Le secret de la confession est-il une "couverture" pour les criminels ?
LAURENCE DESJOYAUX
L'Eglise anglicane d'Australie est revenue sur le secret de la confession, tandis qu'un diocèse catholique de Louisiane se bat contre la Cour Suprême de l'Etat pour que celui-ci soit respecté.
Désormais, dans l'Eglise anglicane d'Australie, les prêtres qui entendent en confession des crimes très graves, tels que les abus sexuels sur mineurs, n'auront plus à garder le secret comme le voulait la règle de l'inviolabilité du secret de la confession, nous apprenait il y a quelques jours le journal The Advertiser.
L'amendement doit encore être ratifié par les 23 diocèses australiens, mais l'avocat Garth Blake, qui en est à l'origine, explique que celui-ci vise à améliorer la sécurité de la communauté et à s’assurer que les règles de l’Église n’agissent pas comme une “couverture” pour les criminels. Il estime que “les terribles divulgations sur la maltraitance des enfants dans les Églises ont changé l’état d’esprit des gens sur le fait que notre premier devoir est de protéger les enfants et les personnes vulnérables”.
En 2013, le premier ministre australien Julia Gillard avait lancé une vaste enquête publique sur les réponses apportées par les institutions – y compris les Églises – aux plaintes pour abus sexuels perpétrés sur des enfants, rappelle The Advertiser. Elle avait alors qualifié la pratique millénaire du confessionnal de “péché par omission”.
À l'inverse de la démarche australienne, le diocèse de Baton Rouge en Louisiane, s'opposait dans un communiqué publié de le 7 juillet, à la levée du secret de la confession demandée par la Cour Suprême de l'Etat. La Cour avait jugé que le P. Jeff Bayhi ne pouvait pas invoquer le secret de la confession pour refuser de témoigner dans une affaire d'abus sexuel sur une jeune femme qu'il aurait supposément entendue en confession à ce sujet.
«Une doctrine fondamentale de l’Église catholique romaine pour des milliers d’années prescrit que le sceau de la confession est absolu et inviolable. Conformément à son voeux à l’Eglise, le prêtre ne peut pas le briser. Il n’est pas non plus autorisé à déclarer que quelqu’un est allé se confesser à lui. Si nécessaire, le prêtre peut aller jusqu’à subir une condamnation pour outrage à un tribunal civil et subir l’emprisonnement plutôt que de violer son devoir sacré et de violer le secret de la confession et de son devoir à l’égard du pénitent.» explique le diocèse dans son communiqué.
Est-ce de la protection de criminels ? Peut-être, selon le SNAP Network (réseau d'anciennes victimes d'abus sexuels par des prêtres), qui a réagit à la décision en expliquant «nous avons souvent vu des officiels de l'Eglise catholique clamer faussement que les conversations qu'ils avaient eu à propos d'abus sexuels avaient eu lieu durant des confessions. De cette façon ils pouvaient cacher la vérité à la police, aux juges, aux parents et aux paroissiens. Nous espérons que ce n'est pas de cela dont il s'agit ici.»
Que dit exactement l'Eglise catholique à ce sujet ? Le code canonique est très clair quant à l'inviolabilité du secret confessionnel, expliquions-nous il y a quelques année : "Le secret sacramentel est inviolable, c'est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d'une autre manière, et pour quelque cause que ce soit (Droit canon, n° 983 § 1) ». Le prêtre dénonciateur encourt la peine d'excommunication.
En France, expliquait alors notre journaliste, la justice reconnaît le secret de la confession en tant que "secret professionnel", à l'instar du secret médical, par exemple, et punit sa violation, sauf lorsqu'il s'agit de révéler des maltraitances et atteintes sexuelles visant des mineurs. Dans ce cas-là, le prêtre, le médecin, se retrouvent à nouveau soumis à l'obligation de tout citoyen d'alerter la justice. Une mise en porte à faux avec le droit canonique ?
En 2003, les évêques français publiaient le livret Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs et confirment : "celui qui est tenu au secret professionnel a la possibilité d'informer les autorités compétentes sans encourir la sanction prévue. Mais il n'en a pas l'obligation, la loi reconnaissant une option de conscience".
Mais le texte ajoute aussi, conscient de l'enjeu : "Le secret professionnel engage la responsabilité de celui qui le reçoit. Il ne doit pas fonctionner comme un lieu de non droit ou un échappatoire devant les responsabilités juridiques et morales de chacun. Ainsi, un prêtre qui reçoit les confidences de l'auteur d'un crime ou d'un délit doit tout mettre en oeuvre pour que celui-ci assume ses responsabilités tant à l'égard de la victime qu'à l'égard de la société, et se confie donc à la justice".
