Les Témoins de Jéhovah en France depuis un siècle
1925
Une cinquantaine de prêtres et de membres de l’Action catholique empèche le juge Rutherford de prononcer un discours à Paris.
Visite de Rutherford à Paris en mai 1925. Il est prévu qu’il donne le discours “Le clergé démasqué” au palais du Trocadéro. Des Témoins du Nord viennent à Paris afin d’aider les Témoins locaux à annoncer le discours en distribuant des feuilles d'invitation. Le clergé use de pression sur la police pour qu’elle mit un terme à l’activité dans les rues. Quelques Témoins sont arrêtés. Environ 2 000 personnes répondent à l’invitation et viennent au discours. Rutherford commençet à peine à parler qu’une cinquantaine de prêtres et de membres de l’Action catholique, armés de bâtons, se ruent dans la salle en chantant la Marseillaise. Rutherford doit quitter l’estrade à trois reprises. Les perturbateurs crient: ‘S’il est juge, qu’il aille juger les Américains!’. La réunion est annulée.
1932-1935
La France contraint des témoins de Jéhovah étrangers à quitter le territoire (polonais, suisses).
1934
Le ministère de l’Intérieur promulgue un décret qui prévoit l’expulsion de tous les missionnaires étrangers associés à la Watch Tower.
L’ordre est exécuté par Pierre Laval (qui plus tard sera jugé et fusillé pour avoir trahi son pays au cours de la Deuxième Guerre mondiale). En divers lieux, des communautés entières de ces chrétiens reçoivent l’ordre de quitter la France dans les 48 heures.
280 polonais qui étaient devenus Témoins en France se voient privés de leur emploi et se retrouvent sans moyen de subsistance et sans argent pour retourner dans leur pays natal. Le gouvernement français expulse aussi les citoyens allemands et anglais qui étaient engagés dans le service de missionnaire.
1935
À Paris, des prêtres polonais brûlent publiquement des publications devant les églises.
Ailleurs, ils apposent des affiches sur les portes des églises et des écoles, mettant les gens en garde contre l’achat des ouvrages des Témoins de Jéhovah.
1939
L’organisation des Témoins de Jéhovah est interdite en France
Perquisition au Béthel (siège national des Témoins de Jéhovah) d’Enghien-les-Bains.
1939-1940
Les autorités françaises arrêtent plusieurs Témoins polonais qui sont internés au camp du Vernet puis dans des camps de concentration nazis.
On les bat parce qu’ils refusent de saluer le drapeau, et l’un d’eux meurt. Nombre de ces Témoins finissent dans des camps de concentration nazis.
1947
L’organisation des Témoins de Jéhovah est de nouveau reconnue.
En automne 1946, les Témoins multiplient les démarches pour contacter les fonctionnaires des différentes administrations de l’État qui étaient responsables de cette situation ou qui s’opposaient à la reconnaissance de l’oeuvre. Toutefois, en 1947, la situation est confuse au sein du gouvernement français. C’est alors que les Témoins apprennent que Léon Blum, l’un des fondateurs du parti socialiste français et du journal Le Populaire, avait été en captivité avec des Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration nazis et qu’il admirait leur attitude. Bien que retiré de la scène politique, Léon Blum était l’un des hommes d’État les plus respectés. Quelques jours plus tard, Léon Blum leur confirme par lettre être disposé à leur venir en aide. Il leur précise d’ailleurs qu’il avait déjà écrit au gouvernement pour lui recommander de lever l’interdiction qui frappait l'oeuvre. - Lettre du 21 avril 1947
C’est ainsi que le 1er septembre 1947, l’oeuvre des Témoins de Jéhovah est de nouveau reconnue.
1952
La Tour de Garde est interdite.
Ayant pris avis des services de sécurité de la police, le ministre de l’Intérieur interdit la diffusion de La Tour de Garde en France et dans les territoires français. La raison de cette interdiction? La Tour de Garde, prétend-on, incite les jeunes gens à refuser d’accomplir leur service militaire. Mais certains journaux français expriment l’idée que ce n’était là qu’un prétexte, la raison véritable étant que les articles de La Tour de Garde dévoilent la duplicité de l’Église catholique.
Refus d’accomplir le service militaire : de lourdes peines de prison.
Aucune loi française n’accordant l’exemption du service militaire aux ministres du culte, quelques jeunes Témoins étaient emprisonnés depuis près de 10 ans. Le général de Gaulle, de retour au pouvoir, fait libérer ceux qui étaient en prison depuis 5 ans et plus. Par la suite, son gouvernement ramene la peine de prison à deux fois la durée légale du service militaire obligatoire.
