Allemagne : des employés d'un crématorium récupéraient l'or des défunts
Le Point.fr - Publié le 22/08/2014 à 07:36
Neuf hommes comparaissent pour avoir récolté plus de 31 kilos d'or dans les cendres encore chaudes des corps qu'ils avaient tout juste brûlés.
La question peut paraître un rien morbide, mais les juges du Tribunal fédéral du travail à Erfurt vont devoir y répondre. Les dents en or d'un défunt après sa crémation appartiennent à qui ? À la famille du disparu, à la commune, au crématorium qui s'est chargé de l'incinération ou aux employés responsables de la combustion des corps ? Ce "vide juridique" a permis à Walter L. et à huit de ses collègues travaillant pour le crématorium d'Öjendorf à Hambourg d'amasser un joli pactole. De 2003 à 2011, les neuf "complices" ont récolté plus de 31 kilos d'or dans les cendres encore chaudes des corps qu'ils avaient tout juste brûlés. La revente de ce "pactole" leur aurait permis de gagner près de 273 000 euros, une somme que leur ancien employeur leur demande de reverser sans attendre. Le seul problème est que Walter L. et ses amis ont dilapidé cet argent en s'offrant des voitures, des vacances au Mexique et en allant parier dans des tripots. Le principal accusé aujourd'hui âgé de 56 ans, qui a été licencié en 2005 pour n'avoir pas obéi à un ordre écrit deux ans plus tôt par sa société lui demandant de ne plus rien prendre dans les cendres des défunts, estime n'avoir enfreint aucune loi. La Cour de Hambourg lui a donné raison estimant que "le corps ou toute partie de ce dernier n'appartenait à personne en particulier". Décidé à ne pas en rester là, le crématorium s'est tourné vers le Tribunal fédéral du travail qui doit rendre son jugement. Ce cas n'est pas le premier dans le monde.
En Corée du Sud, six employés d'un crématorium ont été arrêtés pour avoir volé et fondu les dents en or de défunts. Un salarié à Séoul avait gagné, à lui seul, 20 millions de wons, soit environ 14 735 euros, en revendant les métaux précieux récoltés sur les morts. Si la législation locale ne précise pas à qui doit revenir l'or après la crémation d'un corps, la police a jugé que "le prendre de manière arbitraire était hors-la-loi". Une enquête réalisée par la radio et la télévision suisse (SRF) a, quant à elle, révélé que certains crématoriums dans la Confédération récupéreraient les matériaux de valeur après l'incinération afin de les revendre. Les services funéraires de Rüti dans le canton de Zurich gagnent ainsi chaque année 5 000 francs à 7 000 francs suisses grâce à la fonte de métaux précieux (entre 4 130 euros et 5 780 euros). La ville de Fribourg récupère, elle, les prothèses en titane avant de les confier à une entreprise qui se charge de les faire fondre. La commune de Soleure a été encore plus loin en achetant une machine capable de récupérer automatiquement les métaux précieux présents dans les cendres de son four crématoire. Dans un pays où 53 000 incinérations sont effectuées tous les ans et alors qu'une étude allemande estime qu'en moyenne 2,2 grammes d'or sont trouvés sur chaque défunt, ce sont près de 3,5 millions de francs suisses (2,9 millions d'euros) que peuvent ainsi amasser les "professionnels de la mort" helvétiques.
Depuis 2003, la ville de Paris fait, elle, recycler les matériaux précieux récupérés dans les cendres des défunts par une entreprise spécialisée. Les sommes récupérées sont ensuite reversées à des associations telles que le collectif Les Morts de la rue. Mais les entreprises funéraires en France font un peu ce qu'elles souhaitent dans ce domaine, car la législation ne précise rien de particulier.
Les abus comme celui qui va être jugé à Erfurt devraient pourtant encourager les députés à prendre des décisions précises sur ce dossier. La crémation devient en effet de plus en plus populaire. Marginale dans les années 80, elle concerne près de la moitié des obsèques dans les grandes villes de France. Cela va faire beaucoup d'or à récolter dans les prochaines années...
