Accro au sexe et au jeu, il accuse son médicament et réclame 450.000 euros
Deux ans de traitement.
Un an de troubles de la personnalité.
Ce Nantais de 51 ans n'avait pourtant fait aucun lien.
Atteint de la maladie de Parkinson, Didier a soudainement été pris d'addiction compulsive au jeu. Il a passé des heures à faire des paris en ligne, en venant même à voler les cartes bleues de proches. Puis il a connu des épisodes d'hypersexualité. Ce père de 2 enfants, marié, cadre dans une entreprise travaillant avec la Marine, a multiplié les rencontres homosexuelles et s'est exhibé sur Internet.
"Et puis un jour, en naviguant sur Internet, il a lu des témoignages semblables, de personnes soignées avec le même médicament", raconte au Post Me Antoine Béguin, son avocat. Depuis, un nouveau neurologue a modifié son traitement et "tous ces troubles ont cessé".
Le médicament en question ? Le Requip, commercialisé par le laboratoire GlaxoSmithKline.
Il s'agit d'un traitement pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, placé, hasard du calendrier, sur la liste des "médicaments sous surveillance" publiée lundi par l'Afssaps.
Sur la notice d'utilisation de ce médicament, à la rubrique effets secondaires, a été ajoutée la mention suivante : "attirance compulsive pour les jeux d'argent, augmentation du comportement impulsif et/ou des pulsions sexuelles".
Mais pas à l'époque où Didier suivait son traitement, entre 2003 et 2005.
D'où cette assignation en justice contre le laboratoire pour "défaut de sécurité du médicament" et "absence d'information fiable". Le patient poursuit également son médecin prescripteur qu'il accuse de ne pas l'avoir assez informé.
Le tribunal de grande instance de Nantes doit rendre sa décision jeudi après-midi.
Sur Le Post, Me Antoine Béguin, expliquait en janvier pourquoi son client demande 450.000 euros de dommages et intérêts.
Que demande votre client ?
"L'Oniam (office national d'indemnisation des accidents du médicament), qui a indemnisé son épouse et ses 2 enfants, lui avait proposé 35.000 euros. Il a refusé parce que cela ne correspond pas au préjudice subi. Mon client réclame 450.000 euros pour le préjudice moral et le préjudice économique. Au jeu, il a perdu au-delà de 150.000 euros. Nous avons demandé une expertise comptable pour chiffrer exactement."
Quel préjudice moral a-t-il subi ?
"L'addiction au jeu l'a poussé à voler ses proches. Ensuite, il a eu des comportements sexuels déviants... ou en tout cas ne correspondant pas à son statut de père de famille. Il est allé jusqu'à faire plusieurs tentatives de suicide. Il a vécu une véritable descente aux enfers. Heureusement, son épouse a pardonné. Elle ne l'a pas quitté."
Pourquoi accuser ce médicament ?
"En 2004, ils ont ajouté à la liste des effets secondaires du médicament une "augmentation de la libido". Depuis 2007, l'information a été complétée. C'est donc que le laboratoire savait... mais il se défend en plaidant la bonne foi, en disant qu'il a prévenu les autorités dès qu'il a été mis au courant, au fur et à mesure que l'information lui parvenait."
L'affaire Mediator aura-t-elle un impact sur ce dossier ?
"Oui. Cette affaire a sensibilisé l'opinion publique. Le rapport remis par l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le Mediator a pointé des dysfonctionnements à l'Afssaps que nous dénonçons depuis des années. Cela apporte de l'eau à notre moulin."
D'autres malades, soignés par Requip, se sont-ils manifestés ?
"Oui. Au Canada, une "class action" (plainte collective, ndlr) a été organisée à l'encontre du laboratoire GSK. Aux Etats-Unis également. En France, nous avons deux autres dossiers en cours. Et une dizaine d'autres personnes nous ont contactés. C'est peut-être le déclencheur d'une nouvelle affaire..."
L'Afssaps a classé lundi la ropinirole, molécule du Requip, parmi les "médicaments sous surveillance"...
"C'est que nous avons peut-être inauguré quelque chose d'intéressant. Ce n'est pas un hasard si le médicament est sous surveillance. Ces effets secondaires sont graves et ils sont sous-estimés. Peut-être que l'Afssaps devrait procéder à une réévaluation..."
http://www.lepost.fr/article/2011/01/31/2390064_accro-au-sexe-et-au-jeu-il-accuse-son-medicament-et-reclame-450-000-euros.html#xtor=EPR-344-[NL_1144]-20110324
Deux ans de traitement.
