se fait ici en rencontrant la personne à côté et en mangeant un bout de quatre-quarts ».

Jae, enseignante anglaise de 34 ans, se réjouit de sa première expérience : « Quand j'étais jeune, je voulais aimer les religions, mais je n'aimais pas trop l'Église. La Sunday Assembly permet de créer un sentiment de communauté. Je reviendrai. »

Un manque de fond ?

Yann, la quarantaine en costume, est présent pour la deuxième fois. « Le concept est en lien avec les humanistes. Il crée du lien social. Chez les chrétiens, le culte crée une communauté. Pour nous, les laïques, c'est boulot, dodo. Il nous manque quelque chose. » Camille, étudiante en médecine, a connu le catéchisme et la chorale de l'église quand elle était petite : « J'y rencontrais des gens que je n'aurais pas rencontrés ailleurs. Ici, l'avantage est que l'on peut se réunir quelle que soit notre croyance. »

L'intervention de Claude Pinault a marqué les esprits : « Le témoignage de cet homme est extraordinaire, se réjouit Angela. Il a surmonté son handicap. Un exemple pour moi qui suis dépressive et essaie de m'en sortir. » L'étudiante en cinéma notre toutefois des points à améliorer : « Plutôt que des chaises, ce serait bien d'avoir des tapis ou des poufs. Plus de liberté, pour être plus liés les uns aux autres. » Marie, sa colocataire, est plus critique : « C'est comme une messe, mais sans religion derrière. Il n'y pas vraiment de message. Ça manque de fond. »

« Nous avons plus de mal à faire passer le concept de messe laïque en France qu'au Royaume-Uni », reconnaît Chelsea, la présidente. Pour attirer le public, l'association organise des évènements conviviaux entre chaque assemblée : visites de musées, balades... Le rendez-vous du 17 décembre autour d’un apéritif était l'occasion de préparer la troisième Sunday Assembly parisienne, prévue le 11 janvier 2015. Bastien, membre de l'association, appelle les participants à « venir avec le plus d'amis possible, pour donner de nouvelles idées. On se cherche encore. »

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