Le Point.fr - Publié le 22/08/2014 à 07:36
Neuf hommes comparaissent pour avoir récolté plus de 31 kilos d'or dans les cendres encore chaudes des corps qu'ils avaient tout juste brûlés.
La question peut paraître un rien morbide, mais les juges du Tribunal fédéral du travail à Erfurt vont devoir y répondre. Les dents en or d'un défunt après sa crémation appartiennent à qui ? À la famille du disparu, à la commune, au crématorium qui s'est chargé de l'incinération ou aux employés responsables de la combustion des corps ? Ce "vide juridique" a permis à Walter L. et à huit de ses collègues travaillant pour le crématorium d'Öjendorf à Hambourg d'amasser un joli pactole. De 2003 à 2011, les neuf "complices" ont récolté plus de 31 kilos d'or dans les cendres encore chaudes des corps qu'ils avaient tout juste brûlés. La revente de ce "pactole" leur aurait permis de gagner près de 273 000 euros, une somme que leur ancien employeur leur demande de reverser sans attendre. Le seul problème est que Walter L. et ses amis ont dilapidé cet argent en s'offrant des voitures, des vacances au Mexique et en allant parier dans des tripots. Le principal accusé aujourd'hui âgé de 56 ans, qui a été licencié en 2005 pour n'avoir pas obéi à un ordre écrit deux ans plus tôt par sa société lui demandant de ne plus rien prendre dans les cendres des défunts, estime n'avoir enfreint aucune loi. La Cour de Hambourg lui a donné raison estimant que "le corps ou toute partie de ce dernier n'appartenait à personne en particulier". Décidé à ne pas en rester là, le crématorium s'est tourné vers le Tribunal fédéral du travail qui doit rendre son jugement. Ce cas n'est pas le premier dans le monde.
En Corée du Sud, six employés d'un crématorium ont été arrêtés pour avoir volé et fondu les dents en or de défunts. Un salarié à Séoul avait gagné, à lui seul, 20 millions de wons, soit environ 14 735 euros, en revendant les métaux précieux récoltés sur les morts. Si la législation locale ne précise pas à qui doit revenir l'or après la crémation d'un corps, la police a jugé que "le prendre de manière arbitraire était hors-la-loi". Une enquête réalisée par la radio et la télévision suisse (SRF) a, quant à elle, révélé que certains crématoriums dans la Confédération récupéreraient les matériaux de valeur après l'incinération afin de les revendre. Les services funéraires de Rüti dans le canton de Zurich gagnent ainsi chaque année 5 000 francs à 7 000 francs suisses grâce à la fonte de métaux précieux (entre 4 130 euros et 5 780 euros). La ville de Fribourg récupère, elle, les prothèses en titane avant de les confier à une entreprise qui se charge de les faire fondre. La commune de Soleure a été encore plus loin en achetant une machine capable de récupérer automatiquement les métaux précieux présents dans les cendres de son four crématoire. Dans un pays où 53 000 incinérations sont effectuées tous les ans et alors qu'une étude allemande estime qu'en moyenne 2,2 grammes d'or sont trouvés sur chaque défunt, ce sont près de 3,5 millions de francs suisses (2,9 millions d'euros) que peuvent ainsi amasser les "professionnels de la mort" helvétiques.
Depuis 2003, la ville de Paris fait, elle, recycler les matériaux précieux récupérés dans les cendres des défunts par une entreprise spécialisée. Les sommes récupérées sont ensuite reversées à des associations telles que le collectif Les Morts de la rue. Mais les entreprises funéraires en France font un peu ce qu'elles souhaitent dans ce domaine, car la législation ne précise rien de particulier.
Les abus comme celui qui va être jugé à Erfurt devraient pourtant encourager les députés à prendre des décisions précises sur ce dossier. La crémation devient en effet de plus en plus populaire. Marginale dans les années 80, elle concerne près de la moitié des obsèques dans les grandes villes de France. Cela va faire beaucoup d'or à récolter dans les prochaines années...