1959
L’association est acquittée de l'inculpation "d'incitation des jeunes à refuser le service militaire".
Le 2 juillet 1957, Léopold Jontès, responsable pour la France, fût cité devant un juge d’instruction. On l’accuse d’inciter les jeunes gens à refuser d’accomplir leur service militaire, accusation susceptible de le mener en prison et de voir l’association française interdite. L’enquête judiciaire se poursuivit en 1957 et 1958. L’affaire est jugée le 16 février 1959 et le 2 mars 1959, l’association est acquittée. Le procureur de la République ayant interjeté appel de ce jugement, l’affaire est présentée à la 11e chambre, le 20 mai 1959 qui rend son arrêt: non coupable.
1969, 1973
Des congrès à Paris reçoivent un bon écho dans la presse avec des articles objectifs et plutôt favorables.
L’événement marquant de 1969 fut l’assemblée internationale “Paix sur la terre” qui se déroule au stade de Colombes. Le dimanche, 47 480 personnes écoutent le discours public intitulé “Une paix de mille ans est proche". 3 619 personnes se font baptiser.
Cette augmentation du nombre des Témoins de Jéhovah se révéle un sujet de préoccupation pour le clergé, comme l’atteste ce commentaire extrait du France-Soir du 6 août 1969: “Plus que leurs spectaculaires moyens de diffusion, c’est le prosélytisme des Témoins de Jéhovah qui inquiète les clergés des autres religions; chaque Témoin de Jéhovah se doit en effet de “témoigner” sa foi en faisant du ‘porte-à-porte biblique’, et en travaillant suivant les consignes de l’organisation. (...) La doctrine des Témoins de Jéhovah s’appuie sur la Bible (...). Ils croient en un Dieu (Jéhovah), rejettent la Sainte-Trinité, nient l’immortalité de l’âme, l’existence de l’enfer et du purgatoire.”
1975
Après 22 ans d’interdiction, la Tour de Garde reparaît.
1980-
Dans années 80, avec l'émergence d'un mouvement anti-sectes, le ton changera et les articles de presse mensongers et calomniateurs abonderont.
1925
Une cinquantaine de prêtres et de membres de l’Action catholique empèche le juge Rutherford de prononcer un discours à Paris.
Visite de Rutherford à Paris en mai 1925. Il est prévu qu’il donne le discours “Le clergé démasqué” au palais du Trocadéro. Des Témoins du Nord viennent à Paris afin d’aider les Témoins locaux à annoncer le discours en distribuant des feuilles d'invitation. Le clergé use de pression sur la police pour qu’elle mit un terme à l’activité dans les rues. Quelques Témoins sont arrêtés. Environ 2 000 personnes répondent à l’invitation et viennent au discours. Rutherford commençet à peine à parler qu’une cinquantaine de prêtres et de membres de l’Action catholique, armés de bâtons, se ruent dans la salle en chantant la Marseillaise. Rutherford doit quitter l’estrade à trois reprises. Les perturbateurs crient: ‘S’il est juge, qu’il aille juger les Américains!’. La réunion est annulée.
1932-1935
La France contraint des témoins de Jéhovah étrangers à quitter le territoire (polonais, suisses).
1934
Le ministère de l’Intérieur promulgue un décret qui prévoit l’expulsion de tous les missionnaires étrangers associés à la Watch Tower.
L’ordre est exécuté par Pierre Laval (qui plus tard sera jugé et fusillé pour avoir trahi son pays au cours de la Deuxième Guerre mondiale). En divers lieux, des communautés entières de ces chrétiens reçoivent l’ordre de quitter la France dans les 48 heures.
280 polonais qui étaient devenus Témoins en France se voient privés de leur emploi et se retrouvent sans moyen de subsistance et sans argent pour retourner dans leur pays natal. Le gouvernement français expulse aussi les citoyens allemands et anglais qui étaient engagés dans le service de missionnaire.
1935
À Paris, des prêtres polonais brûlent publiquement des publications devant les églises.
Ailleurs, ils apposent des affiches sur les portes des églises et des écoles, mettant les gens en garde contre l’achat des ouvrages des Témoins de Jéhovah.
1939
L’organisation des Témoins de Jéhovah est interdite en France
Perquisition au Béthel (siège national des Témoins de Jéhovah) d’Enghien-les-Bains.
