Serge Moati chez les évangélistes
Fabien Trécourt - publié le 26/04/2013
Dans un documentaire diffusé mardi 30 avril à 20h35 sur France 5, Serge Moati est allé à la rencontre des nouveaux convertis et des organisations pentecôtistes.
Des prêches à la James Brown, des scènes de transe et des baptêmes par immersion complète… Bienvenue chez les évangélistes ! La scène ne se déroule pas aux Etats-Unis, mais en France, comme en témoigne le documentaire de Serge Moati et Alice Cohen, Mes questions sur… les nouvelles églises évangéliques, diffusé mardi 30 avril sur France 5. Ce film plonge le spectateur au cœur des prêches et de la vie communautaire, et va même plus loin : comment vivent ces croyants ? Quel regard portent-ils sur eux-mêmes et le monde qui les entoure ?
L’équipe de Serge Moati les accompagne dans les églises, les centres d’accueil et les terrains de foot, où de jeunes convertis passent la balle aux nouveaux venus. C’est l’un des points forts de ce film : dévoiler le silencieux travail de terrain des évangélistes, dans la rue, par téléphone ou sur internet. Caméra en main, les journalistes s’effacent pour mieux capter des moments de vérité. Cela donne lieu à des scènes étonnantes, comme lorsque les pasteurs répondent aux questions de « brebis égarées » par téléphone : un homme a un problème de chute des cheveux, ils prient. Une femme éructe lorsqu’elle se confesse, ils prient. Un chômeur voudrait retrouver un emploi, ils prient. La prière répond à tout, comme si la liberté et la rationalité ne pesaient rien face à la « volonté divine ».
« Évangéliser, c’est l’ADN des évangéliques », poursuit Serge Moati. Les fidèles abordent les passants dans la rue pour leur porter la « bonne parole », et invitent des sans abris à se réchauffer dans les églises. Des pasteurs fondent sur la jeunesse déshéritée de France, pour leur expliquer que « la solution, c’est Jésus ». Un ancien musulman reconverti organise des débats avec toutes les tendances de l’islam, « y compris les salafistes », afin d’en rallier le plus possible à sa cause. La fin du monde est proche, pensent-ils tous, il faut « sauver » le plus de monde possible. Paradoxalement, eux sont optimistes : Alice Cohen et Serge Moati ont su saisir et transmettre cet enthousiasme, notamment lorsqu’ils filment les scènes de gospel.
Pour les évangélistes, la terre est le théâtre d’une lutte acharnée entre le bien et le mal, et trop d’âmes seraient égarées du mauvais côté. Ils sont contre les relations sexuelles hors mariage, l’avortement, la famille recomposée, l’émancipation féminine, l’homosexualité et le reste… Contre tout ce qui ne correspondrait pas au « plan originel de Dieu » en fait. « Nous n’inventons aucun pêché », affirme même l’un d’eux, tout serait dans la bible. Serge Moati, fidèle à sa conception d’un journalisme empathique, ne fait aucune objection, s’efforçant de dévoiler la cohérence interne de ces propos et de les resituer dans une vision du monde.
Même si un pasteur prétend avoir ressuscité un mort, juge que l’islam peut être un danger pour la société française ou enjoint un jeune homme de « vomir son homosexualité », il se garde de tout commentaire, évite de juger pour mieux tâcher de comprendre. Cette méthode d’investigation lui avait d’ailleurs été reprochée, lorsqu’il était l’un des rares journalistes à interviewer Jean-Marie Le Pen comme n’importe quel homme politique. Elle lui permet pourtant, cette fois encore, de recueillir ces paroles drues et crues, mais également d’autres plus inattendues, et de révéler quelque chose d’inédit sur l’évangélisme français.
http://www.lemondedesreligions.fr/culture/serge-moati-chez-les-evangelistes-26-04-2013-3101_112.php
Fabien Trécourt - publié le 26/04/2013
Dans un documentaire diffusé mardi 30 avril à 20h35 sur France 5, Serge Moati est allé à la rencontre des nouveaux convertis et des organisations pentecôtistes.
Des prêches à la James Brown, des scènes de transe et des baptêmes par immersion complète… Bienvenue chez les évangélistes ! La scène ne se déroule pas aux Etats-Unis, mais en France, comme en témoigne le documentaire de Serge Moati et Alice Cohen, Mes questions sur… les nouvelles églises évangéliques, diffusé mardi 30 avril sur France 5. Ce film plonge le spectateur au cœur des prêches et de la vie communautaire, et va même plus loin : comment vivent ces croyants ? Quel regard portent-ils sur eux-mêmes et le monde qui les entoure ?
L’équipe de Serge Moati les accompagne dans les églises, les centres d’accueil et les terrains de foot, où de jeunes convertis passent la balle aux nouveaux venus. C’est l’un des points forts de ce film : dévoiler le silencieux travail de terrain des évangélistes, dans la rue, par téléphone ou sur internet. Caméra en main, les journalistes s’effacent pour mieux capter des moments de vérité. Cela donne lieu à des scènes étonnantes, comme lorsque les pasteurs répondent aux questions de « brebis égarées » par téléphone : un homme a un problème de chute des cheveux, ils prient. Une femme éructe lorsqu’elle se confesse, ils prient. Un chômeur voudrait retrouver un emploi, ils prient. La prière répond à tout, comme si la liberté et la rationalité ne pesaient rien face à la « volonté divine ».
« Évangéliser, c’est l’ADN des évangéliques », poursuit Serge Moati. Les fidèles abordent les passants dans la rue pour leur porter la « bonne parole », et invitent des sans abris à se réchauffer dans les églises. Des pasteurs fondent sur la jeunesse déshéritée de France, pour leur expliquer que « la solution, c’est Jésus ». Un ancien musulman reconverti organise des débats avec toutes les tendances de l’islam, « y compris les salafistes », afin d’en rallier le plus possible à sa cause. La fin du monde est proche, pensent-ils tous, il faut « sauver » le plus de monde possible. Paradoxalement, eux sont optimistes : Alice Cohen et Serge Moati ont su saisir et transmettre cet enthousiasme, notamment lorsqu’ils filment les scènes de gospel.
Pour les évangélistes, la terre est le théâtre d’une lutte acharnée entre le bien et le mal, et trop d’âmes seraient égarées du mauvais côté. Ils sont contre les relations sexuelles hors mariage, l’avortement, la famille recomposée, l’émancipation féminine, l’homosexualité et le reste… Contre tout ce qui ne correspondrait pas au « plan originel de Dieu » en fait. « Nous n’inventons aucun pêché », affirme même l’un d’eux, tout serait dans la bible. Serge Moati, fidèle à sa conception d’un journalisme empathique, ne fait aucune objection, s’efforçant de dévoiler la cohérence interne de ces propos et de les resituer dans une vision du monde.
Même si un pasteur prétend avoir ressuscité un mort, juge que l’islam peut être un danger pour la société française ou enjoint un jeune homme de « vomir son homosexualité », il se garde de tout commentaire, évite de juger pour mieux tâcher de comprendre. Cette méthode d’investigation lui avait d’ailleurs été reprochée, lorsqu’il était l’un des rares journalistes à interviewer Jean-Marie Le Pen comme n’importe quel homme politique. Elle lui permet pourtant, cette fois encore, de recueillir ces paroles drues et crues, mais également d’autres plus inattendues, et de révéler quelque chose d’inédit sur l’évangélisme français.
http://www.lemondedesreligions.fr/culture/serge-moati-chez-les-evangelistes-26-04-2013-3101_112.php