LAURENCE DESJOYAUX
L'Eglise anglicane d'Australie est revenue sur le secret de la confession, tandis qu'un diocèse catholique de Louisiane se bat contre la Cour Suprême de l'Etat pour que celui-ci soit respecté.
Désormais, dans l'Eglise anglicane d'Australie, les prêtres qui entendent en confession des crimes très graves, tels que les abus sexuels sur mineurs, n'auront plus à garder le secret comme le voulait la règle de l'inviolabilité du secret de la confession, nous apprenait il y a quelques jours le journal The Advertiser.
L'amendement doit encore être ratifié par les 23 diocèses australiens, mais l'avocat Garth Blake, qui en est à l'origine, explique que celui-ci vise à améliorer la sécurité de la communauté et à s’assurer que les règles de l’Église n’agissent pas comme une “couverture” pour les criminels. Il estime que “les terribles divulgations sur la maltraitance des enfants dans les Églises ont changé l’état d’esprit des gens sur le fait que notre premier devoir est de protéger les enfants et les personnes vulnérables”.
En 2013, le premier ministre australien Julia Gillard avait lancé une vaste enquête publique sur les réponses apportées par les institutions – y compris les Églises – aux plaintes pour abus sexuels perpétrés sur des enfants, rappelle The Advertiser. Elle avait alors qualifié la pratique millénaire du confessionnal de “péché par omission”.
À l'inverse de la démarche australienne, le diocèse de Baton Rouge en Louisiane, s'opposait dans un communiqué publié de le 7 juillet, à la levée du secret de la confession demandée par la Cour Suprême de l'Etat. La Cour avait jugé que le P. Jeff Bayhi ne pouvait pas invoquer le secret de la confession pour refuser de témoigner dans une affaire d'abus sexuel sur une jeune femme qu'il aurait supposément entendue en confession à ce sujet.
«Une doctrine fondamentale de l’Église catholique romaine pour des milliers d’années prescrit que le sceau de la confession est absolu et inviolable. Conformément à son voeux à l’Eglise, le prêtre ne peut pas le briser. Il n’est pas non plus autorisé à déclarer que quelqu’un est allé se confesser à lui. Si nécessaire, le prêtre peut aller jusqu’à subir une condamnation pour outrage à un tribunal civil et subir l’emprisonnement plutôt que de violer son devoir sacré et de violer le secret de la confession et de son devoir à l’égard du pénitent.» explique le diocèse dans son communiqué.
Est-ce de la protection de criminels ? Peut-être, selon le SNAP Network (réseau d'anciennes victimes d'abus sexuels par des prêtres), qui a réagit à la décision en expliquant «nous avons souvent vu des officiels de l'Eglise catholique clamer faussement que les conversations qu'ils avaient eu à propos d'abus sexuels avaient eu lieu durant des confessions. De cette façon ils pouvaient cacher la vérité à la police, aux juges, aux parents et aux paroissiens. Nous espérons que ce n'est pas de cela dont il s'agit ici.»
Que dit exactement l'Eglise catholique à ce sujet ? Le code canonique est très clair quant à l'inviolabilité du secret confessionnel, expliquions-nous il y a quelques année : "Le secret sacramentel est inviolable, c'est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d'une autre manière, et pour quelque cause que ce soit (Droit canon, n° 983 § 1) ». Le prêtre dénonciateur encourt la peine d'excommunication.
En France, expliquait alors notre journaliste, la justice reconnaît le secret de la confession en tant que "secret professionnel", à l'instar du secret médical, par exemple, et punit sa violation, sauf lorsqu'il s'agit de révéler des maltraitances et atteintes sexuelles visant des mineurs. Dans ce cas-là, le prêtre, le médecin, se retrouvent à nouveau soumis à l'obligation de tout citoyen d'alerter la justice. Une mise en porte à faux avec le droit canonique ?
En 2003, les évêques français publiaient le livret Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs et confirment : "celui qui est tenu au secret professionnel a la possibilité d'informer les autorités compétentes sans encourir la sanction prévue. Mais il n'en a pas l'obligation, la loi reconnaissant une option de conscience".
Mais le texte ajoute aussi, conscient de l'enjeu : "Le secret professionnel engage la responsabilité de celui qui le reçoit. Il ne doit pas fonctionner comme un lieu de non droit ou un échappatoire devant les responsabilités juridiques et morales de chacun. Ainsi, un prêtre qui reçoit les confidences de l'auteur d'un crime ou d'un délit doit tout mettre en oeuvre pour que celui-ci assume ses responsabilités tant à l'égard de la victime qu'à l'égard de la société, et se confie donc à la justice".