«L'Évangile de la femme de Jésus» n'est pas un faux
Mis à jour à 10:11
Les scientifiques qui ont examiné un fragment controversé de papyrus dans lequel Jésus évoque sa femme ont conclu jeudi que le papyrus et l'encre utilisée étaient vraisemblablement vieux de plusieurs siècles.
Le papyrus controversé. (Photo: Keystone)
«L'Evangile de la femme de Jésus» n'est pas un faux, estiment les experts, même s'il ne faut pas forcément le prendre au pied de la lettre.
L'existence de ce fragment de la taille d'une carte postale, écrit en copte et connu sous le nom d'«Evangile de la femme de Jésus», a été rendu public en 2012. Il est considéré par certains comme un aperçu de la façon de penser des premiers chrétiens et décrit par d'autres, et notamment par le Vatican, comme un faux absurde.
Les études scientifiques menées ces deux dernières années dans plusieurs universités suggèrent que l'encre et le papyrus datent au plus du IXe siècle et que la langue et le style sont authentiques pour cette période. Les résultats des tests ont été publiés sur internet jeudi par la Harvard Theological Review.
Un papyrus ancien
«Tout cela va dans le sens d'un papyrus ancien», a déclaré Karen King, historienne à la Harvard Divinity School, lors d'une téléconférence. C'est elle qui la première a présenté le document en 2012.
Dans un des tests menés, une équipe du département de Biologie évolutive humaine de Harvard a analysé le carbone du document et situe le papyrus entre 659 et 869, ce qui le rendrait grosso modo contemporain d'un fragment de papyrus, non contesté, de l'Evangile selon Jean.
Une équipe de l'Université de Columbia a pour sa part analysé la composition chimique de l'encre qui n'a pas, dit-elle, les caractéristiques des encres modernes, mais qui est similaire à l'encre de l'Evangile de Jean.
Réfutation
La Theological Review a par ailleurs publié une réfutation de Leo Depuydt, égyptologue à la Brown University. Il dit avoir pris connaissance des résultats des tests, mais reste convaincu que le document est un faux moderne maladroitement barbouillé sur un morceau de papyrus vierge.
Le papyrus ne contient que quelques extraits de phrases d'un texte, semble-t-il plus vaste. «Jésus leur dit : 'Ma femme...'» lit-on sur un morceau tandis que d'autres lignes montrent Jésus suggérant que des femmes pourraient être ses disciples, à la différence de ce qui est affirmé dans les quatre évangiles canoniques.
Place des femmes dans l'Eglise
Karen King a dit à plusieurs reprises qu'il ne fallait pas prendre ce document comme la preuve que Jésus était marié. Le texte montre plutôt, dit-elle, comment les chrétiens anciens discutaient de la place des femmes et du rôle du mariage dans l'Eglise.
Pour elle, on peut continuer la phrase «Ma femme» de plusieurs façons. Jésus pourrait ainsi expliquer que sa femme est l'Eglise, ou alors lancer: «Ma femme ? Vous plaisantez ! Je n'ai pas de femme !»
(ats)
La tribune de Genéve.
Mis à jour à 10:11
Les scientifiques qui ont examiné un fragment controversé de papyrus dans lequel Jésus évoque sa femme ont conclu jeudi que le papyrus et l'encre utilisée étaient vraisemblablement vieux de plusieurs siècles.
Le papyrus controversé. (Photo: Keystone)
«L'Evangile de la femme de Jésus» n'est pas un faux, estiment les experts, même s'il ne faut pas forcément le prendre au pied de la lettre.
L'existence de ce fragment de la taille d'une carte postale, écrit en copte et connu sous le nom d'«Evangile de la femme de Jésus», a été rendu public en 2012. Il est considéré par certains comme un aperçu de la façon de penser des premiers chrétiens et décrit par d'autres, et notamment par le Vatican, comme un faux absurde.
Les études scientifiques menées ces deux dernières années dans plusieurs universités suggèrent que l'encre et le papyrus datent au plus du IXe siècle et que la langue et le style sont authentiques pour cette période. Les résultats des tests ont été publiés sur internet jeudi par la Harvard Theological Review.
Un papyrus ancien
«Tout cela va dans le sens d'un papyrus ancien», a déclaré Karen King, historienne à la Harvard Divinity School, lors d'une téléconférence. C'est elle qui la première a présenté le document en 2012.
Dans un des tests menés, une équipe du département de Biologie évolutive humaine de Harvard a analysé le carbone du document et situe le papyrus entre 659 et 869, ce qui le rendrait grosso modo contemporain d'un fragment de papyrus, non contesté, de l'Evangile selon Jean.
Une équipe de l'Université de Columbia a pour sa part analysé la composition chimique de l'encre qui n'a pas, dit-elle, les caractéristiques des encres modernes, mais qui est similaire à l'encre de l'Evangile de Jean.
Réfutation
La Theological Review a par ailleurs publié une réfutation de Leo Depuydt, égyptologue à la Brown University. Il dit avoir pris connaissance des résultats des tests, mais reste convaincu que le document est un faux moderne maladroitement barbouillé sur un morceau de papyrus vierge.
Le papyrus ne contient que quelques extraits de phrases d'un texte, semble-t-il plus vaste. «Jésus leur dit : 'Ma femme...'» lit-on sur un morceau tandis que d'autres lignes montrent Jésus suggérant que des femmes pourraient être ses disciples, à la différence de ce qui est affirmé dans les quatre évangiles canoniques.
Place des femmes dans l'Eglise
Karen King a dit à plusieurs reprises qu'il ne fallait pas prendre ce document comme la preuve que Jésus était marié. Le texte montre plutôt, dit-elle, comment les chrétiens anciens discutaient de la place des femmes et du rôle du mariage dans l'Eglise.
Pour elle, on peut continuer la phrase «Ma femme» de plusieurs façons. Jésus pourrait ainsi expliquer que sa femme est l'Eglise, ou alors lancer: «Ma femme ? Vous plaisantez ! Je n'ai pas de femme !»
(ats)
La tribune de Genéve.