1939-1940
Les autorités françaises arrêtent plusieurs Témoins polonais qui sont internés au camp du Vernet puis dans des camps de concentration nazis.
On les bat parce qu’ils refusent de saluer le drapeau, et l’un d’eux meurt. Nombre de ces Témoins finissent dans des camps de concentration nazis.
1947
L’organisation des Témoins de Jéhovah est de nouveau reconnue.
En automne 1946, les Témoins multiplient les démarches pour contacter les fonctionnaires des différentes administrations de l’État qui étaient responsables de cette situation ou qui s’opposaient à la reconnaissance de l’oeuvre. Toutefois, en 1947, la situation est confuse au sein du gouvernement français. C’est alors que les Témoins apprennent que Léon Blum, l’un des fondateurs du parti socialiste français et du journal Le Populaire, avait été en captivité avec des Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration nazis et qu’il admirait leur attitude. Bien que retiré de la scène politique, Léon Blum était l’un des hommes d’État les plus respectés. Quelques jours plus tard, Léon Blum leur confirme par lettre être disposé à leur venir en aide. Il leur précise d’ailleurs qu’il avait déjà écrit au gouvernement pour lui recommander de lever l’interdiction qui frappait l'oeuvre. - Lettre du 21 avril 1947
C’est ainsi que le 1er septembre 1947, l’oeuvre des Témoins de Jéhovah est de nouveau reconnue.
1952
La Tour de Garde est interdite.
Ayant pris avis des services de sécurité de la police, le ministre de l’Intérieur interdit la diffusion de La Tour de Garde en France et dans les territoires français. La raison de cette interdiction? La Tour de Garde, prétend-on, incite les jeunes gens à refuser d’accomplir leur service militaire. Mais certains journaux français expriment l’idée que ce n’était là qu’un prétexte, la raison véritable étant que les articles de La Tour de Garde dévoilent la duplicité de l’Église catholique.
Refus d’accomplir le service militaire : de lourdes peines de prison.
Aucune loi française n’accordant l’exemption du service militaire aux ministres du culte, quelques jeunes Témoins étaient emprisonnés depuis près de 10 ans. Le général de Gaulle, de retour au pouvoir, fait libérer ceux qui étaient en prison depuis 5 ans et plus. Par la suite, son gouvernement ramene la peine de prison à deux fois la durée légale du service militaire obligatoire.
1959
L’association est acquittée de l'inculpation "d'incitation des jeunes à refuser le service militaire".
Le 2 juillet 1957, Léopold Jontès, responsable pour la France, fût cité devant un juge d’instruction. On l’accuse d’inciter les jeunes gens à refuser d’accomplir leur service militaire, accusation susceptible de le mener en prison et de voir l’association française interdite. L’enquête judiciaire se poursuivit en 1957 et 1958. L’affaire est jugée le 16 février 1959 et le 2 mars 1959, l’association est acquittée. Le procureur de la République ayant interjeté appel de ce jugement, l’affaire est présentée à la 11e chambre, le 20 mai 1959 qui rend son arrêt: non coupable.
1969, 1973
Des congrès à Paris reçoivent un bon écho dans la presse avec des articles objectifs et plutôt favorables.
L’événement marquant de 1969 fut l’assemblée internationale “Paix sur la terre” qui se déroule au stade de Colombes. Le dimanche, 47 480 personnes écoutent le discours public intitulé “Une paix de mille ans est proche". 3 619 personnes se font baptiser.
Cette augmentation du nombre des Témoins de Jéhovah se révéle un sujet de préoccupation pour le clergé, comme l’atteste ce commentaire extrait du France-Soir du 6 août 1969: “Plus que leurs spectaculaires moyens de diffusion, c’est le prosélytisme des Témoins de Jéhovah qui inquiète les clergés des autres religions; chaque Témoin de Jéhovah se doit en effet de “témoigner” sa foi en faisant du ‘porte-à-porte biblique’, et en travaillant suivant les consignes de l’organisation. (...) La doctrine des Témoins de Jéhovah s’appuie sur la Bible (...). Ils croient en un Dieu (Jéhovah), rejettent la Sainte-Trinité, nient l’immortalité de l’âme, l’existence de l’enfer et du purgatoire.”
1975
Après 22 ans d’interdiction, la Tour de Garde reparaît.
1980-
Dans années 80, avec l'émergence d'un mouvement anti-sectes, le ton changera et les articles de presse mensongers et calomniateurs abonderont.