«La déshumanisation de l’autre est inquiétante»
Par Alain Jourdan | Mis à jour le 24.08.14
A l’heure des 150 ans des Conventions de Genève, le directeur du CICR, Yves Daccord, explique comment le droit humanitaire évolue.
Le directeur du CICR, Yves Daccord s'inquiète de la déshumanisation de l'autre. (Photo: Lucien Fortunati)Directeur général du CICR depuis 2010, Yves Daccord pilote une organisation soumise aux soubresauts d’un monde en crise. Jamais l’action du CICR n’a été aussi nécessaire mais jamais non plus les risques pris par son personnel n’ont été si grands. Interview.
«Humaniser la Guerre», c’est votre devise. Mais le droit humanitaire n’a jamais été aussi bafoué…
C’est vrai que ce qui se passe par exemple en Centrafrique ou au Moyen-Orient nous préoccupe vivement mais nous ne devons pas abandonner notre ambition pour autant. Durant la Seconde Guerre mondiale, les choses étaient tout aussi difficiles. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde très connecté où tout se vit en temps réel. Voilà ce qui a changé.
Dans ce monde très connecté, les vidéos d’exécutions ne traduisent-elles pas une volonté de transgresser toutes les règles du droit international?
Les images ont toujours été utilisées durant les guerres pour faire passer des messages. On sait leur impact. Aujourd’hui, il y a une capacité à les diffuser mondialement et instantanément. En Irak, où vient d’être exécuté le journaliste James Foley, les groupes extrémistes utilisent la vidéo pour créer un sentiment de terreur. C’est vrai que cette approche totalement déshumanisée du rapport à l’autre est inquiétante.
Peut-on encore nouer le dialogue avec les gens qui commettent ces crimes quand on est le CICR?
La question n’est pas de savoir si on le peut, on le doit. Evidemment, c’est très difficile. Mais c’est notre mission. En Afghanistan, avec les talibans nous avons connu des années difficiles mais nous n’avons jamais renoncé. Les groupes qui commettent les actes que vous évoquez contrôlent des territoires ou l’accès aux villes où se trouvent des centaines de milliers de gens en souffrance. Il n’est pas question de les abandonner à leur sort.
L tribune de Genéve
Par Alain Jourdan | Mis à jour le 24.08.14
A l’heure des 150 ans des Conventions de Genève, le directeur du CICR, Yves Daccord, explique comment le droit humanitaire évolue.
Le directeur du CICR, Yves Daccord s'inquiète de la déshumanisation de l'autre. (Photo: Lucien Fortunati)
«Humaniser la Guerre», c’est votre devise. Mais le droit humanitaire n’a jamais été aussi bafoué…
C’est vrai que ce qui se passe par exemple en Centrafrique ou au Moyen-Orient nous préoccupe vivement mais nous ne devons pas abandonner notre ambition pour autant. Durant la Seconde Guerre mondiale, les choses étaient tout aussi difficiles. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde très connecté où tout se vit en temps réel. Voilà ce qui a changé.
Dans ce monde très connecté, les vidéos d’exécutions ne traduisent-elles pas une volonté de transgresser toutes les règles du droit international?
Les images ont toujours été utilisées durant les guerres pour faire passer des messages. On sait leur impact. Aujourd’hui, il y a une capacité à les diffuser mondialement et instantanément. En Irak, où vient d’être exécuté le journaliste James Foley, les groupes extrémistes utilisent la vidéo pour créer un sentiment de terreur. C’est vrai que cette approche totalement déshumanisée du rapport à l’autre est inquiétante.
Peut-on encore nouer le dialogue avec les gens qui commettent ces crimes quand on est le CICR?
La question n’est pas de savoir si on le peut, on le doit. Evidemment, c’est très difficile. Mais c’est notre mission. En Afghanistan, avec les talibans nous avons connu des années difficiles mais nous n’avons jamais renoncé. Les groupes qui commettent les actes que vous évoquez contrôlent des territoires ou l’accès aux villes où se trouvent des centaines de milliers de gens en souffrance. Il n’est pas question de les abandonner à leur sort.
L tribune de Genéve