Un an de troubles de la personnalité.
Ce Nantais de 51 ans n'avait pourtant fait aucun lien.
Atteint de la maladie de Parkinson, Didier a soudainement été pris d'addiction compulsive au jeu. Il a passé des heures à faire des paris en ligne, en venant même à voler les cartes bleues de proches. Puis il a connu des épisodes d'hypersexualité. Ce père de 2 enfants, marié, cadre dans une entreprise travaillant avec la Marine, a multiplié les rencontres homosexuelles et s'est exhibé sur Internet.
"Et puis un jour, en naviguant sur Internet, il a lu des témoignages semblables, de personnes soignées avec le même médicament", raconte au Post Me Antoine Béguin, son avocat. Depuis, un nouveau neurologue a modifié son traitement et "tous ces troubles ont cessé".
Le médicament en question ? Le Requip, commercialisé par le laboratoire GlaxoSmithKline.
Il s'agit d'un traitement pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, placé, hasard du calendrier, sur la liste des "médicaments sous surveillance" publiée lundi par l'Afssaps.
Sur la notice d'utilisation de ce médicament, à la rubrique effets secondaires, a été ajoutée la mention suivante : "attirance compulsive pour les jeux d'argent, augmentation du comportement impulsif et/ou des pulsions sexuelles".
Mais pas à l'époque où Didier suivait son traitement, entre 2003 et 2005.
D'où cette assignation en justice contre le laboratoire pour "défaut de sécurité du médicament" et "absence d'information fiable". Le patient poursuit également son médecin prescripteur qu'il accuse de ne pas l'avoir assez informé.
Le tribunal de grande instance de Nantes doit rendre sa décision jeudi après-midi.
Sur Le Post, Me Antoine Béguin, expliquait en janvier pourquoi son client demande 450.000 euros de dommages et intérêts.
Que demande votre client ?
"L'Oniam (office national d'indemnisation des accidents du médicament), qui a indemnisé son épouse et ses 2 enfants, lui avait proposé 35.000 euros. Il a refusé parce que cela ne correspond pas au préjudice subi. Mon client réclame 450.000 euros pour le préjudice moral et le préjudice économique. Au jeu, il a perdu au-delà de 150.000 euros. Nous avons demandé une expertise comptable pour chiffrer exactement."
Quel préjudice moral a-t-il subi ?
"L'addiction au jeu l'a poussé à voler ses proches. Ensuite, il a eu des comportements sexuels déviants... ou en tout cas ne correspondant pas à son statut de père de famille. Il est allé jusqu'à faire plusieurs tentatives de suicide. Il a vécu une véritable descente aux enfers. Heureusement, son épouse a pardonné. Elle ne l'a pas quitté."
Pourquoi accuser ce médicament ?
"En 2004, ils ont ajouté à la liste des effets secondaires du médicament une "augmentation de la libido". Depuis 2007, l'information a été complétée. C'est donc que le laboratoire savait... mais il se défend en plaidant la bonne foi, en disant qu'il a prévenu les autorités dès qu'il a été mis au courant, au fur et à mesure que l'information lui parvenait."
L'affaire Mediator aura-t-elle un impact sur ce dossier ?
"Oui. Cette affaire a sensibilisé l'opinion publique. Le rapport remis par l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le Mediator a pointé des dysfonctionnements à l'Afssaps que nous dénonçons depuis des années. Cela apporte de l'eau à notre moulin."
D'autres malades, soignés par Requip, se sont-ils manifestés ?
"Oui. Au Canada, une "class action" (plainte collective, ndlr) a été organisée à l'encontre du laboratoire GSK. Aux Etats-Unis également. En France, nous avons deux autres dossiers en cours. Et une dizaine d'autres personnes nous ont contactés. C'est peut-être le déclencheur d'une nouvelle affaire..."
L'Afssaps a classé lundi la ropinirole, molécule du Requip, parmi les "médicaments sous surveillance"...
"C'est que nous avons peut-être inauguré quelque chose d'intéressant. Ce n'est pas un hasard si le médicament est sous surveillance. Ces effets secondaires sont graves et ils sont sous-estimés. Peut-être que l'Afssaps devrait procéder à une réévaluation..."
http://www.lepost.fr/article/2011/01/31/2390064_accro-au-sexe-et-au-jeu-il-accuse-son-medicament-et-reclame-450-000-euros.html#xtor=EPR-344-[NL_1144]-20110324