Les protestants algériens, reconnus mais soupçonnés
Natalia Trouiller - publié le 22/11/2012
Si l'Eglise protestante d'Algérie fait bien partie depuis l'an dernier des cultes officiellement reconnus par l'Etat algérien, la méfiance des autorités politiques et musulmanes est toujours grande envers ces chrétiens à la réputation de zélés prosélytes.
En juillet 2011, la nouvelle avait réjoui tous les chrétiens d'Algérie et tous ceux qui, dans le pays et au-delà, avaient à coeur les valeurs de fraternité et d'égalité: l'EPA, Eglise protestante d'Algérie, qui regroupe 25 Eglises réformées, luthériennes et évangéliques avait reçu la reconnaissance officielle du ministère de l'intérieur. Une reconnaissance après plus de quarante ans d'existence, interprétée comme un signe de détente d'un pouvoir algérien qui avait pourtant interdit sept églises évangéliques dans l'année précédente.
> Mais malgré cette reconnaissance officielle, qui met théoriquement les protestants algériens à l'abri des tracasseries administratives en ce qui concerne notamment les lieux de culte, la situation reste précaire. D'abord parce que les protestants ont une solide (et injuste) réputation d'être la cinquième colonne de l'impérialisme américain, ensuite parce que le développement rapide de petites structures de croyants en Kabylie notamment leur a attiré de solides inimitiés dans un peuple algérien pour qui l'identité nationale se confond souvent avec l'identité religieuse.
> Ensuite parce que l'islam reste religion d'Etat, et que la loi de 2006 sur le prosélytisme est toujours en vigueur. Adoptée alors que l'Algérie sortait des années de plomb du terrorisme islamiste, cette loi prévoit prison et amendes pour "toute personne qui incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion". Une formulation vague, qui ouvre la porte à bien des abus, dont Karim Siaghi est aujourd'hui le symbole.
> Converti au protestantisme en 2006, ce jeune homme de 30 ans a été arrêté en avril 2011 en vertu de cette loi. Un ancien voisin l'accusait en effet d'avoir donné un CD d'évangélisation à un habitant du quartier. En mai, il avait été condamné en première instance à 5 ans de prison ferme et 2.000 euros d'amende. Il a été ensuite reconvoqué à deux reprises devant les juges, sans que ceux-ci ne trouvent matière à poursuivre. Mais au lieu de le relaxer, c'est un "supplément d'information" que le tribunal a requis. Karim a donc été confronté, pour la première fois depuis le début de l'affaire, à son accusateur le 19 novembre dernier. Il attend toujours la date de son procès en appel.
Natalia Trouiller - publié le 22/11/2012
Si l'Eglise protestante d'Algérie fait bien partie depuis l'an dernier des cultes officiellement reconnus par l'Etat algérien, la méfiance des autorités politiques et musulmanes est toujours grande envers ces chrétiens à la réputation de zélés prosélytes.
En juillet 2011, la nouvelle avait réjoui tous les chrétiens d'Algérie et tous ceux qui, dans le pays et au-delà, avaient à coeur les valeurs de fraternité et d'égalité: l'EPA, Eglise protestante d'Algérie, qui regroupe 25 Eglises réformées, luthériennes et évangéliques avait reçu la reconnaissance officielle du ministère de l'intérieur. Une reconnaissance après plus de quarante ans d'existence, interprétée comme un signe de détente d'un pouvoir algérien qui avait pourtant interdit sept églises évangéliques dans l'année précédente.
> Mais malgré cette reconnaissance officielle, qui met théoriquement les protestants algériens à l'abri des tracasseries administratives en ce qui concerne notamment les lieux de culte, la situation reste précaire. D'abord parce que les protestants ont une solide (et injuste) réputation d'être la cinquième colonne de l'impérialisme américain, ensuite parce que le développement rapide de petites structures de croyants en Kabylie notamment leur a attiré de solides inimitiés dans un peuple algérien pour qui l'identité nationale se confond souvent avec l'identité religieuse.
> Ensuite parce que l'islam reste religion d'Etat, et que la loi de 2006 sur le prosélytisme est toujours en vigueur. Adoptée alors que l'Algérie sortait des années de plomb du terrorisme islamiste, cette loi prévoit prison et amendes pour "toute personne qui incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion". Une formulation vague, qui ouvre la porte à bien des abus, dont Karim Siaghi est aujourd'hui le symbole.
> Converti au protestantisme en 2006, ce jeune homme de 30 ans a été arrêté en avril 2011 en vertu de cette loi. Un ancien voisin l'accusait en effet d'avoir donné un CD d'évangélisation à un habitant du quartier. En mai, il avait été condamné en première instance à 5 ans de prison ferme et 2.000 euros d'amende. Il a été ensuite reconvoqué à deux reprises devant les juges, sans que ceux-ci ne trouvent matière à poursuivre. Mais au lieu de le relaxer, c'est un "supplément d'information" que le tribunal a requis. Karim a donc été confronté, pour la première fois depuis le début de l'affaire, à son accusateur le 19 novembre dernier. Il attend toujours la date de son procès en appel.