À Paris, les orthodoxes s’approprient leur nouvelle cathédrale
Héloïse Fayet, le 29/05/2017 à 15h36 Envoyer par email
Après sa rencontre avec Emmanuel Macron au château de Versailles, le président russe Vladimir Poutine devrait se rendre à la nouvelle cathédrale orthodoxe du quai Branly, à Paris. Inaugurée en octobre, celle-ci doit maintenant fidéliser ses fidèles : entre nouveaux pratiquants et changements de paroisse, un équilibre parfois difficile à trouver.
Des paroissiens assistent à l’office dans la nouvelle cathédrale de la Sainte-Trinité, Paris le 21 mai 2017.
Des paroissiens assistent à l’office dans la nouvelle cathédrale de la Sainte-Trinité, Paris le 21 mai 2017. / Matthieu ROSIER pour La Croix
L’odeur entêtante de l’encens peine à masquer celle, plus tenace, de la chaux fraîche recouvrant les murs. Mais, en ce dimanche matin, les dizaines de fidèles qui se pressent dans la nouvelle cathédrale de la Sainte-Trinité pour l’office s’en accommodent. La joie de disposer d’un lieu de culte plus grand, plus confortable et au centre de Paris, sur les bords de Seine, fait oublier les murs dénués de toute peinture et l’iconostase provisoire.
Absent lors de son inauguration le 19 octobre, Vladimir Poutine ne pouvait manquer de s’y rendre cette fois. De passage en France, et après une rencontre avec Emmanuel Macron à Versailles, le président russe achèvera son voyage diplomatique par une visite à la nouvelle cathédrale russe orthodoxe de la Sainte-Trinité à Paris. Un site d’exception qui devait symboliser le renforcement d’une amitié franco-russe sérieusement mise à mal par la crise syrienne…
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Plusieurs dizaines de fidèles font la navette entre la cathédrale et l’église rue Pétel
« Nous avons de très bons retours de la part des fidèles », assure aujourd’hui le Père Georges Sheshko, l’un des quatre prêtres qui y officient. « Il y a beaucoup plus de place, c’est plus confortable pour les sacrements ».
Françoise, une élégante sexagénaire aux origines russes dont c’est la première visite, confirme : « je trouve l’endroit magnifique, très clair et accueillant, je vais en parler autour de moi », et notamment dans son église habituelle, rue Saint-Serge. « Je suis ravie de voir un nouveau lieu de culte orthodoxe implanté dans Paris », ajoute-t-elle en essuyant une larme, avant de se frayer un chemin parmi les croyants pour embrasser une icône.
Une émotion partagée par Anastasia, jeune femme blonde au foulard fleuri, qui vient à l’office de la cathédrale « tous les dimanches » : « C’est également plus pratique pour moi car j’habite à côté », explique l’habituée, employée à la tour Eiffel. « Mais, en semaine, je continue à aller à l’église des Trois-Saints-Docteurs, rue Pétel, qui est très différente ! ».
L’église rue Pétel, qui fait partie du même diocèse de Chersonèse, dépendant du Patriarcat de Moscou, offre en effet un contraste saisissant avec cette nouvelle cathédrale. Coincée au rez-de-chaussée d’un immeuble du 15e arrondissement, petite et sombre, la salle est rapidement saturée pour les offices du dimanche, obligeant les fidèles à fréquenter d’autres églises, ou à se serrer les uns contre les autres.
Mais, contrairement à la cathédrale du Quai Branly, des offices quotidiens y sont proposés, où seuls les habitués, bien moins nombreux, peuvent alors se retrouver. « Même si je préfère désormais la cathédrale, qui fait plus’église’, je continue à venir rue Pétel car il y a une messe le soir », témoigne Elena, écharpe bleue sur de longs cheveux noirs, qui travaille dans une agence de voyages. « Il y a aussi beaucoup moins de touristes rue Pétel qu’au Quai Branly. C’est plus agréable ».
Comme Anastasia et Elena, ils sont ainsi plusieurs dizaines à faire la navette entre la cathédrale de la Sainte-Trinité et l’église rue Pétel, aux liturgies identiques - ce sont d’ailleurs les mêmes prêtres qui officient dans les deux lieux. Une tendance confirmée par le Père Georges, qui tient tout de même à relativiser le phénomène : « Notre noyau de fidèles, d’une centaine de personnes, est un mélange de plusieurs paroisses », explique le prêtre. « Certains viennent de la rue Pétel, d’autres de la rue Daru [où se trouve la grande cathédrale orthodoxe Saint-Alexandre-Nevsky, NDLR] ou de l’église Saint-Serge, rue de Crimée », détaille-t-il.
Près de huit mois après l’inauguration, il espère que ce « noyau de fidèles » se stabilisera prochainement, notamment grâce à la promesse d’offices quotidiens, mais il donne encore un peu de temps à la nouvelle cathédrale, dont les murs encore blancs devraient recevoir les premières couches de peinture à l’été 2018.
« Il faudra prévoir une année liturgique entière pour qu’une vraie communauté se crée », reconnaît-il. Le Père Georges compte également sur les autres activités organisées sur le site, comme des expositions ou des cours de langue dispensés au centre culturel, pour fédérer les fidèles et « mener une vie spirituelle et culturelle à la fois ».
Héloïse Fayet
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