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L'unitarisme en tant que courant et son histoire
L'unitarisme (ou unitarianisme) est un courant chrétien présent dans de nombreuses églises.
Il s'agit également du nom sous lequel se présentent certaines églises liées historiquement mais présentant des caractéristiques différentes.
Le judaïsme et l'islam sont aussi des religions unitarianistes.
L'unitarisme est une opposition au sein du monothéisme à la croyance en un Dieu trin (composé de trois personnes distinctes ne formant qu'un seul Dieu) appelée généralement "Sainte Trinité".
La première église à être ouvertement unitarienne depuis l'acceptation universelle de la Trinité fut l'Unité des Frères Moraves dans l'actuelle Tchéquie vers 1440.
Voir : http://libertedecroyance.blogspot.com/2009/10/lunite-des-freres-moraves.html
Mais c'est à l'aube du 16ème siècle que l'unitarisme prend vraiment son essor durant la Réforme protestante initiée par le mouvement humaniste.
Ainsi la Trinité commence à être remise en question à la fois au sein du catholicisme, avec Érasme notamment, et plus généralement chez les anabaptistes tels Martin Cellarius, Hans Denck, Michael Sattler ou Jacop Kautz.
Celui qui mettra réellement le feu aux poudres sera l'étudiant espagnol Michel Servet en publiant en 1531 un livre essentiellement opposé à la Trinité intitulé "De Trinitatis erroribus" (il est généralement considéré comme le premier Unitarien).
L'unitarisme est donc au 16ème siècle un anti-trinitarisme encore essentiellement "évangélique".
Les idées de Servet vont s'exporter rapidement en Italie, en Transylvanie, en Pologne et aux Pays-Bas.
La vague unitarienne sera également une opposition au calvinisme, les Remonstants en Hollande en seront les principaux acteurs.
La Transylvanie (entre Hongrie et Roumanie actuelles) verra la naissance de la première église unitarienne pendant qu'en Pologne s'organise une petite église (l'Ecclesia Minor) d'inspiration unitarienne autour de Lelio Socin et surtout de son neveu Faust.
Après la rencontre de ces deux églises les idées de Socin s'exportent aux Pays-Bas puis en Angleterre.
C'est le départ d'un unitarisme plus libéral souvent appelé "socinianisme".
Parmi les unitariens anglo-saxons les plus célèbres citons John Biddle, Isaac Newton, Joseph Priestley ou Thomas Jefferson, notons cependant que tous n'avaient le même regard sur la Bible, Newton par exemple la considérait comme totalement inspirée alors que pour Jefferson elle était truffée de récits fantaisistes.
Il produisit un diatessaron des évangiles intitulé "The life and morals of Jesus of Nazareth" amputé de tout caractère miraculeux.
L'unitarisme aujourd'hui
L'unitarisme est toujours un courant présent dans une certains nombres d'églises de types évangéliques dont certaines d'entre elles sont officiellement unitarienne.
Les sociologues appellent souvent ce courant l'"unitarisme évangélique" (ou bibliciste) en opposition avec l'"unitarisme libéral".
Les Témoins de Jéhovah (et plusieurs mouvements issus de cette église), les Christadelphes ou les Églises Chrétiennes de Dieu par exemple sont autant de mouvements évangéliques unitariens.
Il est également présent au sein de plusieurs autres églises sans que celles-ci soient officiellement unitarienne, dans des églises de type adventistes-sabbatiques par exemple.
Les églises libérales tolèrent également l'unitarisme, c'est le cas de l'Église Réformée de France.
La différence notoire entre l'unitarisme évangélique et l'unitarisme libéral réside dans l'importance que le premier accorde à la Bible, "sola scriptura", c'est à dire totalement inspirée et seule référence en matière de foi, alors que le second se base sur une lecture symbolique et critique de la Bible, se veut universaliste de part la place qu'occupe l'ensemble des textes sacrés des grandes religions monothéistes dans son culte et se réfère avant les texte à l'usage de la raison (philanthropie).
Certains chrétiens unitariens libéraux vont même jusqu'à s'ouvrir aux religions reconnaissant des divinités transcendantes, comme c'est le cas dans l'hindouisme avec la triade Brahma, Vishnu, Shiva, ou aux religions de type agnostique comme le bouddhisme.
C'est un paradoxe puisque l'unitarisme est à l'origine une opposition à la doctrine Trinitaire.
L'unitarisme en tant que mouvement
Venons-en à l'unitarisme proprement dit à savoir les églises portant le nom d'unitarienne.
On distingue les Eglises Unitariennes historiquement rattachées à la première née en Transylvanie et qui existe toujours.
Ces églises ont fleuries en Angleterre et surtout aux États-unis, elles se distinguent par leur symbole, un calice à la flamme.
La plupart d'entre-elles sont libérales, c'est à dire plutôt de tradition socinienne.
En France ce mouvement est représenté par deux principales associations : La Fraternité Unitarienne de Nancy, à l'identité très protestante, et l'Assemblée Fraternelle des Chrétiens Unitariens, plus ouverte aux autres églises et religions, principalement aux catholiques libéraux des Réseaux du parvis, au judaïsme et à l'islam.
Notons au passage que depuis leur origine on rencontre de nombreux franc-maçons au sein de l'unitarisme libéral, c'est toujours le cas de nos jours.
Au sein de l'unitarisme libéral certains sont cependant de tendance évangélique.
Il existerait en Amérique une Église Unitarienne de type évangélique dont les membres se présenteraient en tant qu'unitariens traditionalistes.
Unitarisme et Universalisme
Il convient de différencier les Eglises Unitariennes de l'Eglise Unitarienne-Universaliste, mouvement dont le diminutif est UUisme.
Cette dernière est le résultat de la fusion aux USA en 1961 de l’Association Unitarienne Américaine et de l’Eglise Universaliste.
Les UU, selon la dénomination populaire, ne se considèrent plus comme chrétiens mais sont totalement universalistes.
Il s'agit d'une assemblée fraternelle libre et œcuménique composées d'hommes et de femmes de sensibilités spirituelles diverses.
Voilà, j'espère avoir été assez lisible et surtout d'une quelconque utilité.
Fabien